Big Bang, Yoshitaka Amano pour Final Fantasy XV (2016)
Big Bang, Yoshitaka Amano pour Final Fantasy XV (2016)

Une vision conceptuelle du monde d’Eos et de l’aventure du prince Noctis par Yoshitaka Amano.

Cette impressionnante peinture fait partie des rares commandes passées au seul dénominateur commun de tous les Final Fantasy principaux, Yoshitaka Amano, pour le quinzième épisode. Plus précisément, en dehors de la variante du logo du jeu, ses œuvres ont en réalité été pensées à l’origine pour Final Fantasy Versus XIII ou plus largement une version embryonnaire de FFXV. Si Big Bang a été révélée en grande pompe en 2016 lors de l’événement Uncovered, Amano, prestigieux invité alors, avait révélé qu’il l’avait réalisée il y a une dizaine d’années.

Description

L’oeuvre représente à la fois la création du monde et l’aventure de FFXV, faite de rencontres entre forces malveillantes et divinités gardiennes. La partie gauche expose donc le départ du prince héritier et de sa garde rapprochée à bord de la Regalia, qui symbolise la présence du père, la transmission de la couronne et le début de règne du malheureux prince. La troupe quitte Insomnia dont la Citadelle, le palais royal, est mise en évidence devant une Lune imposante. Cette lune, c’est autant un clin d’oeil à la « ville qui ne dort jamais » qu’au fléau qui guette un monde menacé par une nuit éternelle…

La partie droite met en valeur les Astraux, les divinités responsables d’Eos. On distingue sous des formes plus ou moins stylisées Ifrit, Titan, Léviathan, Shiva, Bahamut et avec beaucoup d’imagination Ramuh (le chevalier avec sa lance évoque de prime abord Odin, mais ce dernier étant absent de la mythologie de FFXV, on peut en déduire que le juste chevalier correspond au Foudroyeur et sa lance équine).

Pour aller plus loin

Le grand nombre de créatures rend un discernement précis délicat. Si on recense la présence de bombos, d’une arachné, d’un wendigo, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une peinture plus conceptuelle qu’autre chose. Si certaines des créatures peintes sont bien présentes dans FFXV, d’autres ne le sont pas et constituent un atout mystère plus qu’autre chose.

On pourrait, à condition de faire l’impasse sur le fait que la peinture a été commandée alors que le scénario n’était à la fois pas le même que dans le jeu définitif, et donc encore moins terminé au moment de la conception, imaginer que parmi les divinités se trouvent les fameux Messagers. Au nombre de vingt-quatre, ces émissaires du ciel apportent la parole des dieux aux hommes. Cependant, si on en connaît un certain nombre (Gentiana, Umbra, Pryna, Carbuncle, Garuda), il est difficile d’affirmer que l’un d’entre eux est représenté ici.

Nous savons de source sûre (via Roberto Ferrari, l’un des concepteurs des personnages du jeu) que Gentiana et Umbra n’avait pas du tout le même rôle dans les précédents jets du scénario. Pryna n’étant qu’une sorte de clone de son compère canin, Carbuncle une créature secondaire et Garuda une probable trouvaille de dernière minute, on préférera probablement chacun se faire sa propre idée sur ce qui est représenté dans Big Bang.

Une peinture vivante

La grande originalité de Big Bang réside dans sa traduction en 3D pour un petit film d’animation produit par Square Enix. Cette démarche permet de porter un autre regard sur la représentation de la scène ou les entités en présence, et plus généralement d’apprécier le mouvement très baroque de la peinture qui symbolise les obstacles représentés par les diverses créatures démoniaques qui font le sel d’une quête (ou de la vie). En l’occurrence, la mission des Astraux et l’épopée de Noctis finissent par se rejoindre dans une ligne du temps immuable, digne des prophéties plus ou moins mises en avant dans l’écriture des épisodes de la série.

Big Bang est à la fois du pur moment de jeu-vidéo dans ce qu’elle représente sur une ligne narrative à la fois lâche dans son tout (traduction de la notion de monde ouvert de FFXV) mais toujours guidée par un récit inflexible à la japonaise. Mais elle est aussi un délicat mensonge causant de la confusion dans les événements factuels qu’elle met en avant. Élément de communication et donc de séduction du joueur, l’expérience Final Fantasy XV commence naturellement avec ses bandes-annonces ou les diverses images mises en avant et Big Bang est une sucrerie un peu amère au regard d’éléments attendus et finalement absents de l’œuvre vidéoludique.

Précisions

Enfin, on notera que l’image telle qu’on la connaît n’est pas tout à fait complète car lors d’une exposition dédiée au trentième anniversaire de la série, les visiteurs chanceux ont pu admirer une version plus généreuse sur la partie droite.

Détail in situ
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Détail in situ
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