Final Fantasy fête ses 35 ans cette année. 35 ans à nous faire rêver grâce à des personnages inoubliables et de superbes histoires. Depuis de nombreuses années, SE a pris l’habitude de fêter les dates importantes de sa saga fétiche avec moult annonces et jeux. Notre Reset du jour est consacré à l’un de ces « cadeaux » : World of Final Fantasy dans sa version Maxima.

 

Un spin-off pour patienter

 

En 2015, SE est en pleins préparatifs pour le trentième anniversaire de Final Fantasy. Troisième événement de la sorte après les 20 et 25 ans, cet anniversaire est particulier puisqu’il est censé être célébré en grande pompe par l’arrivée d’un certain Final Fantasy XV. Mais qui dit anniversaire dit également spin-off. Après Dissidia Final Fantasy et Theathrythm Final Fantasy, deux très bons jeux, SE annonce pour la PS4 et la PS Vita World of Final Fantasy, un RPG plus classique à l’esthétique très colorée.

 

 

Ce projet est né sous l’impulsion de Shinji Hashimoto, alors responsable de la licence FF, qui s’est rendu compte que peu d’enfants jouaient à Final Fantasy. Il chargea donc Hiroki Chiba, qui a travaillé sur les scénarios de DoC, FF LR ou encore Type 0, de développer un jeu destiné à ce jeune public. Le projet sera réalisé avec l’aide du studio TOSE déjà responsable des portages FF sur GBA et plus tard des Pixel Remasters. Véritable studio de l’ombre, TOSE et ses membres se considèrent comme des ninjas et ne sont que rarement crédités. Ils ont pourtant réalisés plus de 1000 jeux depuis leurs débuts en 1979 !

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
Quelques jeux développés par le studio

 

Malheureusement pour WoFF l’arrivée quelques mois plus tard de Noctis le feront rapidement sombrer dans l’oubli. Le jeu se verra offrir une deuxième chance en 2018 avec une ressortie estampillée « Maxima ». Accompagnée de tous les DLC sortis ainsi que de plusieurs ajouts, cette version est disponible sur toutes les consoles de salon et Steam. Pour ce Reset, nous avons joué sur Switch.

 

Amnésie et clefs magiques

 

Notre aventure commence avec deux jumeaux, Lann et Reynn, se réveillant avec une sérieuse amnésie dans une ville totalement vide. Oh et Lann a une petite créature ressemblant à un renard sur la tête. À peine ont-ils le temps de réaliser l’étrangeté de la situation qu’une mystérieuse femme du nom d’Enna Kros se présente à eux en tant que « Dieu ». La divinité leur annonce que pour retrouver leurs souvenirs et leurs parents disparus, ils devront parcourir le monde de Grymoire et capturer le plus de Myrages possible.

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
Enna Kros et Tama vous guideront au début de l’aventure

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classiqueDerrière cette introduction un peu simpliste, digne d’un professeur Chen envoyant des enfants seuls en pleine nature, se cache une sombre histoire de prophétie annonçant l’arrivée de géants qui sauveront le monde ou au contraire le mèneront à sa perte. Et comme par hasard, il s’agit de nos deux héros qui obtiendront la faculté de changer de taille une fois dans Grymoire passant de Gigantus à Lilipuce pour pouvoir se fondre plus facilement dans le décor. Au fil de leur quête, les jumeaux en apprendront plus sur ce monde et leur passé et découvriront l’existence de quatre clefs élémentaires nécessaires à l’accomplissement de la prophétie. Tel le Final Fantasy originel, WoFF vous demandera de parcourir le monde à la recherche des quatre sésames tout en aidant les habitants à repousser les assauts de l’armée de Bahamut.

 

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

Le scénario est ultra classique. Tout est prévisible à l’avance mais surtout, et il s’agit du plus gros défaut du jeu, c’est horriblement lent et répétitif. À chaque nouvelle zone, Tama vous la décrira, Reynn nous rappellera ce que nous sommes venus y faire et Lann ne comprendra rien tout en faisant des jeux de mots insupportables au bout d’une heure. Vous ferez ensuite la rencontre d’un personnage issu d’un ancien FF avant de partir pour une mission se concluant par un boss. Et ce schéma se répète en boucle pendant plus de 20 heures. Les dialogues sont d’une lenteur assommante, les cinématiques n’apportent rien et vous finirez probablement par garder votre doigt enfoncé sur la gâchette droite pour accélérer le tout… À aucun moment le jeu n’arrive à véritablement nous impliquer dans son histoire et l’aspect fan-service n’y changera rien. Si l’idée de recroiser nos héros favoris est enthousiasmante, la manière dont le jeu traite l’héritage de la saga est ratée. On dirait que tout a été mélangé au hasard ce qui donne lieu à des situations ne rendant pas vraiment justice aux FF. Ainsi, vous affronterez des armures Magitek dans un réacteur Shinra se trouvant sous le château de Figaro avec l’aide de Squall et Shelke le tout agrémenté de conversations nous rappelant pour la centième fois que nous sommes les géants de la prophétie… Autant vous dire que le fan en vous va hurler plus d’une fois avant de tout simplement arrêter d’essayer de comprendre et se concentrer sur le reste.

 

Missions optionnelles

 

Le jeu étant destiné aux enfants, les développeurs ont dû se dire qu’ajouter des quêtes annexes aurait nui à la progression de l’histoire. Celles-ci sont donc totalement absentes de la trame principale et se retrouvent concentrées dans une zone détachée du reste du jeu ; le salon de la jeune fille sans nom. Cette étrange demoiselle vous permettra de suivre les pérégrinations de certains personnages afin de récupérer objets et salvalithes. Plus intéressantes que la quête principale et totalement détachées de celle-ci, ces petites missions donnent lieu à quelques saynètes amusantes même si le challenge reste quasi-absent.

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

 

 

 

Stratégie sous-exploitée

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classiqueIl est temps d’attaquer ce qui est le cœur du jeu : les combats et la capture de myrages. Très old-school à ce niveau, les batailles se déclenchent de manière aléatoire sur la carte avec écran qui se brise à l’ancienne. Une jauge ATB, commune à tous les personnages, détermine l’ordre d’action et peut être stoppée lorsque vous êtes dans les menus. En termes de possibilités, nous sommes sur du très classique : attaque, défense, objet, fuite, compétences… Mais aussi capture. Le jeu essaye régulièrement de vous pousser à capturer le plus de myrages possible pour faire face à toutes les situations. Contrairement à un POKéMON, il ne suffit pas de faire baisser les PV d’un monstre pour l’attraper. Certains vous demanderont des actions bien spécifiques (le soigner, infliger une altération particulière, le contrer…) afin de faire apparaître le halo de capture. Il s’agira donc à chaque nouvel ennemi de commencer par utiliser la compétence Analyse pour ensuite tenter sa chance. Certaines bestioles vous donneront du fil à retordre et vous devrez sûrement vous y reprendre à plusieurs fois. Si sur le papier l’idée est très bonne, elle n’est malheureusement pas du tout exploitée par les mécaniques de jeu…

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classiqueLe jeu utilise un système de faiblesses élémentaires et tous les ennemis d’une même zone seront souvent vulnérables au même élément. À vous donc de modifier votre équipe en conséquence, ou pas. En plus d’être horriblement lents, les affrontements sont d’une simplicité enfantine. Pourquoi élaborer moult stratégies, capturer chaque myrage et varier son équipe régulièrement quand les créatures attrapées au début du jeu suffisent à écraser toute résistance ? Surtout que chaque nouveau myrage arrive niveau 1 et que le jeu est très avare en XP… On se retrouve donc à spammer la commande Attaque en mode accéléré et à utiliser de temps en temps un Extra-foudre ou à invoquer un champion pour casser un peu la monotonie des combats…

 

Bien que vous ne les utiliserez pas souvent, vos myrages peuvent apprendre de nouvelles techniques via un sphérier semblable à celui de FF X. Nouvelles attaques, bonus de statistiques, voire même accès aux compétences d’un autre myrage, les possibilités sont assez variées. Les développeurs ont vraiment fait en sorte de rendre chaque créature unique tout en respectant l’incroyable bestiaire de la saga. Vous retrouverez donc avec plaisir les 1000 épines du Pampa ou l’haleine fétide du Morbol. Mais encore une fois, l’absence de challenge rend le tout assez anecdotique. Seuls les fous du 100% s’amuseront à maximiser tous les sphériers quand les autres se contenteront de rouler sur le jeu avec leur équipe favorite.

 

Les menus peuvent être simplifiés pendant les combats pour ne garder que l'essentiel
Les menus peuvent être simplifiés pendant les combats pour ne garder que l'essentiel
Les sphères se débloquent à l'aide d'AP obtenus en montant de niveaux
Les sphères se débloquent à l'aide d'AP obtenus en montant de niveaux
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

 

Dernier point, les pyramides. Lors des affrontements, Reynn et Lann peuvent être accompagnés par deux myrages. Vous aurez alors le choix de combattre de manière classique en contrôlant tour à tour vos six personnages. Seul souci, les statistiques extrêmement basses de vos héros rendent cette option dangereuse. C’est ici qu’arrive le principe des pyramides. Chaque unité est classée selon sa taille : petite (P), moyenne (M) et grande (G). Les jumeaux pouvant alterner entre M et G, vous pouvez créer deux formations par héros selon leur taille avec comme contrainte de ne pouvoir utiliser qu’une unité de chaque. Une fois empilés vos combattants seront considérés comme une seule unité et leurs statistiques seront additionnées afin de vous permettre de faire face aux dégâts ennemis. Attention tout de même car certaines attaques peuvent déséquilibrer vos personnages et briser votre pyramide, ce qui vous mettra dans une situation difficile. À noter que vos adversaires peuvent aussi former une pyramide même si cela reste relativement rare.

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

 

En dehors des combats, la progression se fait de manière classique et très dirigiste. Les environnements ne sont que de vastes couloirs plus ou moins camouflés et tout semble fait pour ne pas vous détourner du droit chemin. Ainsi les divers embranchements ne vous emmènent jamais très loin et valent rarement le détour. Reste quelques myrages de haut niveau un peu plus « cachés » qui pourraient éventuellement vous pousser à revisiter un lieu. Vous serez régulièrement confrontés à des obstacles comme des crevasses ou des blocs de glace. Heureusement certains monstres possèdent une capacité de terrain pour vous aider à les franchir. Assurez-vous donc de posséder des créatures ayant ces compétences pour éviter de fastidieux allers-retours. D’autant plus que nos héros avancent à vitesse d’escargot tout en parlant en permanence…

 

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
Vous serez souvent bloqués par ces blocs qui vous demanderont un objet caché quelque part dans le donjon pour vous laisser passer

 

Une copie de POKéMON ?

 

Souvent qualifié de « FF POKéMON », WoFF a assurément de nombreux points communs avec la licence de Nintendo. Un scénario à la portée des plus jeunes, des créatures à capturer et faire évoluer, un système de « faiblesses/résistances »… Il y a même un équivalent aux fameuses CS avec les capacités de terrain. Si ces points sont difficilement contestables, WoFF se démarque sur de nombreux aspects. Tout d’abord, la capture est bien plus variée et amusante que chez Pikachu et vous demandera parfois de vous creuser la tête pour ajouter certaines créatures à votre collection. Le scénario est certes classique mais les descriptions des personnages et myrages sont souvent très drôles et offrent de bonnes doses de fan-service (merci à la traduction FR de grande qualité). Enfin la personnalisation de vos monstres est beaucoup plus poussée grâce aux sphériers. Quant au principe de faiblesses élémentaires, il est apparu pour la première fois dans le JRPG avec… Final Fantasy en 1987. Si les deux jeux sont donc similaire sur l’aspect collectionnite, la ressemblance s’arrête là tant les deux séries n’ont absolument pas les mêmes ambitions.


World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

Dommage que les splendides séquences animées du jeu n’aient pas donné suite à une véritable série. Ce format aurait beaucoup mieux collé à la volonté de Square Enix de toucher un jeune public.

 

Cuteness overload

 

Ce qui saute au yeux lorsque l’on voit World of Final Fantasy c’est sa direction artistique. Les environnements sont très colorés et certains sont magnifiques. La plupart sont fidèles aux lieux originaux et le côté maquette miniature est en cohérence avec le côté souvenirs d’enfance/conte de fée. Le jeu réussit également à rendre hommage à certains environnements incontournables des FF. Le château de Cornélia, Figaro ou la BGU vous replongeront immédiatement dans l’ambiance de ces jeux. Dommage que ces zones s’enchaînent sans aucune cohérence et ne servent au final que de simples décors rarement mis en avant par le scénario. Pour ce qui est des personnages et créatures, ils adoptent un style chibi mignon tout plein. C’est Yasuhisa Izumisawa qui a retravaillé le character-design des figures emblématiques de la série. Si pour les monstres le résultat est plus que réussi, l’apparence de certains héros est parfois un peu déstabilisant lors des premiers instants (Sephiroth…). Le fait que les jumeaux changent de taille toutes les deux secondes est également un peu perturbant mais on finit par s’y habituer. Concernant les personnages à taille « normale », ils sont signés Tetsuya Nomura et possèdent le style très reconnaissable de l’artiste.

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique
World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

 

Musicalement parlant, c’est Masashi Hamauzu que l’on retrouve à la barre pour ce qui s’avère être un hommage sympathique aux mélodies d’antan. Avec son style reconnaissable, il offre de belles compositions comme « Prismelody : Eternal Wind (FF3)» ou «World of Battle» qui rappelle beaucoup FF XIII. Par contre, pensez bien à monter le son des musiques dans les menus car le mixage initial les rend très discrètes.

 

 

 

Différence entre les versions

 

Pour les possesseurs de la version originale, la mise à jour vers l’édition Maxima est possible via un DLC payant. Développée avec un budget très réduit cette upgrade offre tout de même de nombreux ajouts. Le nombre de myrages mais aussi d’objets transportables a été augmenté, un nouveau mode de difficulté ainsi qu’un New Game + ont été rajoutés et divers ajustements ont été réalisés. La grande nouveauté reste l’apparition des Myralithes qui permettent à nos héros de revêtir l’apparence de certains personnages croisés durant l’aventure. Ces objets sont à acheter auprès de la jeune fille sans nom et débloquent de nouveaux pouvoirs mais vous empêchent d’utiliser vos invocations. Du contenu annexe fait également son apparition avec l’arrivée d’un donjon spécial rendant hommage au premier Final Fantasy.

 

World of Final Fantasy Maxima : choupi mais trop classique

 

 

Véritable hommage à la série comme Dissidia ou Theathrythm avant lui, World of Final Fantasy rate un peu le coche à cause de sa lenteur insupportable mais surtout de son choix de public. Oscillant constamment entre fan-service pour les anciens et simplicité à tous les niveaux pour les nouveaux venus, le JRPG n’arrive jamais à convaincre totalement. Si le jeu n’est pas mauvais, il est même techniquement et artistiquement de très bonne qualité,  il en ressort une impression d’occasion manquée. Qui sait, peut-être qu’une suite (déjà écrite par Hiroki Chiba) pourrait corriger les défauts de cohérence, de rythme et de difficulté afin de rendre cette revisite du monde de Final Fantasy plus agréable. En l’état cela reste un passe-temps sympathique entre deux épisodes plus ambitieux.