Nous vous interrogions il y a quelques semaines à propos de la politique tarifaire menée par Square Enix en matière de portage du patrimoine Final Fantasy. Cela intervenait naturellement quelques heures après l’annonce du portage d’une belle partie du catalogue sur Nintendo Switch et Xbox One. Très conscients que d’autres éditeurs, et ce bien avant SQEX, avaient épuisé jusqu’à la moelle, et à des tarifs tout aussi prohibitifs, leurs vieilles gloires, nous étions curieux de savoir si l’idée d’emporter partout avec vous vos Final Fantasy préférés l’emporterait sur la raison pécuniaire.

La politique tarifaire de Square Enix en matière de portage des anciens épisodes est-il un frein à vos intentions d’achat ?


Oui 51.99% (144 votes)
Non 14.08% (39 votes)
Cela dépend du jeu 33.94% (94 votes)

La réponse majoritaire va au oui, tandis qu’elle est fortement contrebalancée par l’évidence : oui, mais cela dépend du jeu. Il va de soi que l’attachement aux jeux n’est pas le même, et qu’un rachat ne saurait être déclenché par la simple évocation du nom de la marque. Finalement, cette question est davantage une excuse pour évoquer la situation actuelle car cela fait un moment qu’il est possible d’emporter sur la plage Final Fantasy VII, VIII (le pauvre), ou IX, mais la Nintendo Switch jouit d’une espèce d’amnésie hystérique. Il faut dire que sa nature hybride la rend très séduisante quitte à laisser penser qu’il n’y a jamais eu d’avant dans le domaine nomade. D’autres arguments factuels que le prix ont pourtant animé le débat et notamment l’emprunt des très vilaines interfaces mobiles de portages précédents, et même une évidente paresse avec la résurgence de bugs pourtant déjà connus et qui n’ont été corrigés qu’après de longues semaines.

Bilan : La politique tarifaire de Square Enix en matière de portage des anciens épisodes est-il un frein à vos intentions d'achat ?
Des options inédites à des portages de portages pour inciter à l’achat, un concept efficace ? Dans FFXII TZA sur Switch et One, le joueur profite d’un élément de confort supplémentaire quant à la personnalisation de ses personnages. Cette option n’est manifestement pas prêt d’être ajoutée aux autres moutures de cette remasterisation déjà passée par deux plateformes.
Bilan : La politique tarifaire de Square Enix en matière de portage des anciens épisodes est-il un frein à vos intentions d'achat ?
En plus de parutions dématérialisées, les collectionneurs peuvent investir dans des écrins repensés, mais ces réédtions physiques peuvent avoir un impact sur un consommateur nouveau venu qui serait intrigué par de telles merveilles en magasin.

En bref, et si on ne peut que se réjouir de voir l’actualisation de la disponibilité de ce patrimoine, on imagine la cible naturellement orientée sur les fans, et rien n’est vraiment fait pour encourager les fameux « nouveaux venus » à tenter l’intimidante expérience des débuts de Final Fantasy dans l’ère 3D. Les éléments de confort tels que l’accélération du rythme de jeu ou la suppression d’éléments (combats, difficulté, notion de défi) offrent par ailleurs peut-être une vision un peu trop altérée et discutable, en plus de coûter paradoxalement « plus » pour « moins ».

C’est aussi pourquoi on peut avoir tendance à se remémorer des initiatives tels que les remakes sur Nintendo DS de Final Fantasy III et Final Fantasy IV qui auront eu le mérite à la fois de réinventer des classiques 2D (pour la série et pour le genre) en caressant dans le sens du poil les puristes en conservant les atours rétros tout en tendant la main aux nouveaux venus (le choix d’une telle console étant encore un choix clef) avec en ligne la modernisation de la plupart des autres aspects (avec en priorité l’aspect visuel et la narration), tout en étant un achat plus légitime.

Pour le coup, l’idée d’investir dans un remake paraît bien plus attractive que l’investissement dans un portage à la valeur ajoutée discutable. Si le patrimoine vit grâce à la transmission, la délicate question de la réinvention en complément est aussi plus que jamais d’actualité. Le remake de Final Fantasy VII impose la troublante question de cette transmission. Si FFIII et FFIV ont pu être brillamment repensés dans un nouvel écrin relativement limité (encore que FFIV est indéniablement ambitieux pour cette même raison), l’environnement débridé et l’héritage aussi lourd que l’Épée broyante de Cloud rendent l’exercice terriblement périlleux. Pour autant, il est impensable que cette réinvention ne soit pas un succès commercial car les fans se rueront dessus, et les nouveaux venus seront légitimement tentés d’approcher un mythe qui se sera mis au niveau des standards contemporains, le rendant bien plus accessible et plus désirable qu’un vil portage abusif d’un jeu vieux de 22 ans, et ce qu’importe le résultat.

On peut aussi évoquer pour conclure qu’avec les bibliothèques de jeux dématérialisés sur PC et sur la plupart des consoles, il est de plus en plus difficile de revendre un produit déjà acquis et accessible sans vraies problématiques liées au matériel pour le faire fonctionner. D’ailleurs, la question de la rétrocompatibilité à venir sur la prochaine génération de machines en tête (ou même sur l’actuelle avec le cas FFXIII sur Xbox One) la tâche devient plus délicate pour l’éditeur qui souhaite écouler sa marchandise datée à prix d’or. Restent les machines telles que la Switch pour espérer recycler le catalogue. Mais sans condamner immédiatement leur existence dans l’avenir, le succès d’une telle machine complètement fermée est loin d’être garanti, et donc son potentiel muséal aussi. L’émergence du jeu en streaming (comprendre, dont on achète le temps de jeu et non plus dont on acquiert la « propriété »), d’un jeu en location, semble être la seule voie de salut pour le recyclage outrancier. Mais quand toutes les voies auront été explorées, et que l’attractivité d’un portage basique sera nulle, la question du remake (léger à lourd) pour revivifier un nom et profiter de son aura (commercialement mais aussi sur le plan créatif, soyons rêveurs) déliera les porte-monnaies avec des arguments autrement plus nobles que la simple mobilité ou la collectionnite.