Aujourd’hui, nous faisons une petite entorse à nos habitudes puisque nous vous proposons le test d’un jeu qui n’est pas de Square Enix. Toutefois la présence de Kazushige Nojima (FFX, FF VII Remake) au scénario et d’Hitoshi Sakimoto (FF XII, Vagrant Story) à la BO ainsi que la volonté de proposer un hommage aux JRPGs d’avant sont des raisons suffisantes de s’y intéresser et plus si affinités…
Astria Ascending est développé par Artisan Studios (Super Neptunia RPG) et édité par Dear Villagers (ScourgeBringer, Edge of Eternity, ReCompile…). Le jeu sort le 30 septembre au format digital sur toutes les plateformes. Une édition physique est prévue sur Switch et PlayStation le 2 novembre.
Ce test a été rédigé à partir d’une version bêta offerte par Dear Villagers. Mis à part quelques ralentissements dans certaines zones, le jeu tournait sans problèmes sur un ordinateur portable de milieu de gamme.
Harmonie dissonante
Le monde d’Orcanon repose sur l’Harmonie. C’est grâce à elle, et à l’ingestion de fruits appelés « Harmelons », que les différentes races cohabitent sans heurts. Malheureusement ce fragile équilibre est perturbé par les Interférences, des créatures ravageant tout sur leur passage, et des dissidents rejetant l’Harmonie. Pour faire face à ces menaces, la Déesse Yuno, gardienne de l’Hamonie, peut compter sur les Demi-Dieux. Au nombre de huit, il s’agit d’hommes et de femmes de toutes races qui se voient confier de grands pouvoirs au prix toutefois d’une espérance de vie réduite à trois ans. Vous prendrez donc le contrôle de la 333ème génération de Demi-Dieux alors qu’ils n’ont plus que trois mois à vivre.
Le scénario vous fera visiter les 5 villes du jeu – une par race – ainsi qu’une vingtaine de donjons afin de remonter à la source des problèmes d’Orcanon. Ces nombreux voyages seront l’occasion d’en apprendre plus sur l’univers mais également sur nos huit héros et leur passé. Chose assez rare pour être soulignée, le jeu aborde des thématiques plus adultes que d’ordinaire : racisme, héritage, question de la liberté dans un monde régi par des règles strictes… Ces propos donnent à réfléchir et sont même plus intéressants à suivre que le scénario principal qui s’avère assez classique dans son déroulé. Ainsi vous passerez d’une ville à une autre pour affronter des Astrae, des créatures protectrices, afin de pouvoir les invoquer en combat tout en rencontrant de temps à autre de mystérieux individus semblant être à l’origine du chaos s’installant à Orcanon. Heureusement la personnalité de nos guerriers divins et le doublage intégral des scènes (préférez le Japonais) nous poussent à vouloir en savoir toujours plus !
Comme tous JRPG digne de ce nom, Astria Ascending propose son lot d’activités annexes. Outre les classiques quêtes fedex pas forcément très intéressantes, vous pourrez aussi partir à la chasse au monstre d’une manière assez similaire à ce que proposait FF XII ou jouer au J-Ster, une sorte de Triple Triad avec des jetons beaucoup trop addictif.
Avec son scénario qui prend son temps et ses personnages attachants, Astria Ascending puise effectivement ses inspirations dans le JRPG old-school qui n’hésitait pas à nous faire lire parfois beaucoup de textes pour bien poser son univers. Si les vétérans y verront un bel hommage, les débutants risquent d’être décontenancés, voire ennuyés par la relative lenteur de l’ensemble.
Connaître son ennemi
Que serait un RPG sans des combats stratégiques et des possibilités de personnalisation à outrance ? Les développeurs nous ont donc concocté un système de combat et d’évolution en apparence simple mais extrêmement complet et dense. Durant les affrontements, les héros et vos ennemis agissent à tour de rôle. Vous avez accès à diverses commandes classiques comme attaquer, utiliser une compétence ou un objet, fuir… Mais également à la possibilité d’interchanger plusieurs membres de l’équipe à la manière de FF X. Cependant réfléchissez bien car cela mettra fin au tour de votre équipe. Autre option : vous concentrer. Enfin pas vous, vos personnages. En faisant cela vous engrangerez un point de concentration (PC). Les PC peuvent être dépensés avant une action pour augmenter sa puissance et s’avèrent donc d’une grande importance durant les combats. Si la concentration permet d’en récupérer, les héros l’utilisant « perdent » leur tour… Il existe cependant un moyen plus efficace d’en gagner et cela repose sur le principe de faiblesses et de résistances.
Pour simplifier les choses, utiliser une compétence ou une magie efficace sur un ennemi vous fera gagner 2 PC. Par contre si votre attaque est résistée, voire absorbée, vous en perdrez et pourrez même passer en négatif ce qui bloquera la commande « Concentration ». Autant dire que vous voudrez tout faire pour éviter cette situation. Les monstres d’une même zone ayant souvent les mêmes faiblesses, il s’agira de tester différents types d’attaques pour découvrir les plus efficaces sur la faune locale afin de traverser le niveau sans encombres. Méfiez-vous d’ailleurs car l’IA est sans pitié et exploitera ce système sans retenue contre vous. Les attaques surprises ont rarement été aussi dangereuses que dans ce jeu…
Une difficulté modulable
Avec les paramètres de base, Astria Ascending est assez compliqué. La moindre erreur peut s’avérer fatale et l’écran de Game Over viendra régulièrement vous titiller an début d’aventure. Heureusement l’équipe d’Artisans Studios a pensé à tout le monde et le jeu regorge d’options pour simplifier, ou pas, votre partie. Rencontres désactivables, IA en mode facile, gains d’expérience des membres de réserve, affichage des faiblesses… Vous pouvez customiser votre jeu à l’envie et ce à tout moment. Un exemple que certains devraient suivre…
En termes d’évolution de votre équipe, Astria Ascending utilise un système de jobs. Chaque Demi-Dieu possède un job de base puis pourra obtenir un job principal, un job secondaire et un job de soutien parmi trois choix. Les possibilités sont donc très nombreuses et ce d’autant plus que chaque rôle est vraiment unique. Cependant, une fois un job choisi il sera impossible d’en changer. Dommage qu’il ne soit pas possible de savoir avec exactitude ce que débloque un nouveau job avant de faire son choix. Reste la bonne vieille méthode de sauvegarde/charger sa partie. Les compétences étant bien réparties entre les personnages, vous pouvez également décider de ne pas choisir et de conserver vos jobs de base. Véritable réussite, les combats sont très stratégiques et plaisants même sur la longueur.
Dernier point à aborder, l’exploration. Très semblable à Valkyrie Profile sur cet aspect, les déplacements se font en 2D. Vous aurez le droit à plusieurs passages de plateformes ainsi qu’à des énigmes faisant appel à votre anneau magique. Capable de lancer un simple projectile étourdissant les ennemis au début de l’aventure, il obtiendra de nouveaux pouvoirs comme la possibilité d’activer divers mécanismes ou de brûler des obstacles. Si sur le papier, l’idée est bonne, la retranscription en jeu est un peu décevante. Les énigmes tout comme les passages de plateformes sont trop simples pour opposer un peu de challenge. Elles n’en restent pas moins sympathiques et ont le mérite de varier l’expérience.
Réunion de talents
Une grande partie de la communication autour d’Astria Ascending a tourné autour de sa direction artistique rassemblant un grand nombre de talents. Et lorsque l’on voit le résultat final, on comprend aisément pourquoi l’accent a été mis dessus ! Avec ses environnements et personnages entièrement dessinés à la main, le jeu est véritablement magnifique. Chaque lieu possède sa propre ambiance et contribue à nous immerger dans l’univers. Dommage que les villes ne soient pas un peu plus grandes et que les zones restent assez classiques pour un JRPG (égouts, marais, désert…) mais bon, cela permet de rester dans l’idée de l’hommage… Et puis avouez que vous seriez perdus sans tous ces passages obligés !
Les personnages quant à eux ont tous bénéficié d’un soin particulier sans pour autant totalement dénoter par rapport aux PNJs. Fruit du travail de CyDesignation, et plus particulièrement d’Akihiko Yoshida (Final Fantasy Tactics, Bravely Default) et d’Hideo Minaba (FF IX, Granblue Fantasy), ils sont immédiatement reconnaissables et possèdent un design en adéquation avec leurs caractères. Leurs looks sortent d’ailleurs de l’ordinaire – et ce quelque soit leurs jobs – et les héroïnes évitent la sexualisation inutile typique des jeux de rôle nippons. Bref du tout bon.
Vos oreilles ne seront pas en reste puisque vous aurez le plaisir de retrouver Monsieur Ivalice : Hitoshi Sakimoto. Le style de l’artiste est immédiatement reconnaissable et certains thèmes vous rappelleront Final Fantasy XII. Épique lors des affrontements, la bande-son sait se faire mystérieuse ou envoûtante durant les phases d’exploration.
8/10
Sans-faute visuel et auditif, Astria Ascending propose également un système de combat profond et complexe. Avec ses thématiques fortes, et malgré un scénario un poil classique, l'aventure arrive à nous garder en haleine jusqu'au bout et l'on s'attache vite à nos héros plus fragiles qu'ils n'y paraissent. Désirant offrir un hommage à toute cette génération de JRPGs, Final Fantasy en tête, ayant bercé l'enfance des plus vieux d'entre nous, Julien Bourgeois et son équipe d'Artisan Studios réussit son coup grâce à une connaissance de son sujet et à une réunion de grands noms du domaine. Le jeu prend le parti d'aller à contre-courant de la tendance actuelle qui voit les JRPGs lorgner toujours plus du côté de l'action. Et s'il n'est clairement pas à mettre entre toutes les mains à cause de sa relative lenteur ou de son système de jobs qui peut s'avérer difficile à appréhender pour les débutants, nous le recommandons sans hésiter aux amateurs du genre !
Dreams
- Magnifique pour les yeux et les oreilles
- Un système de combat riche et complet
- Des thématiques adultes et plus sérieuses qu'à l'accoutumée
Nightmares
- Le système de job qui peut en perdre certains
- Assez lent
- Des phases d'exploration/énigmes qui auraient pu être plus poussées
