En 1993 est sorti dans nos vertes contrées ActRaiser. Jeu mêlant action et gestion, il reçut un très bon accueil et et considéré comme l’un des meilleurs jeux de la Super Nintendo. Quelle ne fut pas la surprise des joueurs lorsque Square Enix dévoila une version remasterisée intitulée Actraiser Renaissance ! Reste à savoir si le jeu est toujours aussi bon aujourd’hui…

 

Test réalisé sur Switch à partir d’une version digitale fournie par Square Enix

 

ActRaiser, l’original

 

ActRaiser a été développé par Quintet et édité par Enix. Le jeu proposait d’incarner le « Maître » et son ange afin de guider l’humanité et la sauver de Tanzra et sa horde de démons. Concrètement, vous dirigiez le dieu durant des phases d’action/plate formes puis l’ange lors des phases de gestion (un peu à la SimCity). Durant approximativement 5 heures, ActRaiser a marqué les esprits pour son mélange des genres original et sa bande-son composée par Yuzo Koshiro. Le jeu connaîtra une suite qui ne rencontrera pas le même succès malgré une réalisation très soignée. Probablement car Enix avait demandé au studio de supprimer les phases de gestion, effaçant ainsi ce qui faisait l’originalité du premier épisode.

Régulièrement cité parmi les meilleurs jeux de la SNES, ressortir Actraiser était donc un pari risqué. Square Enix a-t-il réussi son coup ? Pas vraiment…

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende

 

Le Maître veille sur nous…

 

Après une séquence animée, votre ange/assistant vous réveille de votre long sommeil car l’humanité a besoin de vous. Les démons ont ravagé le monde, le rendant hostile pour les faibles humains. À vous donc de purifier tout cela à coups d’épée et de magie. Inutile de se mentir, le scénario créé pour ce remaster est d’une banalité affligeante et n’est qu’un prétexte. Chaque zone vous présentera un nouveau personnage et vous montrera son évolution jusqu’à son réveil en tant que héros. C’est donc un défilé de clichés (la fille timide, le soi-disant sans-cœur, la fière guerrière…) auquel vous assisterez via de (trop) longs dialogues mais agrémentés de jolis artworks. Cette surabondance de scènes qui vous interrompent toutes les 2 minutes cassent complètement le rythme du jeu et rendent les phases de gestion interminables. Le tutoriel est une véritable purge à ce niveau et il faut se forcer pour ne pas éteindre la console… Mais étrangement, on continue pour voir comment va se reconstruire l’humanité. Malheureusement cet intérêt s’étiole au fur et à mesure des niveaux et finit par totalement disparaître laissant place à de l’ennui voire de l’agacement face à ces hordes de monstres qui apparaissent toutes les 10 secondes, les sollicitations incessantes des humains ou les remarques fatigantes de l’ange…

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende

 

Taper et observer

 

Les 6 zones du jeu suivent toutes le même schéma. Il faudra d’abord terminer une phase d’action se concluant par un combat contre un mini-boss, puis guider votre peuple lors de phases de gestion et enfin terminer une deuxième phase d’action contre le boss de la zone.

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende

 

Les parties action consistent à traverser des niveaux assez linéaires jusqu’à atteindre le boss de la zone. Sur votre route vous croiserez des ennemis aux patterns simplistes et des statues à briser pour récupérer du soin ou des améliorations de statistiques. La plupart des monstres lâcheront également des cristaux qui rempliront une jauge comportant 5 niveaux. À chaque nouveau palier vous débloquerez une augmentation d’attaque ou de magie et même la possibilité de ressusciter au niveau 5. En termes de possibilité, notre divin guerrier peut sauter, frapper, faire un dash en arrière et utiliser de la magie. Si cela paraît simple et efficace, les contrôles hasardeux, le fait que les ennemis nous mettent rarement en danger et la linéarité du tout les rendent assez peu intéressantes. Quant aux combats de boss, ils se terminent en quelques secondes, la faute à une magie surpuissante. À aucun moment le jeu ne parvient à nous impliquer réellement dans l’action et à retrouver l’efficacité de l’original. La comparaison est encore plus dure si l’on regarde ce qui se fait chez la concurrence (notamment la compilation Castlevania annoncée le même jour que Actraiser Renaissance…). À noter, que le remaster ajoute quelques passages d’action au moment de sceller les antres de monstres. Là où dans l’original les humains le faisaient seuls, ici il faudra frapper des espèces de sphères pour en faire apparaître une plus grosse… Passionnant, heureusement que cela dure à peine 30 secondes.

 

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende

 

Si la partie action laisse donc un peu à désirer, quand est-il de la partie gestion ? Eh bien, c’est là encore assez mitigé. Aux commandes de l’ange, vous devez guider les humains dans leur développement. Cela consiste donc à cliquer sur l’endroit où votre peuple doit se rendre et à les regarder construire et agrandir la ville… Comme cela serait sans doute un peu long et ennuyeux, des monstres surgissent à intervalles réguliers pour attaquer les habitants et vous devrez les terrasser à l’aide vos flèches. Certains obstacles vous demanderont d’utiliser vos magies – appelées « miracles » – pour déblayer la voie. Le tout à un côté étrangement addictif mais est malheureusement gâché par les deux ajouts apportés par cette version : les phases de tower- defense et les interminables dialogues insipides. Le jeu vous coupe sans arrêt pour vous montrer des conversations entre vos humains (qui ne sont que deux par ville visiblement) et le héros de la zone. Seul problème, l’écriture est tellement simple et déjà vue que l’on finit par pester contre ces interruptions intempestives qui n’apportent rien. Pourquoi avoir hacher à ce point la partie gestion ? Si le but était de rallonger la durée de vie, c’est réussi mais à quel prix… et surtout était-ce vraiment nécessaire ? Autre apport, les phases de tower -defense. Régulièrement, vous devrez défendre votre ville contre des attaques de monstres. Seul souci, là ou un jeu du genre vous laisse poser et modifier vos bâtiments même durant l’action, ici vous ne pourrez plus rien modifier une fois la séquence lancée. Sachant que les ennemis peuvent attaquer de partout et qu’ils ont tous leurs propres faiblesses vous n’aurez d’autre choix que de relancer ces séquences plusieurs fois afin d’établir la meilleure défense possible. Et pour rendre tout cela encore plus fastidieux, l’IA de vos héros n’en fait qu’à sa tête et préférera souvent attaquer un monstre de base se trouvant à 20 mètres plutôt que la cible prioritaire juste sous leur nez.

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende
Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légende

 

En voulant bien faire et en ajoutant des nouveautés, Actraiser perd le rythme et le plaisir que procurait l’original. Imprécis et manquant d’intérêt dans ses (courtes) phases d’action, il finit par devenir long et ennuyeux lors de la gestion. ActRaiser sur SNES durait 4-5 heures et ne possédait pas vraiment de scénario – tout du moins, ce n’est pas là que se trouvait son intérêt. Le remaster est étiré sur 15-20 heures et essaye d’étoffer une histoire et un gameplay qui n’en avaient pas vraiment besoin… Dès lors, il n’est pas étonnant que le résultat soit en deçà des espérances.

 

Ça pique les yeux…

 

Actraiser Renaissance : le retour (raté) d'une légendeAu vu des photos émaillant ce test, il ne vous aura sans doute pas échappé ce point : le jeu est moche. Les textures sont baveuses, les arrières-plans et les sprites peu (pas) détaillés et le tout souffre de chutes de framerate… C’est bien simple, nous avons plus l’impression d’être face à un jeu mobile porté sur consoles qu’à un véritable remaster profitant de la puissance des technologies actuelles. Si nos yeux arrivent à s’en accommoder en mode portable, cela devient atroce sur grand écran tant les défauts nous sautent aux yeux… Heureusement les artworks relèvent un peu le niveau même si certains designs laissent à désirer. En termes d’environnement, nous sommes là encore dans du très classique. À vous les joies d’explorer forêt, cavernes et désert contre la petite dizaine d’ennemis que vous fera affronter le jeu. Heureusement la musique absolument fantastique vient sauver le tout. Retravaillés par Yuzo Koshiro, les morceaux sont un plaisir pour les oreilles et la possibilité de basculer sur les originaux ravira les puristes.

 

4/10

Actraiser Renaissance rate complètement le coche. Moche, mou, inutilement bavard durant ses phases de gestion et trop limité dans l'action, seuls les amoureux du premier pourraient éventuellement y trouver leur compte. Pour les autres, mieux vaut se tourner vers l'original qui lui allait droit au but et ne s'encombrait pas d'éléments superflus. Dommage qu'une telle légende n'ait pas eu le droit à un budget à la hauteur... Reste une bande-son toujours aussi incroyable, mais autant se tourner vers l'OST dans ce cas. Difficile en tout cas de recommander cette version à des néophytes...

Dreams

  • La bande son au top
  • La gestion qui a un côté addictif
  • Entièrement traduit en français

Nightmares

  • Techniquement à la ramasse
  • Des ajouts qui plombent le rythme général
  • Les phases d'action peu intéressantes