Une spirale morbide
Spira est un monde où la mort vit. Il apparaîtrait presque pertinent de parler d’une culture du mort tant la présence de telles entités est monnaie courante. Les priants, par exemple, sont des êtres placés entre la vie et la mort, ils ne sont pas morts au point de partir pour l’Au-delà, mais leur état ne le permet pas d’être considéré comme vivants. Ils n’ont qu’une tâche : délivrer leur puissance aux invokeurs pour donner forme à des chimères.
Il y a également le cas des errants, des êtres morts qui n’ont pas accepté de partir pour l’Au-delà, et qu’aucun invokeur a pu envoyer au moment de leur mort. Il s’agit en général d’êtres qui disposent de regrets ou de remords suffisamment forts pour leur permettre de subsister dans le monde des vivants. Par ailleurs, la plupart des monstres sont des êtres similaires aux errants, excepté qu’il s’agit plutôt d’un amas de furolucioles combiné à des sentiments de colère, de haine profonde de personnes mortes, donnant naissance à des êtres ne souhaitant que mettre fin à toute vie se présentant à eux.
Pour finir, les invocations, Sin, certains monstres, et les morts apparaissant dans l’Au-delà sont ce qu’on appelle des esprits incarnés. Il s’agit « simplement » d’êtres dont la genèse provient d’une volonté externe. Cette genèse n’est pas normée, comprenez donc que chaque type d’esprit incarné dispose d’un processus qui lui est propre.
L’état actuel de Tidus
Tidus est un être beaucoup trop singulier pour pouvoir être défini simplement. Originellement, il n’est qu’une invocation des priants de Zanarkand, priants formés à partir de ses simples habitants. Après sa disparition suite à la cristallisation des priants, il a été ramené à Yuna deux ans plus tard par l’action de certains priants. Mais aucun mot n’est évoqué pour définir son statut, le priant de Bahamut mentionne simplement ces quelques mots : « Je ne peux promettre quoi que ce soit, mais nous ferons ce que nous pouvons ».
Cela veut donc dire que nous ne connaissons pas l’état de Tidus lors de son retour sur Spira. Toutefois, celui-ci s’interroge sur ce qu’il représente désormais, à la fin des événements du roman Final Fantasy X-2.5 : Le Prix de l’Éternité ; au-delà d’être la fin parfaite de Final Fantasy X-2, il s’agit également du dernier chapitre du roman. Il se demande notamment si les priants ont rassemblé les fragments de son esprit, ou s’il est encore un rêve, une invocation. Or, dans les événements du roman, le rassemblement des fragments de son esprit qu’il évoque s’est explicitement produit, par la volonté de Yuna, lorsque qu’il fut tué par une balle de Blitzball explosive.
Il est donc fort probable que les priants ont fait de même lors du retour de Tidus sur Spira. Après tout, ces derniers l’ont clairement fait savoir à nos protagonistes avant l’affrontement contre Sin : ils sont fatigués de « rêver », pourquoi changeraient-il d’avis pour une simple personne ? Il est donc aussi probable que Kazushige Nojima ait décidé de faire de la fin parfaite de Final Fantasy X-2 le dernier chapitre du roman Final Fantasy X-2.5 afin de nous faire comprendre ce qu’ont fait explicitement les priants de Tidus en validant l’hypothèse de ce dernier sur le rassemblement des fragments de son esprit, tout en laissant planer d’autres éventualités sur certains points.
Cela expliquerait ainsi l’étrangeté de la phrase prononcée par le priant de Bahamut, pour rappel : « Je ne peux promettre quoi que ce soit, mais nous ferons ce que nous pouvons ». S’ils s’étaient mis d’accord pour « rêver » à nouveau la personne de Tidus, ils l’auraient dit explicitement à Yuna, sans laisser planer un tel doute. Mais les priants se sont cristallisés, il est fort probable que leur capacité de « rêver » ne soit plus. Après quoi, Tidus a donc été tué sur l’ile de Besaid invoquée par Johit, c’est même ce dernier qui l’a tué à l’aide de son Bedohl, il est alors devenu sans ambiguïté un esprit incarné cette fois-ci, sous la forme d’un être « sauvé » de la mort imminente par la volonté d’un autre, Yuna en l’occurrence. C’est notamment ce qu’a fait Kush pour « sauver » de la mort son garde Valm, et ce parallèle est tout sauf anodin.
Dès lors, Tidus serait actuellement l’esprit incarné d’un esprit incarné d’un esprit incarné (c’est bon, vous suivez ?). Mais en y regardant de plus près, on peut y déceler quelque chose de plus subtil. Ses deux premières formes relèvent de la volonté de priants, ceux de Zanarkand en premier lieu, puis ceux de Spira sans plus de précision la deuxième fois. Hors, en ce qui concerne la troisième et dernière fois, Tidus a été ramené par la volonté de Yuna (et l’aide de l’invokeur Johit). Ne pourrait-on alors qualifier Tidus pseudo-invocation de Yuna à ce stade ? Et à ce titre, ne sont-ce pas là les prémices de quelque chose de plus réel ?
De manière générale, Tidus est ainsi ce qu’on pourrait appeler un être de chaos, il est constamment redéfini dans un statut toujours plus complexe à définir, à appréhender. Et un être de chaos vit dans l’instabilité constante, c’est sa définition même. Shuyin était également un être de chaos, mais une différence subtile le distingue de Tidus. Le chaos provenait de volonté et émotions propres, et surtout, ceux-ci étaient emplis de haine profonde. Le chaos de Tidus n’est pas issu de sa propre personne, mais de personnes externes : les priants et Yuna.
Les intentions de Yuna envers Tidus
Une année après le retour de Tidus sur Spira, nos deux êtres semblent bien éloignés. Tidus mène une vie de star de Bliztball, Yuna celle d’un invokeur au chevet des conservateurs Yevonites. La spirale ne semble pas s’être arrêtée. Pour ne rien arranger, le monde Spira entre dans une nouvelle phase de tourment : la frontière avec l’Au-delà devient toujours plus fine et les morts peuvent soudainement être ramenés sur Spira via la seule volonté de l’être désireux. Cette forme de genèse était alors réservée au seul cas de rassemblement des fragments d’un être qui venait de mourir, forme que Kush et Yuna ont employée. A supposer que la forme employée par les priants eut été de rassembler les morceaux d’esprit de Tidus dans l’Au-delà même, on peut alors supposer que ce qui se passe actuellement sur Spira trouve son origine dans cette forme. A trop vouloir se jouer de la mort, Yuna et les priants n’auraient-ils pas déclenché un certain chaos ?
Face à tout ce désordre, Yuna s’est hâtée de voir Tidus dès lors qu’elle fût témoin des événements. Cette réaction ne fit qu’énerver Chuami, qui ne comprit pas les raisons d’une telle décision. Mais Kurgum, lui, dispose d’un lien privilégié avec les morts, et il finit par comprendre rapidement l’envers du décor, notamment suite à la remarque de Chuami sur l’état de Tidus lorsqu’ils le rencontrèrent à Bevelle. Le statut d’esprit incarné de Tidus supposant un lien fort avec les furolucioles, il était alors important pour Yuna de vérifier son état, mais également d’établir ses distances avec lui.
En effet, Tidus est un esprit incarné bien particulier car il dispose de sa propre conscience – il a été ramené à la vie avant une véritable mort certaine. S’il apprend cette vérité, il disparaîtra – Bria, dans le roman Final Fantasy X-2.5, fût la première victime connue. Yuna ne peut donc s’autoriser à l’avoir à ses côtés, au vu des événements en cours, sous peine de risquer de le perdre ; ce risque s’était déjà manifesté sur l’île de Besaid invoquée par Johit, et Yuna avait dû le protéger en lui obstruant la vue.
Toutefois, une autre hypothèse complémentaire semble se poser. En effet, si le Conseil ou l’ancien peuple à la cause de Yevon venait à apprendre que Tidus est une entité très similaire voire identique à celles extirpées désormais de l’Au-delà, que se passerait-il au juste ? Tidus serait-il considéré comme les autres ? Serait-il renvoyé vers l’Au-delà ? Yuna perdrait certainement la confiance des autres en « bafouant » ainsi les principes de la vie et la mort, alors qu’elle représente tout un peuple désormais suite à ses exploits.
A ce stade, Yuna semble vouloir rapidement placer une distance entre elle et Tidus, afin de le protéger, ce que le jeune homme ne semble pas comprendre étant donné qu’il est inconscient de son état actuel. Yuna est une piètre actrice, par sa naïveté et son innocence, mais Tidus est encore plus crédule qu’elle, ce qui donne au final une scène ridicule où Yuna accuse Tidus de flirter avec d’autres filles avant d’en arriver à la rupture temporaire. On remerciera alors Square Enix de ne pas avoir assuré eux-mêmes la publication mondiale du roman Final Fantasy X-2.5, laissant alors nombreux fans désemparés face à la pseudo-mauvaise qualité de la scène.
Des cœurs de chimère et une guerre millénaire
Suite à tous ces événements, Yuna s’annonce au peuple et déclare qu’elle détruira Sin. Mais ici, point de temple, point de pèlerinage. La vérité sur Yevon a éclaté et rien ne saurait justifier désormais un tel mode opératoire. Il ne s’agit que de défaire un seul être : Yu Yevon, et ce sans ultime chimère. Mais assistera-t-on réellement à un combat direct entre Yuna et Yu Yevon ? En supposant que ce dernier garde le souvenir d’une défaite face à celle-ci et ses gardiens, il serait plus sage de penser qu’il optera pour une approche différente, à savoir mener une guerre à l’aide de ses « sujets » d’autrefois, ceux qui ont combattu à ses côtés lors de la guerre contre Bevelle. Si la force de Yu Yevon est aussi forte qu’on la conte, il devrait disposer de sa propre volonté suite à son retour, et faire revenir par lui-même ces morts sur Spira, il pourra au pire compter sur l’entité à l’origine de son retour pour le faire.
A ce sujet, bon nombre de ces morts ont quitté Spira à l’état de priant. Dès lors, dans quel état reviendrait un priant sous la forme d’un esprit incarné ? Serait-ce un simple humain, ou bien un priant défait de sa cristallisation ? Et sous quelle forme reviendrait au final Yu Yevon, cet être à l’apparence unique ?
Pour ma part, il est plus probable que Yu Yevon et ces priants reviendront en tant que simples humains, et que Yu Yevon fera d’une partie d’entre eux de nouveaux cœurs de chimères dans le but de faire renaître la Zanarkand d’antan, la vraie. Après tout, la Zanarkand actuelle est en ruine, et Yu Yevon ne pourrait se permettre une guerre sans un bastion protecteur, Sin s’étant avéré ne pas être intouchable. Pour le reste, Yu Yevon pourrait en faire une armée de combattants et d’invokeurs, alors retrouvera-t-il une position similaire à celle de son combat contre Bevelle, laquelle sera agrémentée de son expérience de cette première guerre. Yu Yevon pourrait alors mener une nouvelle guerre contre Yuna et Bevelle, dans un désir continu de destruction de son ennemi, désir alors partagé par son géniteur par la même occasion.
Face à une telle menace, Bevelle devrait alors employer une puissance équivalente, incluant l’utilisation d’invokeurs. Mais comment faire quand on ne dispose plus de priants ? Et pire, comment faire quand les machines commencent à rendre l’âme ? La réponse est pourtant simple : créer des cœurs de chimère.
Dans tout ceci, quels seront les rôles de Yuna et Tidus ? Comme évoqué auparavant, le parallèle scénaristique dans le roman Final Fantasy X-2.5 entre le couple Kush / Valm et le couple Yuna / Tidus n’est clairement pas anodin. Dans les deux cas se retrouvent un invokeur et son gardien. Dans le cas du premier couple, le garde était destiné à devenir le cœur de chimère de l’invokeur en vue de produire une invocation à la puissance dévastatrice de par le lien fort qui les unissait, et ainsi vaincre Zanarkand. Il se pourrait alors que cette éventualité se manifeste dans le périple de Yuna et Tidus.
Pourtant, songer que Yuna fasse de Tidus son cœur de chimère reviendrait à précipiter l’ensemble et ne pas offrir une dimension plus élevée à l’univers. Après tout, Yuna ne semble absolument pas décidée à avoir Tidus à ses côtés lors son périple, et loin d’elle l’idée d’en faire son cœur de chimère après tout ce qu’elle a dû endurer pour l’avoir à ses côtés. Avant de parler de ces deux êtres, d’autres éventualités moins évidentes pourraient survenir. En effet, il n’y a aucune condition particulière sur la genèse d’un cœur de chimère, seule la puissance du lien entre les deux partis aura un impact sur les invocations produites par l’invokeur. Il est donc possible que Yuna fasse de certains de ses compagnons de route, avec qui elle partage des liens suffisamment forts, ses cœurs de chimère. Cela se ferait bien entendu à contrecœur, mais durant des moments déterminants de l’histoire pour la survie de Spira. Combattre la mort par la mort comme on combattrait le feu par le feu. Par ailleurs, un priant est libre de se mouvoir comme bon lui semble, il pourrait alors très bien continuer à accompagner Yuna durant son périple, seul son corps physique resterait immobilisé.
Et qu’on se le dise bien, Yuna partirait alors en guerre ouverte. Fini les petites invocations, place aux grandes invocations produites par un lien puissant, prêtes à se déchaîner sur le champ de bataille et à tout détruire sur leur passage. Par ailleurs, il est bon de rappeler qu’une invocation peut prendre n’importe quelle forme, seulement Yevon contrôlait tous ces aspects par le passé en les limitant aux invocations produites par les priants des temples de Spira. Il est donc tout à fait pertinent de penser que Yuna pourra invoquer des armes de guerre si le besoin s’en fait sentir. Qu’ils sont beaux ces champs de bataille pleins de fleurs…
Dès lors, quels seraient les faits et gestes de Tidus dans cette histoire ? Si Yuna refuse sa compagnie, que peut-il bien entreprendre ? Le cas de Tidus est très complexe à analyser, mais une bonne hypothèse serait de penser que Tidus va subir un revers cinglant de la part de Yuna lorsqu’il cherchera à l’accompagner. Après tout, pourquoi Square Enix mettrait-il autant en valeur une scène de rupture entre les deux êtres si ce n’est pour annoncer un périple où ils seront séparés ? Dès lors, Tidus pourrait entrer dans une phase de doute et de questionnement sur les raisons d’un tel refus, dans un aspect complémentaire à la discussion entre Lulu et lui durant le drama audio Will sur les raisons de sa rupture avec Yuna.
Cela l’amènerait à se questionner de manière plus sérieuse sur ce qu’il représente réellement, à chercher des réponses, à voyager en vue d’obtenir ces réponses, dans une idée de rapprochement entre les événements actuels et l’être qu’il représente… flirtant de plus en plus avec la « mort » à mesure qu’il se rapproche de la vérité. Dans un certain parallèle, face à l’impasse imposée par Yuna, l’homme pourrait décider de participer à l’effort de guerre à sa manière, ne pouvant se résigner à rester les bras croisés, se mettant alors potentiellement en danger sans le savoir – la guerre est synonyme de mort, et la mort est tout ce que Tidus doit éviter, au risque de voir les furolucioles qui le composent s’éveiller. Au final, peut-être trouvera-t-il logiquement ses réponses sur le champ de bataille, malmenant encore plus sa relation avec Yuna si celle-ci venait à apprendre ses faits et gestes.
Au final, il serait pertinent de penser que les deux êtres suivront un chemin différent pour deux raisons différentes, avec potentiellement des rencontres inattendues à certains moments, mais finiront très certainement en un seul et même point, comme si la volonté de les rejoindre dans un certain but ne pouvait être défaite.
« Obéir aux règles ou se rebeller »… contre les dieux ?
« Obéir aux règles ou se rebeller », tels sont les mots de Kazushige Nojima durant le dernier chapitre du roman Final Fantasy X-2.5 : Le Prix de l’Éternité, pour désigner le choix à prendre par Yuna suite à tous ces événements auxquels elle et Tidus ont dû faire face et la réalité de vie et de mort qui se présente à eux.
Ces mots sont posés de manière floue dans le roman, mais je tends à penser qu’ils ont une signification profonde et vont mener Yuna et Tidus à se dresser contre les entités qui régissent la vie et la mort sur Spira. Au delà de la guerre contre Yu Yevon qui semble s’annoncer, il serait bon de poser un regard sur les éléments qui l’entourent et la provoquent. Pourquoi les morts peuvent-ils si aisément revenir auprès des vivants ? Pourquoi l’Au-delà est-il au final si lié au monde des vivants ? Pourquoi fusionne-t-il toujours plus avec ce monde des vivants ?
Les dieux sont des entités recensées dans le monde de Spira.
- Luchera, déesse de la guerre, donne-nous courage et sagesse au cœur de la bataille, protège-nous de tes ailes déployées.
- Kush, déesse de l’abondance, donne-nous notre repas et la famille avec laquelle le partager.
- Guard, protecteur de l’Au-delà, accorde-nous le calme et l’explosion.
- Valm, dieu de l’ordre, offre-nous la stabilité.
- Kanaela, déesse de la lune, protège-nous des ténèbres.
- Sloan, dieu de la vengeance, apaise notre rancœur.
- Meiyoh, dieu du soleil, baigne-nous de ta lumière.
- Et bien d’autres encore.
Ces noms étaient vénérés il y a très longtemps par le camp de Bevelle durant la guerre qui l’a opposé à Zanarkand – ce qui ne semblait pas le cas pour ce dernier. Mais aujourd’hui, presque aucune trace ne subsiste : la seule trace visuelle connue à ce jour est représentée par les restes de la statue de Luchera au sommet du col surplombant le village de Besaid. Yuna et ses gardiens ont alors prié inconsciemment la déesse de la guerre avant leur périple initial.
Certains noms laissent quelques pistes représentatives intéressantes sur les objectifs de Kazushige Nojima pour certains protagonistes et Spira dans son ensemble.
Kush est la déesse de l’abondance, son but est de s’assurer que tous puissent vivre en harmonie avec ceux qu’ils chérissent. Par le parallèle du couple Kush / Valm, Yuna serait donc cette nouvelle Kush. Cela trouve une logique tout à fait naturelle. En effet, Yuna cherche à ce que chaque famille puisse vivre heureuse, et elle en a fait la démonstration lors des événements au Sélénos où elle empêche Kurgum d’envoyer la mère décédée de la jeune fille l’ayant ramenée sur Spira, expliquant mot pour mot : « Personne n’a le droit d’interrompre ces retrouvailles ». Yuna va donc supposément jouer un rôle déterminant dans l’union des vivants et des morts au travers des événements à venir. Mais elle est entachée d’un biais qui pourrait faire pencher la balance trop fortement vers la fusion de la vie et la mort, aggravant potentiellement le chaos dont est victime Spira.
Valm est le dieu de l’ordre, son but est de s’assurer de la stabilité de Spira. Par le parallèle du couple Kush / Valm, Tidus serait donc ce nouveau Valm. Ironiquement, Tidus est pourtant à l’opposé de ce concept. Il est un être de chaos et la stabilité est tout ce dont il a besoin. Toutefois, dans l’idée où la théorie sur les actions à venir de Tidus se confirme, celui-ci va tendre naturellement vers la stabilité au fur et à mesure qu’il se rapproche de la vérité. Cette stabilité serait alors représentée par la mort de Tidus : s’il meurt définitivement, alors sa forme de chaos n’existera-t-elle plus, alors aura-t-il supposément atteint la stabilité, et potentiellement apporté celle de Spira au travers de ses actions à venir. Yuna étant son Némésis désigné, la tâche semble compliquée.
Enfin, parmi les noms les plus intéressants se trouve Guard, le protecteur de l’Au-delà. Son but est d’offrir le calme et l’explosion. Deux termes a priori incompatibles, mais en fait complémentaires. C’est par l’explosion et la destruction des entités chaotiques que le calme peut alors naître… et que l’Au-delà peut trouver sa paix, sa protection. Un élément très intéressant est que Guard est le seul être qui ne soit pas nommé « dieu », il est plutôt qualifié en tant que « protecteur ». En soi, « Guard » est le terme donné par le passé aux gardiens des invokeurs, il serait alors intéressant de penser que les gardiens étaient originellement des êtres en charge de la protection de l’Au-delà, afin de s’assurer que les morts et les vivants vivent séparés les uns des autres. Peut-être les gardiens retrouveront-ils implicitement cette fonction au cours des événements à venir…
En l’état, peu d’éléments permettent de proprement parler de ces divinités en tant qu’êtres bien à part, mais il serait opportun de penser que cette spirale de vie et de mort est régie par des entités de cet acabit. Après tout, pourquoi Kazushige Nojima se serait-il embêté à tant mettre en avant ces entités divines dans le roman ? Les dieux mentionnés dans le roman pourraient très bien n’être qu’une imagination des habitants de Spira, mais quand vie et mort se côtoient de manière si fusionnelle, n’est-il pas acceptable que de considérer la présence de tels êtres, dont la présence serait alors inconnue par l’humanité ? Par ailleurs, les apparitions à la Deus Ex Machina ne sont pas étrangères à la série, elles sont mêmes récurrentes, et Final Fantasy X, dont la vie et la mort sont les piliers narratifs, est un des titres le plus à même de mettre en valeur un tel concept sans tomber dans un certain cliché. Ne pourrait-on pas alors hasarder que des entités divines ont plongé Spira dans le chaos suite aux actions des priants et Yuna de jouer autant avec la vie et la mort, pour à leur tour se jouer d’eux et leur montrer que certaines actions ne peuvent rester sans conséquence ?
A mon humble hypothèse, il apparaîtrait sensé que l’histoire de Tidus et Yuna se conclue sur un affrontement de telles entités, telle la rébellion évoquée par l’auteur, afin de mettre un terme à cette promiscuité entre la vie et la mort, de les séparer une bonne fois pour toute… ou peut-être les fusionner pleinement et pour toujours. C’est alors en ce point que la relation entre Tidus et Yuna devrait trouver son paroxysme, là où Yuna sera ultimement contrainte de faire de Tidus son cœur de chimère, là où les deux êtres fusionneront leur amour étrange mais puissant de chacun, là où la vie et et la mort fusionneront pour donner genèse à un être dont la puissance pourra rivaliser avec les dieux… l’ultime chimère.
Soumis au chaos, le gardien dénué de vie cherche inlassablement ses réponses, se rapprochant ultimement de la mort. Mais l’invokeur, par son amour déviant, l’y refuse et met aveuglément en danger ce qu’il cherche à protéger. Dès lors, l’amour de tels êtres finira-t-il par fleurir dans le monde des vivants… ou bien dans l’Au-delà ?
Petite note de fin
Chuami proclame être la fille d’Auron. Cela n’a certainement pas été posé au hasard. De ce fait, il est probable que ses dires seront justifiés lorsqu’elle le ramènera supposément de l’Au-delà via son amour envers son supposé père, peut-être lors d’une phase de désespoir de la jeune femme, ajoutant alors notre trentenaire badass au casting de l’intrigue à venir.
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