Après une annonce en grande pompe sous le nom « Project Athia », celui qui se fait appeler désormais Forspoken a enchaîné trailers et séquences de gameplay sans toutefois parvenir à enchanter les foules. Gentiment ignoré, voire carrément moqué, le futur titre de Luminous Productions n’avait pas réussi à faire passer son message aux joueurs. Et si nous n’avions pas pu y jouer lors de la PGW, nous avons en revanche eu la chance d’être invités à une preview de trois heures pour enfin nous faire notre propre idée du jeu.

 

Merci à Square Enix et toute l’équipe présente sur place pour l’invitation !

 

L’avenir appartenant aux gens qui se lèvent tôt, c’est à 4h45 du matin que mon périple a commencé. Après deux heures de train et presque une heure dans le Dédale de l’Enfer (que les locaux appellent « métro »), je suis arrivé à l’hôtel où se déroulait la présentation du jeu. Douze litres de café et deux croissants plus tard, j’étais fin prêt pour le début de cette session découverte qui a commencé par une présentation de Luminous Productions et Forspoken en compagnie de Takeshi Aramaki (directeur de Forspoken), Takefumi Terada (co-directeur) et Raio Mitsuno (creative producer). L’occasion de revenir sur le passif du studio qui est en grande partie responsable (en bien ou en mal, nous vous laisserons juger) de Final Fantasy XV. S’en suivront un rappel sur les objectifs visés par Forspoken ainsi que quelques conseils concernant notre session de jeu. J’ai ensuite pris place devant l’une des vingt PS5 disponibles (soit l’intégralité du stock français) pour enfin tâter le titre. N’ayant pas pu embarquer mon ordinateur, je n’ai pas récupéré d’images de ma session. J’illustrerai donc cet article avec des captures représentatives de mon expérience provenant du site officiel.

 

Durant ces trois heures de jeu, nous avions le droit de parcourir les chapitres 2 à 5. L’occasion de découvrir les premières heures de l’aventure, le tutoriel et s’essayer au parkour. Afin d’être le plus informatif possible, je vais séparer cette review en plusieurs parties selon les thèmes abordés. Cela vous permettra de lire uniquement les parties qui vous intéressent afin d’éviter d’éventuels spoils.

 

Scénario

Après un rude atterrissage suite à un voyage interdimensionnel, Frey se retrouve dans le monde d’Athia avec un étrange bracelet parlant qu’elle appellera Krav (diminutif de… poucrave). Pas le temps de s’attarder sur cette situation plus qu’étonnante puisqu’un énorme dragon vient gâcher la fête. Il s’agira alors de fuir tout en découvrant les rudiments du combat et les bases de l’univers. Le monde d’Athia a été ravagé par la Brume et seule la cité de Cipal a été épargnée. Ce dernier bastion de l’humanité doit toutefois faire face aux monstruosités hantant les terres alentour et vit dans la peur des terribles Tanntas. Autrefois souveraines bienveillantes, ces femmes ont basculé dans la folie et œuvrent pour le mal. Comme dans tout Isekai qui se respecte, Frey va se retrouver mêlée aux problèmes de ce monde et sa quête pour rentrer chez elle sera intimement liée au sauvetage d’Athia.

 

Preview Forspoken

 

Si ce postulat de départ n’est pas franchement original, Forspoken jouit cependant de dialogues bien écrits et étonnamment comiques. Le duo Frey/Krav fonctionne bien et le décalage constant entre Frey et les habitants de Cipal donne lieu à des situations amusantes mais jamais lourdingues. Que ce soit par ses expressions ou ses références bien contemporaines, Frey se montre attachante mais surtout assez représentative de la manière dont une personne normale se comporterait dans la même situation. Krav quant à lui a un petit air m’ayant rappelé Weiss dans Nier, leur condition d’objet inanimé érudit et exaspéré étant très similaire. Nos deux héros parlent beaucoup mais cela reste sympathique à suivre. Contrairement à Atreus (GoW) ou Aloy (Horizon), qui vous donnent les réponses aux énigmes ou vous indiquent la présence de coffres au bout de deux secondes, nos deux compères se contenteront de discuter de la situation ou de se lancer des piques.

 

1/4
Preview Forspoken
Preview Forspoken
Preview Forspoken
Preview Forspoken

 

À l’opposé des mondes ouverts comme Breath of the Wild ou Elden Ring, le scénario est très présent dans Forspoken. Il y a de nombreuses cutscenes qui viennent étoffer l’univers ou développer l’histoire. Malgré son esthétique très occidental, le titre de Luminous Productions nous rappelle qu’il est conçu par des japonais habitués aux très longues introductions. Ainsi, après un chapitre 2 bien rythmé, c’est sur un long tunnel de dialogues que s’ouvre le chapitre 3. Certes il faut exposer l’univers et les enjeux, mais cela aurait pu être fait de manière plus fluide… Ce manque de naturel se fera de nouveau sentir lorsque, à quelques mètres du boss, le jeu vous obligera à examiner six tableaux vous détaillant le passé des Tanntas. De quoi casser le rythme du récit. Heureusement les doublages anglais sont de qualité et se montrent agréables à suivre. Petit point sur la localisation d’ailleurs : l’entièreté du jeu sera traduite en français, textes et dialogues. De quoi ravir les plus anglophobes parmi vous.

 

Malgré des enjeux assez classiques, Forspoken semble jouir de dialogues bien écrits et d’un univers travaillé. Les premiers chapitres se parcourent avec plaisir et j’en suis ressorti curieux de connaître la suite. Reste à voir si l’équilibre entre scénario et gameplay sera bien pesé.

 

Preview Forspoken

 

Combat et système d’équipement

 

Les combats de Forspoken reposent entièrement sur la magie. Lors de cette session, nous n’avions accès qu’à la magie élémentaire de terre mais chaque Tannta vaincue débloquera un nouvel élément (le premier étant l’élément feu à la fin du chapitre 5). Difficile donc de parler des combos et associations de magie entre les éléments.

 

Concernant la magie de terre, elle consiste principalement à bombarder à distance vos assaillants de rochers plus ou moins gros. Trois types de tirs étaient disponibles : un tir simple pouvant être chargé pour plus de dégâts, un tir en rafale et un bouclier qui explose sur l’ennemi en cas d’impact. Ces attaques sont associées aux gâchettes R1 et R2. La première sert à switcher de types de tirs, occasionnant un ralenti à la FF VII Remake, et la seconde à attaquer. Les systèmes de visée et de ciblage répondent bien et ne posent aucun problème sur des ennemis peu nombreux. Les choses se compliquent cependant en cas de groupes plus important ou d’adversaires rapides. Sélectionner sa cible devient alors fastidieux et la caméra a tendance à se perdre dans le décor ce qui occasionne quelques problèmes de visibilité. Une lecture de l’action qui est d’ailleurs parfois compliquée à cause des effets de lumières et d’explosions accompagnant chaque magie. L’écran se retrouve souvent surchargé d’informations et il est difficile de comprendre ce qu’il se passe. Une situation dont l’équipe semble avoir conscience puisque maintenir la touche rond permettra à Frey d’éviter automatiquement la plupart des assauts. Cependant, une utilisation plus précise entraînera un ralenti bien pratique pour blesser vos ennemis. Frey possède aussi un contre (placé sur triangle) qui annule les dégâts, vous soigne et fait très mal. La fenêtre de parade est très généreuse et vous permettra de ridiculiser avec aisance les ennemis les plus retors, boss y compris. Attention toutefois, cela ne fonctionne que sur les attaques physiques. En affaiblissant suffisamment vos opposants, vous pourrez déclencher un finish qui restaurera votre vie. Vie qui part d’ailleurs très rapidement tant Frey se montre frêle. Il faudra donc user de vos potions ou des magies de soutien associées aux gâchettes L1 et L2. Le fonctionnement est le même que pour les magies offensives mais vous aurez ici tout un panel d’attaques fort pratiques. Immobilisation temporaire, plante qui attaque les ennemis à proximité, fouet qui redonne de la vie… Ces magies ne sont clairement pas à sous estimer mais nécessiteront d’être utilisées au bon moment car elles possèdent un temps de recharge. Dernier point, la possibilité de lancer une super attaque une fois une jauge remplie qui inflige de gros dégâts.

 

1/3
Preview Forspoken
Preview Forspoken
Preview Forspoken

 

Le système de magie de Forspoken semble proposer de nombreuses possibilités mais le fait que l’on reste bloqué avec la même magie pendant les premières heures est quelque peu frustrant. Le manque d’attaques au corps-à-corps et de variété dans nos coups risque d’entraîner une certaine lassitude qui nous poussera à faire en priorité l’histoire pour débloquer tous les éléments.

 

Concernant la personnalisation de Frey, vous avez la possibilité de changer de cape ou de colliers et modifier vos vernis. Rien de très révolutionnaire là-dedans même si remplacer les anneaux si chers aux héros de RPG par du vernis est plutôt bien trouvé. Impossible en revanche de passer à côté des désormais obligatoires arbres de compétences. Chaque élément possède donc sa propre arborescence de compétences et techniques à déverrouiller. Il y a une nuance toutefois puisque obtenir une compétences ne vous permettra pas de l’utiliser de suite. Il faudra d’abord trouver une bibliothèque (qui se situe dans les points de repos) et activer le défi correspondant pour ensuite pouvoir l’utiliser. Ces épreuves consistent à tuer un certain nombre d’ennemis avec une méthode particulière et ne devrait pas trop poser de problèmes même si la limitation vous interdisant de lancer plus de trois défis à la fois pourrait être ennuyeuse sur le long terme.

 

1/3
Preview Forspoken
Preview Forspoken
Preview Forspoken

 

Les combats quant à eux sont assez nerveux et extrêmement bien animés. On retrouve énormément d’éléments rappelant Noctis dans les déplacements de l’héroïne. L’ombre de Final Fantasy XV plane d’ailleurs au-dessus de la quasi-totalité du jeu tant les deux titres ont en commun tout en parvenant à tout de même se différencier sur plusieurs points. Les ennemis possèdent des forces et faiblesses élémentaires ce qui nous poussera à changer de magies à la volée. Étrange donc de nous opposer à des ennemis résistants à la terre alors que nous n’avons pas d’autres options au début du jeu. En résultent des affrontements fastidieux que l’on aura tendance à écourter le plus possible, voire à carrément éviter. Les boss en revanche sont agréables à affronter et vous pousseront à utiliser toutes vos techniques à fond. Pas forcément très durs (je n’ai pas vu s’il y avait la possibilité de changer la difficulté), ils restent néanmoins intéressants et demandent de rester concentrés. Je prends pour exemple Tannta Silas, la boss du chapitre 5, qui possède plusieurs phases, un grand nombre d’attaques différentes et ne vous laisse que peu de répit. Rien d’insurmontable toutefois, nous sommes loin d’un Souls-like.

 

Preview Forspoken

 

Difficile d’avoir un avis définitif sur les combats de Forspoken. Visuellement somptueux, les sorts ont aussi tendance à rendre l’action brouillonne surtout dans les lieux exigus. Le fait de rester bloqué avec la même magie à distance pendant minimum cinq heures m’inquiète aussi sur le rythme global de l’aventure et le plaisir que l’on aura à affronter les ennemis classiques. Parce que si les bandes-annonces nous montrent des enchaînements de magies incroyables, nous en étions très très loin ici. En dehors de ces interrogations, nous sommes en présence d’un gameplay classique mais efficace qui saura contenter le plus grand nombre.

 

Déplacements et monde ouvert

 

Le monde ouvert de Forspoken ne devient véritablement explorable qu’à partir du chapitre 4. Une fois sortie de la cité de Cipal, vous pourrez vous balader librement dans le monde d’Athia afin d’accomplir des quêtes annexes (comme retrouver des moutons perdus…), trouver des points d’intérêt (les classiques tours sont remplacées ici par des beffrois) ou vous confrontez aux hordes d’ennemis peuplant ce monde. Si le tout se montre très joli artistiquement, il en ressort une impression de « vide » qui, même si elle est justifiée par le scénario, pourra gâcher un peu le plaisir d’exploration. Heureusement la présence de petits défis, et probablement de donjons annexes, devrait, je l’espère, rectifier cela. À noter que vous ne pouvez sauvegarder qu’à deux endroits dans Forspoken. Soit en trouvant un lit dans l’un des refuges encore debout, soit en allumant un feu de camp à n’importe quel moment. Fort pratique, cette deuxième option nécessitera cependant d’avoir ramassé du bois et d’avoir éliminé toute menace alentour auparavant.

 

Preview Forspoken

 

Au niveau des points positifs, l’interface est très discrète et s’efface la plupart du temps pour vous laisser profiter des environnements. La possibilité de mettre en surbrillance les ennemis ou les coffres d’une simple pression sur une flèche du pad est également une bonne idée. Enfin, vous n’aurez pas à ouvrir votre carte toutes les deux minutes pour vous diriger puisque là encore, une pression sur une flèche déclenchera une traînée lumineuse qui vous aiguillera vers votre objectif. Concernant le fameux parkour magique, là encore nos options étaient limitées. Nous avions tout de même accès à une course rapide qui permet de franchir automatiquement les petits obstacles tout en vous autorisant des bonds démesurés. Activable en maintenant la touche rond, ce sprint s’avère très agréable à utiliser et permet de couvrir de vastes distances en un instant. Rappelant Marvel’s Spider-Man à certains moment, Frey est toutefois moins agile que notre tisseur préféré. Impossible en effet de courir le long de parois trop abruptes et il est assez courant de se retrouver coincé dans des éléments du décor. Pas de quoi gâcher la fête toutefois, ces déplacements magiques restant l’un des véritables atouts du titre.

 

Technique

 

Dernier point, l’aspect technique. Forspoken est beau. Visuellement, les graphismes sont de qualité et sont soutenu par une direction artistique réussie. Les environnements, les monstres (notamment ce magnifique dragon du début) ou bien encore les personnages, tous ont fait preuve d’un soin particulier. Et si les sortes d’arches montagneuses rappellent beaucoup FF XV, il n’en est rien pour le reste du titre qui parvient à avoir sa propre patte. Concernant la musique, je vous avouerai ne pas y avoir fait plus attention que ça. Elle accompagnait l’action de manière efficace mais ne m’a pas marqué.

 

Preview Forspoken

 

Le jeu tournait sans ralentissements sur PS5. Il n’y avait pas de soucis visuels (pop-up, aliasing…). Rien à dire de ce côté-là. Concernant la modélisation des personnages, le travail de rendu des développeurs est admirable. Les acteurs ont été retranscrits fidèlement en jeu et l’aspect quelque peu « étrange » que j’avais relevé lors des trailers (à la frontière de la vallée dérangeante) était absent ici. Certains visages restent un peu figés lors de dialogues mineurs, mais c’est un détail au vu du travail global.

 

Pas franchement convaincu par les trailers, j’ai été agréablement surpris par ces quelques heures passées en compagnie de Frey. Si le jeu de Square Enix ne révolutionnera pas les open-worlds, il possède néanmoins des arguments solides pour occuper quiconque est en mal de vastes étendues à explorer. Avec sa direction artistique travaillée, son système de parkour agréable et ses magies visuellement impressionnantes, Forspoken s’annonce comme un titre classique mais efficace. À surveiller donc !

 

Sortie le 24 janvier 2023 sur PS5.