Bien conscients que nombre d’entre vous viennent tout juste de poser leur dévolu sur le jeu, ou plus ennuyant, sont encore dans l’attente de sa réception, ce billet confrontant nos attentes aux premières impressions est naturellement exempt de révélations malvenues. Nous n’abordons que très succinctement le déroulé du jeu, et éludons volontairement le fond pour nous concentrer sur un ressenti plus en surface. Le temps de l’analyse plus étudiée viendra nécessairement, mais d’autres angles nous paraissent pertinents avant d’y venir franchement. Nous vous souhaitons une agréable lecture et comptons sur vos retours.
Skypirate : un remake qui évite le piège de la restauration trop orgueilleuse
Final Fantasy VII Remake est enfin disponible et il arrive sans doute au moment où nous avions le plus besoin de lui, c’est à dire d’une expérience dédiée au divertissement et à l’évasion. Si la situation sanitaire a permis la distribution anticipée du jeu depuis début avril, les aléas de l’acheminement ont créé des situations hétéroclites si bien que certains attendent encore leur exemplaire à l’heure où j’écris ces lignes.
Si le remake existe très officiellement depuis l’E3 2015, le feuilleton alimentait les discussions depuis (trop) longtemps si bien que l’on semble sortir de tergiversations infinies. 10 ans avant l’annonce, une démo technique destinée à la PS3 relançait la déjà très prolifique machine à fantasmes, tandis que l’équipe du jeu original paraissait saisir l’essentiel des perches tendues avec un certain amusement Au delà d’un intérêt plus ou moins timoré selon le planning de chacun (difficile d’imaginer la gestation d’un remake sur PS3 alors que la compilation XIII occupait toutes les forces vives de Square Enix), c’est surtout la question des choix face à la masse de travail qui semblait freiner l’éditeur.
On connaît finalement le compromis décidé avec un format épisodique abordé pas très franchement et dont l’équipe du jeu aura préféré étouffer les contours à mesure que la sortie approchait. Jusqu’à jouer l’ambiguïté totale sur la jaquette. C’est à titre personnel une décision qui me dérange même si j’en comprends les motivations. C’est à dire que Square Enix aura tout tenté pour imposer l’arc Midgar comme une expérience à part entière car inquiet des raccourcis faciles et de la réception du grand public devant une numérotation franche.
L’annonce réussie du jeu a été remarquablement portée par les déclarations de son équipe (composée naturellement de ses pères originaux) consciente qu’il était essentiel de reprendre les éléments iconiques tandis que proposer une transcription trop sage ou mimétique ne présenterait qu’un intérêt limité. J’avais à ce titre décidé de porter un regard curieux sur cette gestation, mais aussi parfois très détaché, pour accueillir les changements dans les meilleures conditions, même si l’idée que les ressources de l’éditeur soient mobilisées en nombre m’inquiétaient, parce que cela se ferait certainement au détriment d’un nouvel épisode canonique dont nous ne savons rien pour le moment sinon qu’il est forcément sur des rails.
Concernant l’ambiance et la transposition des moments incontournables, il semble inutile de ménager un faux suspens puisque mes premiers instants dans ce remake ont surtout été marqués par le remarquable travail réalisé en matière d’ambiance. Après un premier chapitre (celui de la démo, donc) intense, clinquant et spectaculaire, le jeu nous plonge vite dans une cité de Midgar bien plus posée avec en toile de fond ses bidonvilles où flirte une affliction pas encore tout à fait résignée.
Très attaché à son récit, ce remake impose également son rythme, au risque de quelques lourdeurs récurrentes et dont les ressorts passés d’âge (scripts lourdingues au sein des environnements, transitions inutiles) tranchent avec une réalisation rutilante. Cette construction déconcertante est heureusement au service d’une immersion pertinente et d’une écriture globalement soignée et qui permet à Square Enix de proposer un récit hypnotique et généreux à plus d’un titre. Là aussi, et si les inquiétudes paraissaient légitimes autour de la durée de vie, les frayeurs s’envolent vite puisqu’entre le développement de nouveaux arcs permettant de faire exister des personnages jusque là très secondaires voire inconnus, le titre se montre très généreux.
Final Fantasy VII Remake place aussi le divertissement au premier rang. Si la restauration est modernisée à plusieurs niveaux, ce remake assume également parfaitement sa condition de récréation ancrée dans «son jus » avec la multiplication de ressorts ludiques anachroniques et de mini-jeux à l’intérêt plus ou moins discutable, mais qui font la part belle au divertissement et qui soulagent le ton de la trame. Le titre ne se prend jamais trop au sérieux et fait preuve d’une retenue heureuse alors que la tentation, et même le piège, d’un spectacle trop guindé et solennel aurait pu se refermer stupidement sur l’expérience.
Beaucoup d’autres aspects sont particulièrement satisfaisants, et notamment un système de combat dynamique, plutôt stratégique et bien équilibré (ouf, suis-je tenté d’écrire après les expériences Final Fantasy XV et Kingdom Hearts III que je considère détériorées à cause de ce problème d’équilibre justement) qui s’envole à des niveaux épiques contre les boss nombreux et intéressants, mais il est encore trop tôt pour faire les comptes. En évitant le piège de la restauration trop orgueilleuse, et en proposant un système de combat intelligemment calibré, Final Fantasy VII Remake déjoue mes plus grandes craintes, et si sa construction me contrarie parfois, je tiens à louer le plaisir que je ressens à le parcourir, et mon ravissement devant tant de générosité.
MuuraSama, se rendre compte de manière plus forte et claire de la portée de nos actes
Il aura donc fallu attendre un peu moins de cinq ans, et un Final Fantasy canonique, pour que Final Fantasy VII Remake pointe le bout de son nez sur PS4. À une époque où les « remake » et autres « remaster » sont légion et donnent le ton sur ce qu’il faut faire, ou éviter absolument, en terme d’expérience de jeu, les craintes et attentes des joueurs étaient plus ou moins importantes en ce qui concerne cette revisite du septième opus.
De mon côté, je n’avais pas d’attentes particulières pour ce Remake, Final Fantasy XV étant passé par là et avec lui une certaine déception personnelle. C’est donc sans attentes particulières, mais avec un regard à la fois intrigué et demandant à être surpris, que je me suis lancé dans ce premier voyage au cœur de Midgar.
Si dans le jeu original, on ne fait qu’effleurer cette mégalopole cyberpunk, le pari d’en faire ici tout un jeu était pour le moins osé voire risqué (et même pas vraiment assumé par Square Enix à s’en tenir aux promesses de la jaquette). S’il est encore trop tôt pour moi pour livrer un ressenti complet, je n’en suis qu’au premier tiers de l’histoire, le pari est pour l’instant une réussite à mes yeux. Mêlant intelligemment histoire originelle et originale tout en incorporant des éléments de la « compilation FFVII », le récit profite du temps qui lui est alloué pour poser calmement et clairement son propos. Il nous permet de nous rendre compte de manière plus claire et plus forte de l’impact de nos actes sur la ville mais également de l’implication intrinsèque de la Shinra dans notre histoire, quitte à rabattre parfois les cartes.
Du côté du système de jeu, l’expérience est pour le moment une petite réussite. On ressent l’influence des différentes mécaniques éprouvées dans les opus précédents, XIII et XV en tête, mais également Kingdom Hearts III, qui ont servi aux équipes pour proposer un système plutôt bien pensé et équilibré procurant un certain plaisir de jeu. Bien entendu, tout n’est pas parfait (caméra un peu récalcitrante parfois, problèmes de textures, etc…). Si l’heure n’est pas encore au bilan tout ceci est bien engageant pour le moment.
Je ne peux pas conclure ce premier ressenti sans glisser un petit mot sur la bande son et de son rôle dans l’expérience. Si certains remix secondaires sont parfois un peu douteux (mais ce n’est pas une nouveauté dans les jeux Square), la « B.O. » est ici d’une grande qualité et fait sa partie du travail pour soutenir l’histoire et ce parfois de manière magistrale. Bref, un petit régal.
En conclusion, pour le moment, je suis pleinement satisfait de mon expérience de jeu. FFVII Remake réussit à me transporter dans un monde à la fois nostalgique et nouveau tout en me procurant du plaisir de jeu. À moins que tout cet enthousiasme ne retombe dans les prochaines heures de jeu (j’en doute), ceci promet bien de belles choses pour la suite du jeu mais également pour le(s) futur(s) jeu(x) de ce récit qui continue de faire vibrer le fan qui est en moi.
Light Cloud : le sentiment de retrouver de vieux amis comme si le temps n’avait eu aucune emprise
Le 16 juin 2015 : une date qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. Square Enix dévoilait pour la toute première fois, durant un salon de l’E3 mémorable à plus d’un titre, la gestation d’un remake dédié à la PS4. Les larmes aux yeux au sortir de l’annonce, plus aucune place n’était laissée au doute. Le remake du jeu le plus culte de ces vingt dernières années allait passer du statut tenace de fantasme à celui de … réalité.
Il aura fallu presque cinq ans d’attente, pour pouvoir enfin toucher du doigt cette septième fantaisie finale revisitée. Un long week-end Pascal confiné propice à la redécouverte d’une ville de Midgar totalement sublimée en compagnie de Cloud et sa bande. De vieux amis, qu’on avait perdus de vue depuis un moment mais qu’on a plaisir à retrouver comme si c’était hier. Après une quinzaine d’heures de jeu, je ne peux en l’état que vous livrer un modeste premier ressenti et sans suspens, aucun, le résultat se montre à la hauteur de mes espérances (et dieu sait que j’en avais …). Le titre compte certes son lot de bévues, mais ma condition de fan est comblée.
Le plaisir des yeux d’abord, et l’esthétique du jeu en général, simplement M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E (hormis certaines textures très vilaines). Les personnages désormais doublés, et presque photo-réalistes, facilitent grandement l’immersion et encouragent notre capacité à s’identifier à eux alors que leurs pendants pixelisés réclamaient parfois de gros efforts. Ils sont d’ailleurs nettement mieux écrits (mention spéciale à la petite troupe d’Avalanche), leur rajoutant une certaine profondeur, qui est ici, grandement la bienvenue.
Autre aspect essentiel de ce remake, le système de combat. Quelle claque ! Une combinaison parfaite entre le gameplay nerveux de Final Fantasy XV couplé au très apprécié – et toujours efficace – système de matérias, qui rend le jeu beaucoup plus stratégique puisque bourriner sans relâche la touche d’action ne sert strictement à rien sinon vous mener à un game over certain. Les boss étant particulièrement tenaces, il faudra faire preuve d’analyse et de patience pour en venir à bout. Comme je le décrivais plus haut, le jeu est perfectible, notamment à cause de son aspect un peu trop dirigiste (la construction en forme de couloirs), quelques soucis de caméra et de lisibilité dans les combats (mais rien de très grave), des textures d’objets, de PNJ un peu malheureux… On lui pardonne heureusement très vite ses égarements tant le jeu nous régale de cinématiques à tomber par terre et à la mise en scène complètement folle ! Je suis encore (heureusement) loin d’avoir terminé l’aventure, mais bien conscient du caractère épisodique du jeu, l’attente future du deuxième volet m’apparaît déjà pénible …
La tâche qui attend les développeurs pour la suite semble on ne peut plus ardue mais faisons leur confiance, ils semblent en tout cas s’en être déjà montrés dignes, « the best is yet to come ». En attendant, je vais continuer de savourer chaque heure de jeu, chaque minute, chaque seconde comme une friandise en cette période de Pâques. Il est temps pour moi de vous laisser, le Wall Market m’attend !