Annoncé lors de la conférence du constructeur Sony à l’E3 2015, le reboot de la franchise Hitman devrait, selon Square Enix, renouer avec les fans qui ont boudé l’épisode Absolution sur PC et les anciennes générations de consoles. La composante essentielle de ce nouvel opus se base sur les différentes méthodes d’assassinat, en favorisant une certaine liberté d’approche pour de nombreuses possibilités de mises à mort, à expérimenter et à améliorer. L’agent 47 arrivera finalement avec trois mois de retard, il était initialement prévu pour le 8 décembre de l’année dernière, mais IO Interactive s’est exprimé de façon officielle sur le sujet en précisant sa volonté de fournir « le meilleur jeu pour tout le monde ». La bêta arrive bientôt et accueillera tous ceux qui ont pré-commandé l’Intro Pack ou l’intégralité des 6 missions dès le 12 février 2016 sur PlayStation 4, puis le 19 sur PC. Mais avant cela, petit retour au mardi 26 janvier dernier où une poignée de journalistes dont l’équipe de Final Fantasy Dream, a eu le privilège de faire le voyage jusqu’à Londres afin de tester en avant-première le contenu qui sera disponible lors de la sortie d’Hitman pour le début du mois de mars. Nous vous livrons tous les détails sur cette excursion londonienne, qui nous a vite remis dans le contexte de la France une fois arrivés sur place.

Par rom-staytion

 

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Comme vous le savez probablement, Hitman prend une forme épisodique répartie en six contrats de mission, ils seront distribués à intervalles d’un mois et demi environ à partir du 11 mars prochain. L’Intro Pack, vendu à 14.99€, comprend deux missions d’introduction, et une mission principale se déroulant dans le somptueux décor d’un château en plein centre de la ville de Paris, pour l’occasion d’un défilé de haute-couture de la marque « Sanguine ». Délivrer les missions au fur et à mesure est un choix risqué, mais compréhensible dans l’optique de cette nouvelle expérience d’Hitman. Il faut bien se mettre dans la tête qu’il n’y a pas grand intérêt à effectuer une mission en ligne droite, Hitman est un jeu aux multiples possibilités, et c’est bien ce que compte prouver Square Enix avec ce reboot de la franchise. Ce laps de temps entre les différents épisodes permettra aux joueurs de vivre pleinement l’expérience Hitman à 100%, en découvrant toutes les possibilités de meurtres qui rendent plus au moins difficile la tâche de la mission. Mais nous pouvons deviner à des kilomètres qu’une grande partie de la communauté de joueurs se plaindra du maigre contenu, et ainsi, passera à côté de toute la richesse d’un seul niveau qui peut faire perdurer l’expérience près d’une dizaine d’heures de jeu.

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Graphiquement, il faut admettre que le rendu n’est pas à la hauteur des cinématiques, et du sacro-saint 1080p/60fps. Mais le résultat reste tout de même largement satisfaisant lorsque nous prenons en considération le nombre incroyable de PNJ présents, tous en action avec une mise en scène prédéfinie et variable par rapport aux effets de vos actions sur l’environnement, en entraînant des réactions et des conséquences. Dans la première scène de la mission d’introduction, l’homme en costard pose la première fois ses yeux sur une montagne enneigée, cette vue est malheureusement gâchée par un lissage des textures au loin qui prennent une forme cubique, tandis que les objets autour ainsi que le chara-design sont finement détaillés. Le titre a été testé sur une version PS4 préliminaire (encore en chantier), il était disponible également sur Xbox One, et sur PC où l’optimisation des graphismes semble honnêtement clairement supérieure. La narration et l’histoire sacralisées dans Absolution sont complètement laissées de côté pour ce reboot, tout se déroule désormais via le menu principal avec les différents contrats et les divers objectifs à atteindre.

Pour commencer, il n’y a pas de doute possible, nous sommes bien plongés dans l’ambiance et l’univers d’un Hitman, et une fois la manette en main, c’est tout de même un plaisir de contrôler l’agent 47 sur next-gen. Le but d’une mission est clair, vous acceptez un contrat d’assassinat pour éliminer une personne en particulier, mais c’est loin d’être terminé une fois l’objectif atteint. Le jeu lui-même vous propose, après la première mission très guidée pour atteindre la cible, de la recommencer avec de nouveaux éléments à disposition qui laissent aux joueurs une liberté d’action très agréable. La jouabilité est simple et intuitive, les possibles actions apparaissent à l’écran avec l’icône de la touche associée, mais ce n’est pas pour autant qu’il est aisé de remporter tous les défis d’assassinats avec succès. La discrétion, l’infiltration et la patience sont les maîtres mots de cet opus, il faut être attentif et vigilant à tout ce qui entoure notre agent afin de capter la moindre information permettant d’obtenir une piste sur la façon d’éliminer la cible. Le système est plutôt bien fait sur l’écoute des conversions environnantes, avec le son qui est capté en fonction du champ de la caméra et de la distance des ennemis espionnés, ce qui apporte une certaine immersion et demande une profonde concentration. Mais c’est aussi des documents révélant des indices, ou tous autres objets comme du poison pour accomplir votre devoir d’agent.

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Lors des deux premières missions de l’introduction, c’est au total pour chacune une petite dizaine de façons de faire pour atteindre l’objectif. Et pour y arriver, nom de code 47 devra, comme à sa grande habitude, se déguiser pour passer incognito entre les mailles du filet. Gardien de sécurité, agent de maintenance, serveur, policier, militaire, c’est autant de facettes que peut revêtir notre héros, mais il ne faut pas oublier que ceux qui portent le même costume sont plus aptes à repérer un comportement suspect. Bien d’autres surprises en matière d’apparats apparaissent dans l’épisode de Paris (affaire à suivre). Même si Hitman garde cette ambiance et cette atmosphère dignes de la série, nous pouvons constater de légères modifications dans le gameplay, comme le fait de courir qui n’a plus l’air d’alarmer les gardes ou les PNJ, ou d’avoir le temps d’agir au corps à corps contre une IA un peu lente à la détente quand il s’agit de vider le chargeur. Néanmoins, si cette technique marche sur un ou deux ennemis isolés, cela sera totalement différent contre une douzaine d’hommes armés jusqu’aux dents.

Pendant la recherche d’indices, vous êtes libres d’agir en totale autonomie et de laisser libre court à votre instinct de tueur virtuel pour mener à bien les différentes mises à mort de la mission, les puristes s’en donneront à cœur-joie. Pour ceux qui n’ont jamais joué à un jeu de la franchise, IO Interactive a mis en place (en plus des indications de la carte) un nouveau système d’aide se voulant non-intrusif, nommé « opportunités ». Après l’écoute d’une conversation ou de la lecture d’un document, vous pouvez choisir ou non de suivre cette opportunité afin d’être guidé, pas à pas, dans l’élimination. C’est une bonne idée pour aider les nouveaux joueurs qui tenteront pour la première fois l’expérience Hitman, afin d’être aiguillés sur les habitudes de jeu, mais c’est aussi un système qui n’entravera en rien l’expérience des habitués qui préfèrent généralement se débrouiller par eux-mêmes. Évidemment, chacun a son avis sur la question. Certaines mises à mort sont aisées à trouver et à exécuter, mais cela demande avant tout de l’observation sur les mouvements de la cible et des ennemis afin d’agir au bon moment et au bon endroit. D’autres sont bien plus complexes et demandent une bonne analyse des objets, des éléments et des personnages qui vous entourent afin de rallier les différents indices pour mettre en place votre plan. Les missions du prologue sur le bateau et dans le hangar sont petites en terme de superficie, mais offrent déjà un bon avant-goût des multiples possibilités de l’agent 47 pour mener à bien sa mission. Cependant, l’ampleur est différente lorsque nous posons le pied sur le sol parisien, devant la propriété d’un immense château de trois étages en bord de Seine avec vue sur la Tour Eiffel.

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Même si l’endroit est totalement fictif, l’architecture et les décors donnent le sentiment qu’on se trouve en plein cœur de Paris. Le résultat est très fidèle et incorpore des bons vieux clichés avec par exemple une enseigne « La Politique », en français, sur le toit d’un des immeubles, mais c’est aussi le prestige, la mode et le luxe qui sont représentés, avec une mission se déroulant dans un magnifique château où est médiatisé le défilé d’une nouvelle collection de haute-couture. Contrairement aux missions précédentes, il n’y a pas une cible à éliminer, mais deux, dans un environnement beaucoup plus vaste et envahi de PNJ. La demeure est immense et il y est facile d’y perdre son sens de l’orientation, elle est bâtie sur 3 étages avec un sous-sol, plusieurs entrées et sorties possibles en passant par les portes ou les balcons qui mènent à la cour. Ce jardin, comme nous pourrions l’appeler plus vulgairement, est en bord de Seine et permet, afin d’encore plus polluer l’eau du fleuve, d’y cacher les cadavres en les faisant passer par-dessus bord. Soyez-rassurés, ce n’est que fictif bien entendu, il n’y a jamais eu de cadavres dans la Seine voyons…

Après avoir fait le tour du propriétaire et avoir tranquillement admiré le défilé qui présente des vêtements plutôt extravagants mais habituels du monde de la mode, il faut se mettre au boulot et envisager toutes les possibilités. Cette fois-ci, c’est environ une vingtaine d’options différentes pour éliminer les cibles avec des scénarios beaucoup plus complexes et élaborés, où la question du timing peut être primordiale. Le moindre dérapage peut tourner à la catastrophe et empêcher l’assassinat méticuleusement mis en scène par vos soins, à cela s’ajoute une foule en panique qui rend le lieu désert et difficile pour la continuité de la mission. L’opus ne manque pas d’originalité en termes de déguisements, l’agent 47 peut s’improviser maquilleur, mais aussi mannequin pour la marque et défiler sur l’estrade. La répétitivité des missions est masquée par les divers scénarios proposés qui apportent tous leurs changements en proposant des tactiques et approches différentes, pour n’y voir que du feu et se replonger pleinement dans l’aventure. Les développeurs ont eu une autre idée pour revenir dans une mission déjà effectuée, il s’agit des « Illusive Targets ». C’est un contrat en ligne et valide pendant une période de 48 heures temps réel, où tous les agents de toutes les plate-formes recevront une nouvelle tête à abattre sur la map. Ces événements communautaires suivront régulièrement après la sortie du titre dans un peu plus d’un mois.

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Le reboot d’Hitman possède une bonne recette, c’est un retour aux sources pour les fans de la première heure, une bonne immersion en relevant les indices et de la pure l’infiltration avec les nombreux déguisements et les multiples possibilités en termes de mises à mort. Le jeu n’est pas le plus impressionnant de ce début d’année mais offre malgré tout une réalisation convaincante (surtout pour le niveau de Paris), et plutôt stable, malgré quelques bugs pendant la phase de test qui seront sûrement corrigés pour la version finale. La jouabilité ne bouleverse pas les codes de la série, mais il est à noter quelques souplesses dans la difficulté avec un certain temps de réaction pour l’IA, et les « opportunités » (facultatives) qui facilitent la mise en scène des assassinats étape par étape. Un désir de Square Enix de raviver la flamme des anciens, mais aussi d’attraper de nouveaux joueurs au passage. Cependant, la route vers le succès est obstruée par ce format épisodique qui peut instaurer de la méfiance dans les rangs de la communauté de joueurs. Un pari risqué par le souhait de livrer une expérience de l’agent 47 fracturée, mais pour ainsi inciter les nouveaux joueurs de vivre à 100% l’aventure et redonner un réel plaisir de liberté d’action aux puristes qui se sont sentis délaissés avec Absolution. Les retours retomberont vite avec la bêta dans deux jours sur PS4 et le 19 février sur PC, n’hésitez pas à partager vos impressions avec nous dans quelques jours pour ceux qui y auront accès.