Final Fantasy XIV : Retour sur Dawntrail, le début de nouvelles aventures

Deux choses avant d’aborder l’article.  

La première, c’est que cet article n’est pas un test du jeu ni une analyse approfondie de l’extension. Si l’un de nous s’étend ou développe un sujet, ça sera libre à lui, mais il s’agit avant tout de nos ressentis et comment nous avons perçu l’extension. 

La deuxième, plus évidente et sans doute plus importante : l’article contient des spoilers majeurs de l’épopée 7.0. 

L’avis d’Astrena 

J’ai commencé l’aventure Final Fantasy XIV en 2017, à un mois de la sortie de l’extension Stormblood, et je ne l’ai jamais lâché depuis, pas même une petite pause. Inutile de dire que désormais, je suis une vétérane du jeu, et en tant que telle, j’attendais avec impatience mais aussi appréhension, la nouvelle extension.  

L’impatience car je trouve que c’est aussi ce qui fait la magie du jeu, quand toute la communauté est soudainement tournée vers la nouveauté : de nouvelles maps, de nouveaux défis, de nouveaux décors, de nouvelles histoires, etc. Tout en se retrouvant tous tout à coup à nouveau sur le même pied d’égalité. Et que l’activité bat son plein sur tous les serveurs du jeu – et pour l’aparté, je souhaite une fois de plus apporter mes félicitations aux équipes de FFXIV qui ont géré sur les chapeaux de roue le lancement de Dawntrail. Se connecter et n’avoir aucune file d’attente était sûrement le rêve de nombreux joueurs et travailleurs. 

Mais également cette appréhension, car il s’agit du nouvel arc du jeu, et je craignais d’avoir un peu trop cette sensation de « A Realm Reborn 2.0 ». Et comment notre héros allait-il être traité après tant d’extensions à se renforcer, s’ouvrir de plus en plus, se découvrir, et au final avoir été jusqu’à vaincre l’abomination à l’origine de l’apocalypse, à l’autre bout de l’univers. Même avec le recul pris désormais et cet avis « à froid » je ne vais pas mentir : j’y ai retrouvé des traits, d’ARR, mais j’ai également été surprise de la façon dont les choses ont été narrées et amenées. 

On peut aimer ou ne pas aimer l’épopée de Dawntrail, mais nous serons je pense tous d’accord pour dire que le scénario a été très lent à démarrer en plus d’y voir des points bien trop prévisibles à mon goût – on savait très bien que Wuk Lamat allait finir sur le trône, on se doutait fortement que Bakool Ja Ja allait finir évincé de la course, on voyait venir au fur-et-à-mesure que Koana allait se retirer, etc.  

À chaud, et pendant longtemps, j’ai eu beaucoup de mal avec le concept de notre personnage mis autant en retrait et je pense que cette sensation a été récurrente chez beaucoup. Je conçois désormais la déception et le dégoût de certains, elle est compréhensible du fait que notre héros a été au cœur de l’intrigue et de l’action pendant tout un arc, avec son intervention et son importance à leur apogée à partir de Shadowbringers. Au final, j’ai fini par accepter ce rôle non pas de simple aventurier comme ARR, mais de mentor pour Wuk Lamat. La fin de l’extension avec son ultime cinématique m’en a convaincue : Dawntrail n’est qu’une mise en place du nouvel arc, je ne doute pas que tôt ou tard, notre héros reprendra son rôle et son envergure que nous avons connu avec les deux précédentes extensions, notamment. 

Un rôle de mentor et de retrait qui peut se justifier aussi d’un point de vue développement : avec le nouvel arc, les développeurs voulaient aussi ouvrir le jeu aux nouveaux joueurs sans qu’ils ne soient trop perdus. Un choix que l’on peut apercevoir notamment dans les dialogues à choix multiples : l’on remarque des réponses faisant référence à des points scénaristiques des extensions précédentes, et des réponses souvent plus banales.  

Un rôle de mentor qui va perdurer même lorsque l’épopée prend un virage à 180° mais je ne suis pas là pour l’analyse du jeu et à vrai dire, j’ai même adoré le scénario à partir de ce moment précis. Cette scène aussi marquante que choquante de l’invasion du Tuliyollal, un massacre sans retenue de la population, j’y voyais un écho et des sensations familières avec le début de l’apocalypse d’Endwalker, le cliffhanger que j’attendais sans vouloir le voir venir. Et même si je savais que l’extension était loin d’être finie à ce moment-là et qu’il allait bien se passer quelque chose, ce moment-là, à cet instant précis, je ne l’avais vraiment pas vu venir. 

Pour moi, la seconde partie de l’épopée a été ma préférée, et je ne dis pas ça uniquement pour les multiples références au neuvième opus de la licence. La première partie était une gigantesque mise en place, une présentation du nouveau continent sur lequel nous venions de poser pied. Je n’irai pas jusqu’à analyser et y voir des tonnes de messages politiques comme d’autres ont pu en voir. Pour moi la première partie de l’épopée était certes un hommage à notre propre Histoire avec les Amériques, mais surtout un message gargantuesque d’appel à la tolérance. Là où la deuxième partie de l’épopée était une ode à Final Fantasy IX avec son difficile thème de la vie et de la mort … mais également de la survie, de la mémoire, des souvenirs, avec comme fond, toujours cette ligne directrice de la tolérance. Oui, un autre peuple peut nous rejoindre demain, nous l’acceptons et le respectons. À condition de ne pas nous conquérir par la force pour sa propre survie.  

Et finalement, c’est ce que l’épopée a transmis aussi selon moi. Notre relation avec Sphene et le peuple d’Alexandrie s’est développée à merveille et allait bon train en dépit de la menace de Zoraal Ja, jusqu’au moment où les masques sont tombés. Tout ce long pavé pour finalement dire que je comprends que l’écriture de cette nouvelle extension n’ait pas plu. Mais avec le recul, de là à juger cette extension de « nulle », pas à la hauteur, ou bien d’autres termes crus que j’ai pu lire ou entendre via certaines « analyses », je trouve ça très injustifié. Chacun son avis bien sûr, on aime, ou on n’aime pas, mais de là à qualifier l’extension de mauvaise en terme d’histoire, non. La fin de l’extension m’a tiré autant de larmes que Shadowbringers ou Endwalker a pu le faire, et pour moi m’émouvoir sur son final, c’est un signe de réussite. 

L’épopée et sa narration à part, je ferai un petit aparté sur le gameplay et les contenus. En tant qu’habituée du jeu désormais, comme de nombreux anciens joueurs maintenant, bien sûr que je n’ai pas trouvé le gameplay « fou-fou ». J’ai l’habitude de la façon dont le jeu est conçu et fait sur le sujet. C’est une formule qui marche mais c’est à la fois la qualité et le défaut du jeu : il ne surprend plus vraiment les anciens joueurs malgré sa formule magique. Cela dit, je ne crache pas sur tout, le design des donjons était incroyable à mon goût, certaines modifications au niveau des mécaniques de jeu étaient plaisantes (les petits messages qui annoncent des mécaniques par exemple). 

Puisque je suis une joueuse HL, je ferai aussi une parenthèse au niveau du nouveau raid de l’Arcadion qui pour moi, est une réussite totale. Je partais, même en terme de scénario, avec des a priori, avec ce thème classique de « la course à la première place » dans une compétition, mais je suis forcée de constater que les développeurs ont géré cette histoire annexe. Le level design est réussi, les combats sont originaux et très bien faits, et les musiques, n’en parlons même pas. N’en déplaise à certains mais la musique d’Honey B. Lovely est parfaite pour coller à son ambiance et son personnage, et surtout énorme coup de cœur pour la chanson du quatrième étage, « Give It All », alliance parfaite de la performance entre The Primals et Chrissy Costanza. Bref, que ce soit sur le mode normal ou sur le sadique, j’ai pris mon pied.

Désormais, j’attends avec impatience la « vraie fin » de l’extension (puisque Naoki Yoshida a dit qu’on reprenait l’ancienne formule et que Dawntrail se conclurait avec la mise à jour 7.3) et voir où nos pas vont nous mener pour ce deuxième arc narratif. Comme je l’ai dit au début, j’ai maintenant conscience que Dawntrail est une énorme mise en place et mise en bouche de ce qui nous attend, et je reste confiante à l’idée de revivre tous les pics d’émotions qui ont pu me traverser tout au long du premier arc narratif, à travers toutes ses extensions. 

L’avis de Playiku 

Je suis assez contrarié vis-à-vis de Dawntrail. Le trailer et les communiqués promettaient monts et merveilles avec l’exploration d’un nouveau continent et le mystère de la cité d’or, mais si j’avais su que tout cela serait un voyage si ennuyeux, je serais resté à quai, sur le port de Sharlayan ! N’en déplaise à ses défenseurs, j’ai trouvé cette extension globalement soporifique, soupirant bien trop souvent devant les situations infantiles, les (trop) nombreux dialogues ratés ainsi que les personnages insipides, dont très peu resteront dans les mémoires. De plus, avoir séparé aussi distinctement les arcs narratifs ne joue absolument pas en sa faveur et donne à chaque histoire, malgré quelques bonnes idées, un goût d’inachevé. Paradoxalement, j’ai fini par passer plusieurs cutscenes à cause de leur lenteur et de la pauvreté de leur écriture – une première pour moi dans cette épopée. 

Néanmoins, j’ai aussi quelques points positifs en tête. Notamment en ce qui concerne la bande originale : Soken et son équipe se sont encore débrouillés pour nous offrir une OST dans la lignée des précédentes, qui donne une empreinte unique à cette aventure. Mention spéciale aux musiques des donjons et des boss ! De plus, la plupart des environnements sont vraiment très jolis, bien qu’ils ne soient jamais utilisés à leur plein potentiel.

Vous constaterez que je suis assez dur avec Dawntrail, et je l’admets volontiers. Au-delà de toutes ses faiblesses citées précédemment, une problématique plus importante me semble se poser. Pour un jeu censé introduire un arc narratif pour les dix prochaines années, Dawntrail repose toujours sur des bases et des limites techniques vieillissantes, s’enlisant dans une structure qui peine à se renouveler. Cela m’inquiète réellement pour l’avenir. J’espère que l’équipe prendra le temps nécessaire, tant pour réfléchir que pour produire, afin de relever ce nouveau défi et d’apporter le véritable vent de fraîcheur promis.

Pour terminer sur une note positive, je suis tout de même ravi de savoir que mes amis rédacteurs y ont pris plaisir. Final Fantasy XIV doit composer avec une fanbase de plus en plus ancienne, avec des profils de joueurs qui évoluent dans leur façon d’envisager le jeu vidéo et le MMORPG, et FFXIV fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. C’est normal de parfois ne plus s’y retrouver, mais ce n’est peut-être pas si grave. FFXIV aura toujours pour lui une force particulière : celle de ses dix ans d’histoire, de développement de lore et de personnages, que très peu de jeux peuvent se permettre. Même s’iil me semble que mes plus belles heures de FFXIV se trouvent derrière moi, cela restera toujours un plaisir de suivre cette épopée et de découvrir ce que l’avenir nous réserve.

L’avis de Yunnie 

Me concernant, je me suis véritablement remise au jeu à partir de zéro au mois de février 2024. J’ai donc fait toutes les extensions à la suite jusqu’à Dawntrail de février à septembre. Cet enchaînement d’arcs scénaristiques m’a permis de bien suivre le fil et de constater son évolution au fur et à mesure…
Et c’est vrai qu’après Endwalker, Dawntrail propose de repartir vers une toute autre ambiance et j’ai envie de dire : c’est logique et ça fait du bien ! 

Découvrir de nouveaux univers, personnages, enjeux et aussi des nouvelles musiques thèmes m’ont donné cette sensation de grand bol d’air frais. 
Notre héros est désormais connu et reconnu et tend à être, en effet, plus un mentor et une figure « sacrée » qu’aux précédentes extensions. Néanmoins, je trouve que ça correspond tout à fait à l’évolution du jeu et à son histoire. 

Le fait de retrouver tous ses anciens compagnons a été très plaisant aussi. Même si j’aurais aimé plus de profondeur et d’échanges avec eux. Par moment, ils font plus état de « figuration » et de « plante verte » qu’autre chose mais fort heureusement, ça ne m’a pas gâché mon plaisir de jeu. 

Un des gros moments émotions de Dawntrail pour moi, a été la scène cinématique de combat où on voit les dragons débarquer avec nos anciens alliés des autres extensions. Ca m’en a versé quelques larmes de joie ! 
Donc en termes de spectacle et de mise en scène, j’ai vraiment beaucoup aimé et ça reste dans la continuité du jeu de nous offrir autant d’émotions. 

J’aimerais également mentionner tous les clins d’œil et références à Final Fantasy IX que j’aime énormément. Chaque lien à ce FF est bien utilisé et s’intègre parfaitement à l’ambiance de FFXIV. Je considère tout ça comme une immense lettre d’amour à cet opus et j’étais ravie du résultat 😉 

Après tous ces points positifs, je souhaite tout de même pointer quelques côtés qui m’ont un peu titillé : 

• La relation entre Erenville et sa mère n’est pas assez développée selon moi : J’aurais voulu plus d’échanges, plus de contextes pour vraiment s’attacher au personnage. Sa disparation était touchante mais ça restait un peu trop léger pour que ça ait un vrai impact pour moi.
• L’évolution de Zoraal Ja : Là encore, ça aurait mérité plus de contexte et plus de développement. Les raisons de sa colère et de sa trahison sont expliquées qu’à la toute fin en quelques lignes à peine… Au final, je ne me suis pas vraiment intéressée à ce personnage et j’avais juste envie d’en finir avec lui car il m’énervait 😅
• Et enfin, je finis par Sphène : Bien que je comprenne le cheminement et la logique de son histoire etc… Je n’ai pas réussi à m’attacher à ce personnage. Elle m’a plus exaspérée qu’autre chose à vrai dire. Cependant, tous les thèmes abordés en parallèle (ceux de FFIX notamment) sont très intéressants et ont été bien représentés. 

Pour conclure, une extension qui possède, selon moi, beaucoup de points positifs mais quelques défauts sur le développement de certains personnages… J’ai hâte de voir la suite (un peu plus tard dans l’année je pense pour moi) et je me ferais un plaisir d’en discuter avec vous sur notre discord ! 
PS : le job du pictomancien est très agréable à jouer ! ça change de mon gros guerrier 😋