Qui est Zack Fair ? C’est à cette question que répondait Crisis Core : Final Fantasy VII. Sorti sur PSP en mars 2008 chez nous, l’histoire de ce titre se déroulait sept ans avant le FF VII original et apportait un nouvel éclairage sur certains personnages et événements. Avec la récente sortie du remake, et l’arrivée prochaine de la seconde partie, Square Enix a jugé nécessaire de mettre tous les joueurs sur un même pied d’égalité. Rebaptisé Crisis Core : Final Fantasy VII – Reunion, cet épisode est-il encore pertinent aujourd’hui ?

 

Avis rédigé à partir d’une version PS5 numérique fournie par Square Enix. Merci !

 

Je me suis longuement questionné sur la direction à prendre pour cette critique. Devais-je me placer du point de vue des nouveaux joueurs ? Ou alors garder en tête mon expérience sur la mouture PSP ? Après mûre réflexion, je ferai les deux. Vous trouverez donc des encarts dédiés aux personnes ayant déjà terminé l’aventure de Zack tout au long de ce test.

 

Devenir un héros

 

Vous débutez le jeu dans les bottes de Zack, un jeune SOLDAT de seconde classe. Après une mission au Wutai servant de tutoriel, notre héros se voit affecté à la recherche de Génésis, un première classe ayant disparu. Les choses s’avéreront cependant bien plus compliquées que prévues et prendront des proportions insoupçonnées, les répercussions de Crisis Core se faisant sentir des années après.

 

1/4
Les nouveaux modèles s'avèrent plutôt réussis
Les nouveaux modèles s'avèrent plutôt réussis
Les environnements retravaillés sont un gros plusvaillés sont
Les environnements retravaillés sont un gros plusvaillés sont
Le jeu s'autorise quelques jolis plans
Le jeu s'autorise quelques jolis plans
Vous allez croiser pas mal de têtes connues
Vous allez croiser pas mal de têtes connues

 

Le scénario est probablement l’intérêt numéro un du titre. Le jeu lève le voile sur un événement extrêmement important du jeu original tout en étoffant de manière intelligente l’univers de FF VII. Certaines thématiques abordées dans le jeu de base sont approfondies dans cet opus, notamment le statut particulier des SOLDATs ou encore le rôle des Turks. L’ambiance générale est assez sombre mais jouit heureusement d’instants de grâce comme la rencontre avec Aerith. L’histoire est ainsi parsemée de moments plus joyeux nous permettant de souffler un peu jusqu’au tant redouté dénouement… Le tout est porté par un casting de personnages réussis mené par Zack, le meilleur héros de toute la licence. Enjoué, drôle et jamais énervant, il se montre aussi incroyablement touchant. Si bien que l’on ne peut que s’attacher à lui tout au long de la dizaine d’heures que vous demandera le scénario. On retrouve cette qualité d’écriture chez les autres personnages, que ce soit les nouveaux venus ou d’anciennes têtes connues. Ces dialogues sont de plus intégralement doublés – là où seuls les plus importants l’étaient sur PSP – en japonais et anglais. Les doubleurs s’en sortent plutôt bien même si j’ai beaucoup de mal avec la nouvelle voix anglaise de Zack. Mais bon, la nostalgie… Tout n’est pas parfait cependant et les motivations de certains d’entre eux restent difficilement compréhensibles, voire franchement absurdes en plus de n’avoir finalement aucun impact sur le scénario global.

 

Crisis Core : Final Fantasy VII - Reunion : un portage qui aurait mérité plus
Une image que l’on peut entendre…

 

Cependant Crisis Core souffre d’un énorme défaut, qui s’applique à tous les aspects du jeu: il s’agit à l’origine d’un jeu PSP. Les contraintes techniques de la console portable de Sony avaient donc obligé Square Enix a faire beaucoup de compromis et ce à tout les niveaux. Concernant le scénario, s’il est bon dans l’ensemble, il avance à un rythme très haché. L’action est en permanence entrecoupée de saynètes, de combats ou de phases de déplacement. La mise en scène est très plate, à des années-lumière des standards actuels.

 

Crisis Core : Final Fantasy VII - Reunion : un portage qui aurait mérité plus
Les cinématiques souffrent d’une qualité visuelle passable

 

Pierre angulaire de la Compilation of FF VII, l’histoire de Crisis Core reste incontournable pour tout fan ne l’ayant pas déjà fait. Au vu des premières informations autour de Final Fantasy VII Rebirth, il semble obligatoire de parcourir ces quelques heures en compagnie de Zack sous peine de ne pas saisir l’intégralité de la trame du futur jeu.

 

Pour ceux qui y ont déjà joué

 

Vendu comme « plus qu’un remaster », Crisis Core Reunion semait le doute. Allait-il reprendre fidèlement la trame originelle ou se permettrait-il quelques écarts ? Après avoir fini le jeu, je peux vous le dire : c’est le même scénario à la virgule près. On retrouve les mêmes dialogues, les mêmes plans et les mêmes séquences. Rien n’a bougé à ce niveau-là. Seul le design de l’Épée Broyeuse a été modifié pour coller avec celui du Remake. Si une partie des puristes sera probablement contente de refaire exactement la même chose, je ne peux m’empêcher de voir là une occasion manquée pour SE. Remanier, ne serait-ce qu’un peu, certaines séquences et passages du scénario aurait permis de rendre l’aventure plus cohérente et corriger certains égarements de l’original. Je prends pour exemple la course poursuite avec Hollander dans le chapitre 3 ou le passage avec le gamin voleur dans le quatrième, qui sont ridicules et brisent un peu l’immersion…. Comment expliquer que Zack, un Soldat surentraîné, se fasse distancer par un cinquantenaire bedonnant ? Après un FF VII Remake irréprochable en termes de mise en scène, c’est un sacré retour en arrière que nous offre là Square Enix et le jeu aurait mérité une refonte de ces passages d’un autre âge afin d’être plus en adéquation avec son nouveau public et son époque. Parce que je ne suis pas sûr que la retranscription de l’incident de Nibelheim marque autant les nouveaux joueurs que ceux de l’époque. Dernier point sur le scénario, le cas Génésis s’avère problématique. Présenté comme le grand méchant de cet épisode, il souffre d’une écriture assez décevante. Il n’a pas de background, des motivations à la limite du compréhensible et donne l’impression d’avoir été ajouté de force au scénario. Son implication dans le basculement de Sephiroth ou son interférence dans la fuite de Zack et Cloud cassant même un peu le mythe… Et puis bon… Réciter les mêmes vers de Loveless pendant 90% du temps…

 

Activating Combat Mode

 

Crisis Core est linéaire. Il est impossible de dévier du chemin imposé par le jeu et votre seule option sera d’avancer à travers une longue succession de couloirs vides. L’intégralité des coffres et secrets sera bien en évidence sur votre passage et il est presque impossible de louper quoique ce soit. Cette absence totale de liberté dans l’exploration est justifiée par le format d’origine du jeu mais encore une fois, cela risque d’être un gros problème pour les nouveaux venus… Si vous aviez râlé face au dirigisme de FF VII Remake, CC va vous faire hurler. Le jeu est compartimenté en petites cartes se parcourant en quelques secondes qui, même si elles sont jolies, manquent cruellement de vie… Un effort aurait été appréciable de ce côté-là. Toutefois, les développeurs ont essayé de casser un peu ce dirigisme et l’ennui qui pouvait en découler en proposant énormément de mini-jeux. De qualité variable, il ont le mérite de renouveler le gameplay et de varier les situations : chasse au voleur, défense d’une base, tirs au sniper…

 

Crisis Core : Final Fantasy VII - Reunion : un portage qui aurait mérité plus
Réduire cette jauge atténuera l’attaque spéciale du boss

 

Heureusement le cœur du jeu se trouve dans ses (très) nombreux combats. Le gameplay est assez classique puisque Zack peut frapper à l’épée, esquiver, parer et utiliser des objets. À cela s’ajoute les matérias qui s’utilise via des raccourcis liés à la touche L1. Avec la possibilité d’en équiper six au maximum, elles sont classées selon différentes catégories différenciées par leurs couleurs. Vous retrouverez donc les magies offensives et défensives, les techniques d’attaque et les bonus de statistiques. Le tout se gère très facilement via le menu du jeu. Menu qui vous donne aussi la possibilité de fusionner vos matérias entre elles pour en créer de nouvelles ou améliorer leurs effets. Au total, vous avez plus d’une centaine de combinaisons possibles et la possibilité de rendre votre personnage surpuissant avec de bonnes fusions.

 

1/3
Crisis Core : Final Fantasy VII - Reunion : un portage qui aurait mérité plus
Le genre de petit bonus sympa
Le genre de petit bonus sympa
Les invocations sont bien évidemment au rendez-vous
Les invocations sont bien évidemment au rendez-vous

 

Dernier point concernant les combats : l’OCN. Durant les affrontements, une roulette tournera en permanence en haut à droite de l’écran et s’arrêtera à intervalles réguliers. Obtenir certains chiffres vous octroiera quelques bonus comme un regain de PM ou une invincibilité passagère. Aligner trois personnages vous donnera accès à une technique de Transcendance, sorte de limite en lien avec le personnage obtenu. Vous pourrez alors déclencher cette dernière à tout moment via la touche triangle. Déjà critiqué à l’époque, l’OCN ajoute une part d’aléatoire assez importante. Si certains, comme votre serviteur, y verront là un moyen de pimenter les combats ou vous sortir d’une mauvaise passe, d’autres seront fatigués de voir l’action se couper régulièrement à chaque apparition des petites saynètes accompagnant un trio gagnant…

 

Vous allez beaucoup voyager avec Zack
Vous allez beaucoup voyager avec Zack
Le hall d'entrée de la Shinra n'avait pas le même style
Le hall d'entrée de la Shinra n'avait pas le même style

 

Pour ce qui est de la difficulté générale du titre, cela dépendra de vos fusions de matérias mais aussi, et surtout, de votre assiduité à lancer des missions secondaires. Accessibles via les points de sauvegarde, ces missions vous récompensent d’objets, équipements et matérias puissants. Si certaines sont scénarisées, la plupart vous demanderont juste de vous frayer un chemin à travers une petite carte jusqu’à atteindre votre cible. Les missions sont très rapides et, les temps de chargement inexistants de la PS5 aidant, s’enchaînent très rapidement. Vous aurez toutefois de quoi faire avec plus de 300 missions au compteur ! Seul bémol, il n’y a que 4-5 environnements différents dont vous aurez très vite fait le tour…

 

Pour ceux qui y ont déjà joué

Dieu merci, les enchaînements de Zack ont été fluidifiés ! Fini les trois coups saccadés de la PSP, c’est désormais un véritable combo de cinq frappes que vous pouvez lancer sur vos ennemis. L’ajout d’une caméra libre fait également beaucoup de bien au jeu qui en ressort plus fluide et lisible que jamais. Cette refonte des combats et de leur ergonomie est à mes yeux la plus grande réussite de ce portage. Seule la taille des arènes aurait mérité d’être revue à la hausse mais ce n’est qu’un détail. En revanche, je suis plus mitigé sur l’apparition d’une jauge de charge lors des grosses attaques des boss. Avec le bon timing, il est possible de grandement réduire leur puissance, voire de totalement les annuler… De quoi réduire un peu plus la difficulté…Un autre ajout et la présence d’un compteur de maîtrise pour l’Épée Broyeuse. Une fois cette arme en votre possession, il sera possible d’adopter une autre posture (en appuyant sur carré + croix) et ainsi parer les assauts et modifier votre combo classique. Utiliser ces techniques augmente un pourcentage de maîtrise qui donne d’autres avantages… Difficile d’en dire plus pour l’instant car je ne suis qu’à 2% après avoir fini le jeu…

 

C’est beau mais…

 

Techniquement, le jeu est joli. Les modèles des personnages ont été retravaillés et les environnements se rapprochent de ce qui a été fait dans le Remake, notamment grâce à des effets de lumière plutôt réussis. Le problème, c’est que tout cela est mis au service d’un jeu à la structure datée. Ce qui passait sur console portable est beaucoup plus dur à accepter aujourd’hui. La mise en scène est quasi absente, les personnages sont statiques lors des dialogues, les animations sont d’époque… Gros point noir aussi concernant les scènes en CGI qui n’ont pas été retravaillées et ont donc une espèce de filtre flou, les rendant presque moches comparées au reste du jeu. Si j’ai déjà abordé le casting, sachez que les musiques ont elles aussi été réorchestrées. Vous retrouverez donc du rock désormais accompagné de chœurs pour un rendu plutôt sympa en combat. Je suis en revanche plus dubitatif concernant les morceaux plus calmes que je trouve un peu ratés ici…

 

Dans l’état, Crisis Core reste un bon jeu qui saura satisfaire les fans de l’époque. Malheureusement, le fait que Square Enix se soit contenté d’un simple portage dessert le titre qui aurait mérité beaucoup plus de part son importance dans l’univers de FF VII. Si le coup de polish sur les graphismes et les combats sont réussis, tout le reste est d’époque et aurait mérité un dépoussiérage. Les ajustements s’avèrent au final assez timides et risquent de perdre les nouveaux joueurs, tout en décevant ceux qui attendaient une réécriture comme le Remake

 

Crisis Core : Final Fantasy VII - Reunion : un portage qui aurait mérité plus

 

Crisis Core mérite d’être fait par quiconque vient de plonger dans l’univers de FF VII. Vous y rencontrerez des personnages touchants, lèverez le voile sur de nombreux mystères et surtout vous serez à la page pour la suite de la trilogie amorcée avec FF VII Remake. Si en revanche, vous avez déjà parcouru le jeu d’origine, pas sûr que de nouveaux graphismes et des combats plus agréables soient suffisants pour passer outre un rythme saccadé, une structure datée et des choix de game-design archaïques.

 

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