Le 29 septembre 2022 arrivait entre nos mains Valkyrie Elysium, un épisode issu de la série Valkyrie Profile, qui n’avait alors plus vraiment fait parler d’elle en Occident depuis bien des années … Pour marquer la renaissance de la licence, non seulement nous ne parlerons plus de la série « Valkyrie Profile », mais tout simplement « Valkyrie », et le jeu abandonne le traditionnel J-RPG pour partir sur de l’action pure. Retour sur ce virage à 90° ! 

 

Avant tout, rappelons que la série anciennement appelée Valkyrie Profile comptait à son actif deux épisodes principaux à travers les sœurs Lenneth (VP1) et Silméria (VP2), et plusieurs spin-offs dont Covenant of the Plume sur Nintendo DS qui nous amenait dans l’envers du décor : les Valkyries ne sont pas forcément des héroïnes et déesses vénérées aux yeux de tous … La licence a bien fait un retour, quoique médiocre, avec Valkyrie Anatomia en format mobile en 2016 (version globale en 2019) mais ce dernier a fermé ses portes officiellement en 2020 (2021 au Japon). 

 

Si nous oublions cet échec cuisant, cela fait plus de dix ans que la série Valkyrie Profile n’avait plus fait parler d’elle, jusqu’au 9 mars 2022 au cours d’un State of Play, où à la surprise générale, Valkyrie Elysium fut annoncé. Une véritable surprise, mais aussi un coup de poignard puisque cela a réduit à néant tout espoir de voir un jour naître un Valkyrie Profile 3 : Hrist. (Pour les non-connaisseurs, la troisième sœur Valkyrie présentée et rencontrée au cours des épisodes Lenneth et Silméria). 

 

C’est à tâtons que la communauté a abordé ce nouvel opus baptisé Elysium. De mon côté, j’ai toujours été ouverte à la nouveauté et au changement si cela est bien fait, c’est donc avec curiosité que j’ai abordé le jeu en acceptant d’abandonner son traditionnel tour par tour. Mais également une curiosité au niveau scénaristique au vu du dénouement de Silméria. S’agissait-il d’un reboot total ? 

 

Ce test a été effectué à partir d’une clé PS4/PS5 fournie par Square Enix. 

 

Au cœur de la mythologie nordique 

 

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cette mythologie, voilà un jeu qui vous donnera un petit aperçu de celle-ci. Comme pour un air de déjà-vu dans la licence, le jeu débute alors que le monde court droit vers sa fin et sa disparition (le Ragnarök) suite à la terrible bataille qui opposa Odin à Fenrir. Toutefois, le Père Tout-Puissant qu’est Odin a un plan et a créé Valkyrie pour en faire sa passeuse d’âmes, celle qui purifiera la sphère de Midgard des morts-vivants et qui lui rapportera quatre artéfacts magiques afin de sauver tous les mondes (Asgard, Midgard et Niflheim) de l’anéantissement. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Mais la jeune femme, au cours de sa quête, va rencontrer et recruter ses Einherjar – les guerriers, normalement morts au combat, élus pour se battre au nom des dieux – mais aussi une étrange Valkyrie à l’armure sombre, qui sèmera le doute dans son esprit sur les vérités qu’elle croit connaître. Voilà pour le résumé et les grandes lignes du jeu. 

 

Square Enix et le studio Soleil (qui ont repris le flambeau pour le développement du jeu, après de bons et loyaux services de la part de Tri-Ace), nous posent ici un univers à la fois pastel et sombre. Ne vous attendez pas à des décors colorés et fantastiques, le jeu va respecter cette ambiance de fin du monde jusque dans l’architecture et design des différentes maps du jeu, ce qui nous permet de nous mettre dans l’ambiance et d’oublier les graphismes datés. Votre exploration quant à elle sera accompagnée d’une bande-son signée par Motoi Sakuraba, aux airs nordiques et dynamiques – notamment pendant les phases de combat. 

 

Globalement, Valkyrie Elysium et ses quêtes d’aventure se résumeront à des phases de recherches de purification ou d’artéfacts magiques, alternées de temps à autre par la trouvaille d’un Einherjar dont Valkyrie va suivre la trace pour le recruter. Le tout en faisant évoluer peu à peu le scénario pour en arriver à sa conclusion, proposant jusqu’à quatre fins différentes. Un gros plus – qui sera sans doute un moins pour d’autres – à ce sujet : vous n’aurez pas besoin de réaliser des faits d’armes surhumains pour déverrouiller et toucher à toutes les fins puisque ces dernières aboutiront en fonction, tout simplement, de vos réponses à la fin du jeu. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

L’accent sur les personnages 

 

Puisque nous avons abordé les Einherjar, il s’agit là, à mon goût, d’un des plus gros points forts du jeu par rapport à ses prédécesseurs. Ces derniers au nombre de quatre pour cet opus, c’est sans doute avec ce nombre restreint que les développeurs ont pu mettre l’accent dessus et ces derniers font donc partie intégrante de l’histoire : l’on ne peut nier qu’ils subissent un bien meilleur traitement que dans les autres épisodes de la licence. C’est même suite à la rencontre de votre (vos) premier(s) Einherjar que l’histoire commence à devenir un poil moins monotone et que de vrais dialogues commencent pour accompagner votre quête de salut pour le monde. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök
Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Afin de suivre la piste et retrouver les âmes perdues des Einherjar, Valkyrie passera par des phases de gameplay où elle va devoir retrouver des fragments de leur âme à travers les divers maps, et chaque fragment nous amène à des pans d’histoire des Einherjar auxquels ils sont liés – formant ainsi une sorte de lore pour ces personnages qui vont par la suite se battre pour la passeuse d’âmes. On peut donc se projeter et se faire une idée bien plus claire de leur vécu, voire de s’attacher à eux. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök
Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Des Einherjar qui joueront un rôle capital dans l’évolution de notre héroïne, car si je n’ai pas commencé par Valkyrie, c’est parce que son personnage est à l’image du scénario du jeu. Au début de l’aventure, elle est froide, vide, mollassonne voire inintéressante. C’est au fil de ses interactions avec Hilde – la Valkyrie Noire – et ses alliés qu’elle finira par évoluer et s’ouvrir. Ce n’est qu’à partir de ce déclic que l’on commence à réellement s’attacher à son personnage, mais ce sera bien après quelques heures de jeu à subir la purge de la mise en place de l’histoire et de Valkyrie – je l’ai en tout cas ressenti ainsi. 

 

En résumé, il vous faudra passer la phase des premiers chapitres pour pouvoir toucher à une réelle ouverture de la narration du jeu. C’est subjectif, mais je trouve qu’il s’agit du plus gros point noir du jeu. En revanche, s’il y a bien une chose qu’on peut lui laisser, c’est qu’on ne perd absolument jamais notre objectif de vue. Même les quêtes annexes qui pourraient avoir un goût d’éparpillement dans la quête initiale de Valkyrie, finissent par avoir le dénouement voulu par cette dernière – la purification de l’âme.  

 

Quant à la « balance », le jeu nous propose un bon équilibrage entre les phases de gameplay (exploration, combats, etc.) et cinématiques qui ne prennent pas des plombes à se terminer. Les personnages vont à l’essentiel avant de reprendre leur route et nous n’avons pas l’impression de nous endormir dans des discussions interminables ni de nous lasser de conversations qui pourraient combler des blancs et des trous. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök
Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Une Valkyrie sur le champ de bataille 

 

Si on laisse le scénario de côté, nous pouvons parler d’un autre point fort du titre : son gameplay et ses phases de combat. Le tutoriel au lancement du jeu vous apprendra très vite à prendre en main les capacités et la façon de jouer notre héroïne – le gameplay classique des associations de touches pour les armes, compétences et invocations d’Einherjar. La réelle difficulté du système de combat, à mon goût, a été l’effet parfois capricieux de la caméra selon les zones, mais une fois un petit réglage dans le menu et/ou la prise en main complète du jeu, ce n’est qu’un détail où l’on passe outre. 

 

Outre ses Einherjar et ses magies, Valkyrie possède tout un panel d’armes à sa disposition et apprendra de nouveaux combos au fil de l’évolution de celles-ci – que vous pourrez tester par vous-mêmes avant de les mettre en pratique sur le terrain. Mais son éventail de techniques ne s’arrête pas à là non plus puisque vous aurez à faire évoluer son arbre de compétences également afin de la renforcer sur trois points : Attaque, Défense et Soutien. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Enfin, bien entendu, nous retrouvons le classique de points faibles sur vos adversaires, à exploiter pour maximiser vos dégâts. Chaque Einherjar étant affilié à un élément, votre combattante divine pourra se « lier » à l’un des deux Einherjar invoqués sur le terrain pour associer son arme à l’élément de son allié. Notez que vos magies élémentaires (les arts divins) sont renforcées si vous êtes liés à un Einherjar précis – par exemple si vous êtes liés à Eygon (la Foudre), alors toutes vos magies de l’élément électrique se verront être renforcées. Exploiter la faiblesse de vos ennemis vous permettra de remplir une jauge de « choc » qui les étourdira et les rendra vulnérables durant un temps limité, lorsque vous parviendrez à la remplir à 100%. 

 

Tous ces petits points, liés à votre capacité d’exploiter vos techniques de soutien, vos combos, vos parades ou esquives, et même l’utilisation du grappin pour foncer sur vos ennemis, feront nettement la différence sur le champ de bataille. En d’autres termes, vous n’aurez pas le temps de respirer et c’est bien ce que l’on recherche dans un gameplay axé sur l’action : aucun temps mort pour ne pas avoir le temps de s’ennuyer ! 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök
Vous pouvez le voir à son arme, Valkyrie est associée à Cypher ici, de l’élément Glace.

 

Je saluerai en passant les développeurs, qui ont conservé les techniques des anciens épisodes ! 

 

Mais ça fait beaucoup de choses à retenir tout ça, me diriez-vous. Et bien non, c’est à cela que le travail a payé, les combinaisons se font et se règlent aisément, la prise en main est rapide et, comme dit plus tôt, le tutoriel au début du jeu vous permettra de très vite comprendre les bases du combat et de les utiliser. Ce sera au fil de vos explorations, combats et évolutions que vous apprendrez petit à petit à maîtriser votre Valkyrie et son art du combat, à la perfection. Une maîtrise qui deviendra de plus en plus essentielle au fur-et-à-mesure que le jeu avancera et que vos adversaires vous donneront plus de fils à retordre. 

 

En parlant d’adversaires et c’est bien parce qu’il faut bien chercher la petite bête, il s’agit de mon point noir à titre personnel. Outre quelques changements élémentaires, et les boss, je ne trouve pas beaucoup de diversités dans le bestiaire de Valkyrie Elysium. 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök
Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Un système de combat impeccable au détriment de l’exploration ? 

 

Et c’est malheureusement une des choses que je craignais. L’exploration est aussi fade que les combats sont intenses. Si la plupart des maps sont assez étendues pour donner une impression d’ouverture, le jeu n’en reste pas moins linéaire, les coffres sont à peine dissimulés tout comme les obstacles « secrets » qui auraient dû être un peu plus présents, en demandant l’intervention des Einherjar comme sur certains puzzles, par exemple. Des puzzles et des énigmes, c’est ce qui manquait à mon goût dans cet opus. 

 

De la même façon, certaines fonctionnalités ne sont pas assez exploitées de mon point de vue. Les obstacles demandant un Einherjar bien précis, comme dit, mais aussi l’utilisation de l’enchaînement d’âmes (le grappin) où très peu de zones requièrent cette fonctionnalité. Au final, elle m’aura surtout servi pour le combat ! 

 

Valkyrie Elysium : Les Dieux face au Ragnarök

 

Une autre fonctionnalité a une place inutile dans l’exploration et le gameplay de Valkyrie Elysium : la concentration spirituelle. Cette dernière prend la forme d’un nuage de papillons bleus qui vous guideront pour retrouver les différents fragments d’âme de vos Einherjar au moment de les recruter. Si cela peut à la rigueur servir sur la vaste map qu’est la première, ce n’est en revanche qu’une futilité sur les autres chapitres, bien trop linéaires et il vous suffira de suivre la carte pour trouver vos fragments. 

 

Une exploration au goût monotone pour, je pense, beaucoup. Jusqu’à l’architecture et les décors des divers chapitres de l’histoire – et donc des régions de Midgard – l’univers du jeu vous transporte tant par ses cités en ruines que par ses tons pâles voire sombres. À mes yeux, cela retransmet à la perfection la période vécue dans le jeu, le Ragnarök, mais je ne serai pas étonnée de lire par-ci et par-là que les gens n’y soient pas séduits. Il est vrai qu’il y a beaucoup de ruines et de désolation, de décors qui se ressemblent parfois, mais le jeu réussit toutefois à nous offrir des panoramas intéressants. 

 

Voilà qui conclut le test de Valkyrie Elysium. Si vous êtes intéressé(e)s et curieux de toucher à cet opus qui marque le renouveau de la saga, vous pourrez les trouver en cliquant sur les liens ci-dessous !

 

 

Notez que la version Deluxe du jeu vous donnera également le jeu Valkyrie Profile : Lenneth, mais le portage de sa sortie a été repoussé au 22 décembre 2022 et vous n’obtiendrez le premier épisode de la licence qu’à cette date.

 

En résumé, Valkyrie Elysium vient nous offrir un total renouveau pour la franchise. Mais faisant partie d’une longue liste de remakes, portages ou, en l’occurrence ici, un reboot, Square Enix trahit son côté « sorties à la chaîne » avec un jeu qui nous paraît parfois daté voire avec un manque de finitions par endroit. Il n’en reste pas moins un épisode intéressant à faire pour son action sans relâche et son univers, et ce, malgré un scénario un poil timide qui montre même parfois de grandes ressemblances avec ses aînés (pour les connaisseurs qui sauront les voir). En tant que fan de la série, j’espère que cet épisode marque juste le début d’un renouveau pour cette licence, qui expliquerait le côté « tâtons » et demi-teinte du jeu, afin de nous promettre un meilleur avenir pour nos déesses guerrières.