Annoncé depuis très récemment à peine par Square Enix et Yoko Taro, Voice of Cards : The Forsaken Maiden est disponible depuis le 17 février 2022. Un délai très court entre les deux jeux puisque son aîné et premier titre, The Isle Dragon Roars, est sorti quelques mois auparavant, le 28 octobre 2021. Alors, à quel point a-t-il suivi les pas de son prédécesseur, ou a-t-il forgé sa propre personnalité ?

 

Comme dit plus haut, Voice of Cards : The Forsaken Maiden, est disponible depuis le 17 février 2022. Il est paru sur les plateformes de Steam – possibilité de jouer sur clavier comme manette – ainsi que sur PS4 et Nintendo Switch. Développé et édité par Square Enix, en collaboration avec le Studio Alim, après un premier opus (dont le test a été effectué par AlxZ) qui m’avait laissé un goût amer, je me suis plongée avec une certaine appréhension dans le second épisode … Déception ou bonne surprise en bout de ligne ?

 

Ce test a été effectué avec une clé Steam offerte par l’éditeur.

 

Sur une île abandonnée …

 

Comme son prédécesseur, The Forsaken Maiden se présente comme un JDR sur table. Pas de grandes répliques prononcées par les personnages ou d’environnements « réellement » visibles comme un jeu 3D aux graphismes époustouflants. Ici, tout, absolument tout, vous sera décrit et accompagné par un Maître du Jeu, qui servira également ici de narrateur, le tout dans un décor simplet sous forme de cartes. C’est grâce à ce Maître du Jeu que le jeu prendra vie par le biais de ses histoires et commentaires, et ses narrations qui vous demanderont indirectement de faire appel à votre imagination pour vous représenter les scènes qui se déroulent dans cet univers. De mon côté, j’ai joué au jeu avec le doublage anglais et j’ai été très satisfaite du jeu de l’acteur derrière l’écran, qui est entré impeccablement dans son personnage de narrateur.

 

Vous commencez donc le jeu sur une petite île, avec le protagoniste, un homme tout ce qui a de plus banal au premier abord, qui retape un bateau dans une grotte où il a élu domicile pendant son temps libre. Il est accompagné d’une jeune fille mystérieuse, Alva, qu’il a sauvée peu de temps auparavant. Une étrange complicité se crée entre les deux malgré l’incapacité à parler de la demoiselle : cette dernière est muette suite à un traumatisme que nous ignorons. Nous savons seulement qu’elle refuse catégoriquement d’approcher le village où vit notre héros. Un village de désolation dont sa fin, ainsi qu’à l’île entière, est proche de par l’absence de sa prêtresse. De fil en aiguille, notre héros comprend que la prêtresse en question n’est autre qu’Alva, dont le traumatisme est bien plus profond que nous le pensons, pour qu’elle abandonne et ne puisse remplir sa fonction. Car oui, les îles dans ce monde sont intimement liées à leurs prêtresses qui apportent leur bénédiction … Notre aventure commence donc suite à notre rencontre avec Silla, l’esprit censé guider Alva dans sa mission : nous devons retrouver les autres prêtresses sur les autres îles pour qu’elles nous prêtent leurs reliques.

Entre mystères, questions, réponses et rencontres, c’est ainsi que notre aventure débute pour aider Alva à accepter son destin, et sauver notre île natale du désastre.

 

Voice of Cards : The Forsaken Maiden

 

Ainsi commence le jeu et cette base qu’est d’aider Alva à accepter sa mission, sera le fil conducteur de toute l’aventure. Mais il y a ce quelque chose dans le scénario qui a fait que j’ai nettement plus accroché à ce second opus. Dans Voice of Cards : The Isle Dragon Roars, votre but était de tuer un dragon qui semait la terreur … et il s’agissait là de la seule et unique focalisation du scénario. Ici, nous sommes concentrés sur notre mission de « sauver » Alva, mais chaque rencontre sur chaque île avec chaque prêtresse, nous amène à une « sous-histoire » différente. Chaque demoiselle possède sa propre histoire que nous prenons plaisir à découvrir, allant de la souriante et dévouée Prêtresse Bleue jusqu’à l’excès de zèle et esprit combatif de la Prêtresse Rouge.

 

Au-delà de simplement confier leurs reliques à Alva et notre héros, chaque conversation et rencontre permettra aussi à Alva de tisser des liens, qui lui apporteront bien plus que des objets de valeur … Bien sûr, il n’y a pas « que » ça dans The Forsaken Maiden, mais je me dois de vous laisser une part de mystère et de surprise si vous souhaitez vous lancer dans l’aventure ! En d’autres termes, les développeurs et scénaristes ont appris de leurs erreurs premières et nous ont proposé ici une histoire bien plus riche de par tous ces petits récits, simplets, « classiques » voire prévisibles pour d’autres, mais qui au final amènent un scénario complet et léger à la fois. Tout en gardant ce petit quelque chose qui plaisait déjà dans le premier opus : des traits d’humour et des personnages attachants. Un voyage accompagné de délicieuses musiques et une bande-son signées par le directeur musical Keiichi Okabe.

 

Jouer cartes sur table

 

La direction artistique du jeu n’a pas fait les choses à moitié : tout ce qui se trouve dans le jeu, se base sur des cartes. Personnages, paysages, menus : même votre exploration des différentes maps se basera sur un déplacement sur des cartes faces cachées, qui se découvriront au fur-et-à-mesure que vous avancerez. Un principe repris de son prédécesseur, mais je remarque que les maps ici sont un peu plus petites que l’épisode précédent, rendant l’exploration moins longue et barbante. Mais s’il y a bien quelque chose qui n’a pratiquement pas changé, c’est bien son système de combat.

 

Voice of Cards : The Forsaken Maiden

 

Se présentant comme un JRPG au tour par tour, le système de combat est resté très simpliste. Trop simpliste parfois. Chaque personnage et ennemi possède trois statistiques principales : en bas à gauche, leur Attaque, en bas à droite, leur Défense, et enfin au milieu sur la gemme rouge, leurs Points de Vie. Vous comprendrez donc que les dégâts infligés ou reçus se basent sur un système de soustractions mathématiques très sommaires.

 

Dans The Forsaken Maiden, votre équipe sur le terrain pourra se composer jusqu’à quatre personnages, avec un maximum de cinq techniques chacun dans leur « deck » de compétences. Les compétences s’utiliseront en utilisant des gemmes (dans le coffre en haut à droite) dont le montant requis sera inscrit sur la carte de la compétence. Vous gagnez automatiquement une gemme par tour, mais si les personnages passent leur tour, ils généreront une gemme supplémentaire. De même, il existe des compétences de combat permettant de générer deux gemmes d’un coup – donc trois lorsqu’on passe au personnage suivant.

 

Mais pourquoi donner autant accès à ces précieuses gemmes ? Est-ce stratégique ? Oui et non, la stratégie est extrêmement minime dans ce jeu, voire inexistante très souvent. Mais le jeu nous présente une petite nouveauté : l’attaque combinée. En effet, chaque Prêtresse et son Gardien possèdera au moins une attaque qu’elle exécutera en duo contre un montant assez gourmand en gemmes et dont les effets varieront d’une Prêtresse à l’autre. Même notre duo de protagonistes finira par engendrer ce type de techniques au fur-et-à-mesure que leur complicité se renforcera.

 

Bien sûr, le système de combat possède aussi ses petites subtilités, comme exploiter les points faibles élémentaires de ses ennemis, mais il n’est pas essentiel de les connaître pour remporter les victoires.

 

Une différence avec le premier opus est visible dans le jeu. Dans The Isle Dragon Roars, vous finissiez par avoir réuni tous les protagonistes et deviez décider avec lesquels des personnages vous allez combattre. Dans The Forsaken Maiden, votre équipe se compose d’elle-même en fonction de votre avancée dans le scénario et les personnages que vous rencontrez. Vous n’aurez pas à vous casser la tête à choisir avec qui vous allez vous battre !

 

Des petites nouveautés bienvenues ?

 

Evidemment, il ne s’agissait pas ici de ne faire qu’un copier/coller de l’opus précédent. Le jeu a eu droit à ses petites nouveautés, à commencer par une que vous avez vu peut-être sans le savoir sur ma capture d’écran du plateau de combat ci-dessus. Il ne s’agit pas du plateau de combat basique du jeu, mais d’un plateau de combat « NieR : Automata », tiré du jeu du même nom.

 

En effet, vous l’avez compris, l’une des nouveautés du jeu s’avère être la personnalisation : elle va de l’apparence de votre pion, aux rectos/versos des cartes, en passant par le plateau de combat jusqu’à la table de jeu. Ces petits outils de customisation se débloquent de deux manières : soit en achetant du contenu téléchargeable, soit pendant votre partie, en remportant des jeux et en gagnant diverses récompenses. En réalité, il était possible de personnaliser son jeu dans le premier épisode mais les récompenses étaient assez bien cachées voire anecdotiques comparées à cet opus.

 

Un autre système a été ajouté à The Forsaken Maiden : le Mode Rapide, permettant de rendre votre aventure moins longue, surtout dans le cas des allers et retours – même si ces derniers ont été corrigés au maximum possible, en vous permettant par exemple de sortir plus vite de donjon ou de vous « téléporter » d’une île déjà visitée à l’autre sans faire un voyage interminable en bateau entre vingt combats ennuyeux.

 

Bon bien sûr, il n’y a pas que ça pour enrichir votre expérience dans Voice of Cards !

 

Voice of Cards : The Forsaken Maiden
Voice of Cards : The Forsaken Maiden

 

The Forsaken Maiden reprend le système des événements aléatoires, que ce soit sur la map du jeu ou dans les villes. Allant des rencontres avec des PNJ jusqu’aux événements qui vous demanderont de lancer un dé pour savoir si la chance vous sourit ou non … De mon côté, j’ai eu beaucoup de chance avec ce roc qui aurait pu devenir un monstre mais qui m’a donné un bon butin d’or à la place ! Vous serez aussi amenés à trouver des objets-clés qui serviront à valider des « quêtes annexes », dont l’issue de certaines dépendra de votre décision le moment venu. Par ailleurs, il arrivera que certains de vos choix même dans le scénario affectent légèrement ce dernier, par exemple le nom que vous voulez donner à votre bateau au début du jeu où vous pouvez très bien demander à vos camarades de décider pour vous.

 

Enfin, il existe une petite « coupure » dans l’aventure qui se trouve au niveau des villes ou dans le menu du jeu : les Salles de Jeux. Est-ce que vous avez déjà joué à un jeu de cartes, dans un jeu de cartes ? Eh bien voilà. VoC2 nous implémente un petit jeu de cartes sympathique, simple à comprendre, quoique très frustrant car reposant sur la pure RNG la majorité du temps. Mais il permet de faire des « pauses » dans l’histoire et vos victoires peuvent vous rapporter des récompenses intéressantes (dont des outils de personnalisation du jeu). Au fur-et-à-mesure que vous allez jouer, vous allez débloquer des nouvelles règles qui compliqueront un peu plus le jeu, pouvant même renverser une partie parfois. J’espère que vous êtes bons joueurs !

 

En résumé, malgré un système de combat qui a eu son lot de petites fraîcheurs, il n’en reste pas moins à mes yeux le plus gros défaut du jeu, même s’il reste fidèle au principe d’en faire un jeu léger à jouer et sans prise de tête. Me plonger dans l’aventure de Voice of Cards : The Forsaken Maiden a été cette fois-ci un pur plaisir pour son scénario, paradoxalement à la fois classique et plus complexe parfois. L’on sent que les développeurs y ont mis du cœur à essayer de corriger au mieux les petits défauts de son prédécesseur, que ce soit en réduisant la taille de la plupart des maps, ou en implémentant le mode Rapide. Il n’en reste toutefois pas moins qu’il ne s’agit pas ici d’un jeu à « rush » sous peine de finir par se lasser, mais d’y jouer à coup de petites sessions pour se détendre. Si un Voice of Cards 3 doit voir le jour, j’espère une légère amélioration du système de combat mais de continuer sur la voie prise en terme d’histoire.