Yoko Taro fait partie de ces hommes qui ont su en seulement quelques jeux se créer une communauté de fan(atique)s. Scénarios sombres, univers travaillés et mécaniques de jeux parfois étranges sont devenus la marque de fabrique du créateur et ses moindres faits et gestes sont épiés par des milliers de joueurs. Toutefois un grand nom n’est pas toujours synonyme de grand jeu.

 

Test effectué sur une version Switch offerte par Square Enix.

 

Voice of Cards : The Isle Dragon Roars a été développé en collaboration avec le studio Alim et est sorti sur Switch, PS4 et PC le 28/10/21.

 

Here we go again…

 

Dans un monde de Fantasy tout ce qu’il y a de plus classique, vous incarnez un jeune aventurier anonyme qui décide d’aller occire un terrible dragon qui vient de se réveiller. Accompagné de Lazuli, votre fidèle monstre de compagnie, et d’Onyxa, une magicienne voulant tuer le vil lézard également, vous devrez parcourir le monde pendant une douzaine d’heures pour accomplir votre quête. Si le scénario est aussi classique qu’il en a l’air – malgré un twist sympathique en fin de jeu – il se suit avec intérêt grâce aux interactions entre les membres de l’équipe qui s’avèrent plutôt drôles. Dommage que leurs personnalités ne soient pas plus travaillées. C’est d’ailleurs un constat que l’on peut faire à l’ensemble de l’écriture qui n’approche jamais la profondeur de celle des autres œuvres de Yoko Taro. À l’exception du passage dans le village des monstres, tout est ultra classique et vous aurez l’impression d’avoir déjà vécu ces événements des centaines de fois.

 

Test Voice of Cards : The Isle Dragon Roars

 

Cette sensation de déjà-vu est renforcée par le fait qu’il n’y ait que 5-6 pnjs réutilisés à l’infini ainsi que 4 types de monstres déclinés en rouge, bleu, jaune… selon leurs affinités élémentaires. Et c’est là l’un des gros problèmes de Voice of Cards : sa répétivité. Pendant 12 heures, vous alternerez villages, dialogues et donjons sans que rien ne vienne jamais casser la monotonie ambiante. Pas de quêtes annexes, des événements aléatoires qui se comptent sur les doigts d’une main et qui se répètent en boucle… La seule activité annexe sera la recherche des 10 cartes mystérieuses essentielles à l’obtention de la vraie fin – qui s’avère la seule qui vaille le coup. Le jeu ne possède d’ailleurs aucune véritable rejouabilité, exit donc les fins A à Z de NieR Automata.

 

Test Voice of Cards : The Isle Dragon Roars
Test Voice of Cards : The Isle Dragon Roars

 

Heureusement il parvient à garder notre intérêt grâce à son ambiance « Donjons et Dragons ». Le narrateur faisant office de Maître du jeu et commentant tous vos faits et gestes y est pour beaucoup mais c’est un parti pris qui ne plaira pas à tout le monde puisqu’il s’agit de l’unique voix que vous entendrez durant votre périple.

 

Cards, cards everywhere

 

Très largement mise en avant, la direction artistique de Voice of Cards est assurément ce qui fait sa force. Absolument tout dans le jeu est représenté par des cartes : personnages, zones d’exploration, menus… Cela donne une identité visuelle unique à l’œuvre mais la dessert grandement en termes d’ergonomie. Si les déplacements sont peu précis, surtout en diagonale, c’est surtout la vitesse de jeu qui pâtit le plus de ce parti pris esthétique. À chaque déplacement sur la map, les cartes faces cachées vont se retourner pour révéler le paysage. Si l’idée est amusante au début, devoir attendre une seconde à chaque pas à de quoi rendre fou au bout de quelques heures. Mais le pire reste à venir avec les combats.

 

Test Voice of Cards : The Isle Dragon Roars

 

Première chose, ne vous attendez pas à utiliser des cartes pour combattre. Ici elles n’ont qu’un but artistique. Point de decks à créer comme dans Slay the Spire ou Baten Kaitos. En fait, Voice of Cards est un JRPG extrêmement classique, voire simpliste, dans ses affrontements. Votre équipe est composée de trois combattants disposant de 4 compétences chacun allant de l’attaque simple au sort magique destructeur. Suivant la puissance de la technique choisie vous aurez besoin d’utiliser des gemmes magiques qui font office de MP en quelques sorte. Vous commencez le combat avec 2 gemmes puis en gagnez une par tour, il s’agira donc d’économiser vos ressources pour déchaînez vos plus puissantes attaques ou vous soigner. Malheureusement, les affrontements sont très simples et manquent cruellement de stratégie… Les ennemis ne vous mettent jamais en difficulté et le principe de faiblesses élémentaires vous permet d’atomiser les plus récalcitrants en quelques tours. Cette absence de challenge couplée à l’incroyable lenteur des combats – il n’y a aucune option permettant de les accélérer – font que le jeu vous tombera des mains au bout de certaines sessions… Si vous ne vous endormez pas avant !

 

6/10

Classique, facile et horriblement lent, Voice of Cards parvient à captiver son auditoire par un choix visuel somptueux, une bande son réussie et une écriture de qualité bien que prévisible. Petit projet par un grand monsieur du jeu vidéo, ce JRPG n'est pas du niveau des précédentes œuvres de Yoko Taro mais saura ravir les amateurs de JRPGs à l'ancienne. À condition de le consommer par petites sessions sous peine que sa mollesse ne vous envahisse !

Dreams

  • Visuellement somptueux
  • Quelques dialogues très drôles
  • Intégralement traduit en français

Nightmares

  • Des combats beaucoup trop basiques
  • D'une lenteur mortelle
  • Des rencontres aléatoires insupportables dans les dernières heures