Aujourd’hui nous vous proposons de découvrir l’interview de Joffrey Lannoy, un fan de Final Fantasy qui travaille depuis 16 ans sur un projet de jeu de cartes tiré de l’univers de la série. Nous vous laissons découvrir tout cela !

 

FFD : Bonjour Joffrey ! Merci beaucoup de prendre le temps de répondre à nos questions. Avant toute chose, pourrais-tu te présenter pour nos lectrices et lecteurs ?

 

Joffrey : Bonjour à vous et merci de votre temps. Bonjour aux lectrices et aux lecteurs également, et un grand merci à eux pour leur attention. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu à faire de CV mais c’est pas grave, je peux le faire ! Je m’appelle Joffrey Lannoy, j’ai 35 ans et j’habite dans le nord de la France.

 

Dans la vie, je suis un peu comme un député, plutôt du genre à cumuler les mandats ! Alors j’ai un boulot parce c’est dans l’ordre des choses, je travaille en hôtellerie depuis maintenant sept ans, mais à côté j’ai choisi d’être président d’association et avec les années je suis devenu designer malgré moi. Je suis du genre hyper créatif de nature, ce qui n’est pas aussi facile à vivre qu’on pourrait le penser. Mais je m’en sors !

 

 

FFD : Quel lien entretiens-tu avec la série Final Fantasy ? Quel est le premier épisode auquel tu aies joué ?

 

Joffrey : J’ai effleuré Final Fantasy pour la première fois quand j’avais 15 ans. À l’époque mes frères ont introduit l’émulation à la maison et j’ai découvert la Super Nintendo ainsi. Avant j’étais rivé sur ma Game Boy autant que les piles me le permettaient ! (c’est-à-dire … pas beaucoup haha !) Alors plutôt que de défourailler encore et encore les donjons de Zelda : Link’s Awakening, j’ai décidé de jeter un coup d’œil aux catalogues des consoles que l’émulation m’a permis d’essayer.

 

Du coup mon premier épisode a été Final Fantasy V. J’ai immédiatement accroché à l’univers très coloré, à la fluidité du gameplay, aux Jobs extrêmement maniables, au bestiaire à couper le souffle et aux musiques qui ont fait les beaux jours de la série. Pour avoir eu la chance de rencontrer Nobuo Uematsu lors d’un concert à Paris, je dois bien avouer que le bonhomme impressionne par son talent et … sa simplicité.

 

The Crystal Card Game, le TCG d'un fan de FF

 

Pour être honnête, il fut un temps où je me suis considéré comme un gros fan. Mais le temps passe, on grandit et la vie fait de nous qui nous sommes. Je pense que ma mentalité a évolué également, et aujourd’hui je me considère davantage comme le récipiendaire d’une époque qui fout le camp et à laquelle j’aimerais rendre hommage. Oh bien sûr je suis devenu un vieux con aigri et jamais content, mais c’est un processus naturel de la vie donc je ne m’en plains pas. Mais je vois à quel point j’ai changé quand j’échange sur tel ou tel épisode de la saga avec mon meilleur ami : bien que j’apprécie beaucoup ces jeux, je suis devenu très dur envers Square et ses productions.

 

J’ai pourtant failli travailler chez Square-Enix, à Londres ! C’était durant ma licence, entre 2004 et 2007, j’ai postulé à une offre de recrutement sur leur site officiel pour un poste de testeur. J’ai passé un test – que j’ai réussi – et j’ai eu un entretien concluant avec Seb Ohsan Berthelsen, le chef du département assistance qualité. J’ai hélas dû refuser la place pour des raisons financières, Londres étant extrêmement onéreuse … cette expérience m’a marqué. Après ça, j’étais encore plus déterminé dans mon projet.

 

J’avoue être très exigeant sur ce que l’on me propose, étant exigeant moi-même dans ma vie. Du coup je craque plus facilement sur des opus aux sous-entendus travaillés et sombres que des épisodes grand public et fan service. …

 

 

FFD : Tu nous as contacté car tu travailles depuis des années sur un projet lié à FF, pourrais-tu nous le présenter ?

 

Joffrey : C’est exact. Aussi incroyable que cela puisse paraître cela fait 16 ans que je travaille là-dessus. Tout a commencé avec le Triple Triad de Final Fantasy VIII, j’ai tout de suite su qu’il y avait quelque chose à faire. J’veux dire, c’était évident, ce truc était génial !

 

Seize années, c’est énorme. J’ai grandi et mûri en même temps que mon projet. Au début, c’était un simple copier-coller du Triple Triad. J’étais jeune, j’étais au lycée ! J’avais l’ambition mais pas les idées. Entre temps, j’ai connu la série Yu-Gi-Oh et j’ai adoré. J’ai su qu’il y avait quelque chose à faire avec ça.

 

Je n’étais pas un joueur de TCG. A vrai dire, je ne le suis pas davantage aujourd’hui … Si j’aimais Yu-Gi-Oh, je ne m’y serais jamais lancé, et à côté de ça Magic the Gathering me paraissait trop complexe. Mais ça ne m’a jamais empêché de penser que je pouvais en réaliser un. C’est donc à partir de 2004 que j’ai commencé à me mettre au design.

 

Entre temps, j’ai commencé à travailler dans un casino en 2008. J’étais croupier. Bien que ça ait considérablement ralenti le projet – faute de temps – je dois avouer que ce fut un déclic monstrueux de manipuler des cartes à longueur de soirée. Je savais que je voulais créer un TCG. C’est donc en 2011 que la première version de mon jeu a vu le jour. Je balbutiais encore avec mon logiciel, et c’était moche, mais c’était une base solide. Plus j’essayais, plus j’y arrivais. La persévérance, c’était la clé.

 

Les années ont passé, et j’ai revu mes ambitions à la baisse. J’avais envie d’un truc novateur, inédit, unique ! De l’interactivité avant même l’invention des applis ! Un ordinateur de duel capable de suivre le match en direct ! En toute honnêteté j’ai visé trop haut. Et ça m’a permis de remettre en question non seulement mon projet mais aussi ma capacité à le créer. La modestie n’est pas une notion à prendre à la légère, et j’ai eu la chance de l’apprendre d’une manière ludique.

 

Aujourd’hui nous sommes en 2021 et après des années de chamboulements personnels et professionnels, mon jeu est arrivé à sa version graphique finale : la V7.5. Oui, vous pouvez le dire il a pas mal changé au fil du temps.

 

Le jeu s’appelle donc The Crystal Card Game. A cause du manque cruel de traductions françaises de certains épisodes, j’ai décidé de créer le jeu en anglais. Vous m’excuserez, mes amis anglophobes mais aujourd’hui c’est difficile de ne pas connaître la langue de Shakespeare, avouons-le !

 

The Crystal Card Game, le TCG d'un fan de FF

 

Il s’agit d’un trading card game couvrant (presque) tous les épisodes à travers leurs différents portages. Le principe est relativement simple et reprend les mécaniques standards d’un TCG : vous avez un playmat, un deck, et le but est de détruire le cristal de l’adversaire.

 

Pour cela, vous avez à votre disposition douze types de cartes différentes, réparties selon leurs couleurs. Le code couleur était une obligation pour moi. Pour être franc avec vous, je suis daltonien. C’est pas bien méchant, je ne vois aucun dégradé donc je n’ai que les couleurs de base. Je le vis bien, et c’est ce qui influence mon style artistique très flashy. Vous aurez donc à disposition les cartes suivantes : Monster (noire), Trinity (jaune), Soul Eater (bleue), Unlimited (blanche), Hero (rouge), Role (rose), Eidolon (mauve), Familiar (orange), Item (grise), Crystal (turquoise), Dominion (verte) et Xtra (bicolore).

 

The Crystal Card Game, le TCG d'un fan de FF

 

Pour ceux qui veulent se la jouer à la barbare, ils ont de quoi faire. Pour les tacticiens en herbe, j’ai ajouté deux gameplays : un centré sur les éléments, et un autre sur les signes du zodiaque, deux aspects notables de la saga Final Fantasy.

 

 

FFD : L’univers de ton jeu de cartes semble très travaillé. Quelles ont été tes sources d’inspiration pour ce lore ?

 

Joffrey : Vous allez rire, mais je peaufine encore l’histoire ces derniers jours. Vous m’direz mais pourquoi il invente une histoire, c’est un jeu de cartes ! Bah oui, c’est vrai mais Yu-Gi-Oh a une histoire, et mon jeu il est bien mais j’ai envie de le présenter à Square-Enix, donc s’ils veulent l’adapter en jeu ou que sais-je, en animé, mieux vaut qu’il soit pourvu d’un background.

 

Enfonçons les portes ouvertes, voulez-vous ? Au risque de provoquer un tollé sur la toile, je souhaite être transparent avec les lectrices et lecteurs de cet article. Je n’ai … jamais supporté Sephiroth. … … … ça y est, z’avez terminé on peut reprendre ? haha ! Alors j’ai joué à de très nombreux jeux de la saga, bien au-delà de la numérotation principale. Des bad guys, j’en ai soupé. A vrai dire il en reste très peu encore que je n’ai pas défouraillé. Et bien croyez-le ou non, Sephiroth m’a vraiment laissé de marbre du début jusqu’à la fin. Sans doute parce que quand on traite le protagoniste de marionnette et qu’on en est une soi-même, ça m’embête. J’ai toujours eu davantage de respect pour la véritable méchante de l’histoire : Jenova. Je suis réceptif au fan service, mais vous ne me verrez jamais hurler le nom de Sephiroth comme une groupie qui envoie sa petite culotte sur scène à un concert de Patrick Bruel … j’ai mes limites.

 

Bref vous allez me dire, qu’est-ce qu’il nous raconte ? Et bien en fait, c’est justement parce que je n’aime pas Sephiroth que j’ai décidé d’aller l’emmerder jusqu’au bout et j’ai donc pris comme origine de mon histoire, les conséquences de la Supernova. Non parce que le truc détruit des planètes, quoi … OK ça, c’était classe. Alors c’est de cette attaque que mon histoire est née. Disons que c’est une petite revanche personnelle, haha. J’aime l’ironie de la chose.

 

Mais pour réunir tous les univers en un jeu, ça c’était du challenge. Je termine les détails les plus précis de l’histoire en ce moment, mais ça implique l’effondrement des barrières entre les dimensions. Ce n’est pas comme une invit’ au resto à l’instar d’un Dissidia, je ne fais pas venir les protagonistes et les monstres dans un univers précis, j’y envoie leurs âmes sous forme de cartes. Un peu à la Kingdom Hearts : Chain of Memories – que j’ai adoré. Enfin, sur GBA … non parce que la version 3D était imbuvable …

 

Et à vrai dire, il n’y a pas forcément plus compliqué que ça. J’ai appris de modèles du genre, comme Dissidia bien entendu mais encore Record Keeper. Je suis également un grand fan de la série Doctor Who et j’avoue que ça m’a aidé. Mais il n’y a pas nécessairement davantage de travail à fournir en tout cas pour les grandes lignes. Ce sont les détails qui sont bien plus délicats à gérer car on peut faire avaler n’importe quoi à un public pourvu que l’histoire soit cohérente dans ses détails. Être incohérent revient à faire de la maçonnerie quand on n’a aucune notion, bref le bâtiment finira pas s’écrouler. Créer un lore, c’est pareil.

 

 

FFD : Quelles sont les règles du jeu ? T’es-tu basé sur des mécaniques déjà existantes dans d’autres jeux de cartes ?

 

Joffrey : La règle est simple : réduire les points de vie du cristal de votre adversaire à zéro. Pour ce faire, vous devez réduire son armée à néant. A contrario de Yu-Gi-Oh, je ne voulais pas que l’on puisse attaquer le cristal de manière directe, ça aurait été trop rapide. J’ai préféré opter pour un jeu de massacre en quelque sorte, une arène géante où la stratégie est au centre du duel. Mais pas que.

 

Deux aspects fondamentaux de mon jeu que j’ai voulu implémenter depuis le tout début sont la chance et le stress. De nos jours, être le meilleur stratège suffit à asseoir un siège, cependant tout comme au poker (casino, quand tu nous tiens), il y a une part de chance dans le jeu. Vous pouvez être le meilleur tacticien, si vos cartes ne sont pas à la hauteur alors vous devrez user de toute votre intelligence pour combler les faiblesses de votre jeu. C’est pareil avec le Crystal Card Game : j’introduis au début de chaque tour une séquence appelée « Action Dice Turn » dans laquelle le joueur lance son dé et récolte autant d’actions durant son tour que le chiffre qu’indique le dé. De cette façon vous pouvez avoir le meilleur deck du monde, si la chance n’est pas de votre côté vous devrez vous surpasser.

 

Ensuite, la notion de stress. J’ai remarqué qu’au casino il est impératif de cacher ses cartes aux autres joueurs. Et ça m’a donné une idée très tôt dans la conception du jeu. Quand vous regardez les cartes des trading card games actuels, vous verrez que leur dos est uniforme et anonyme. Étant donné que je travaille avec des couleurs uniques par type de carte, j’ai pris la décision d’en habiller l’arrière de la carte. Ainsi, une carte noire aura le verso noir, une carte rouge aura le verso rouge etc … ce faisant, vous pourrez savoir quel type de carte votre adversaire possède dans sa main ! Mais attention, car lui aussi ! De quoi vous faire transpirer à imaginer quelle carte il vient de tirer, et en quoi elle peut lui servir dans sa stratégie actuelle.

 

The Crystal Card Game, le TCG d'un fan de FF

 

Pour le reste, je me suis basé sur ma propre expérience dans les jeux et celle de mon meilleur ami. On est assez complémentaires quand on joue : je prends toujours le bourrin de service avec une épée et je tape comme un décérébré sur tout ce qui bouge, tandis qu’il choisit le magicien, plus faible, plus vulnérable, mais toujours plus efficace. Et il me ridiculise à chaque fois, le bougre !! (je le vois déjà rire de cette anecdote !) C’est de cette façon que je me suis rendu compte que tout le monde n’était pas aussi barbare que moi dans les jeux. J’ai donc inventé les deux gameplays (élémentaire et zodiacal) pour permettre aux joueurs d’inventer des stratégies remarquables auxquelles mon pauvre cerveau n’aurait jamais eu l’idée.

 

J’attends des joueurs qu’ils m’impressionnent. Lorsqu’un jeu marche bien, vous voyez souvent des vidéos de solutions à des boss complexes avec des stratégies incroyables et vraiment très rusées. J’ai envie qu’on fasse la même chose avec mes cartes.

 

Plutôt que de miser sur trop de nouveauté, il est vrai que j’ai axé mon gameplay général sur un TCG classique. Je pense que l’on arrive à une époque où trop de choses ont déjà été créées. Il est bien souvent difficile de faire preuve d’une ingéniosité à toutes les étapes, et ça peut également perdre les joueurs de ne pas ressentir des repères confortables lorsqu’ils se lancent dans une nouveauté. La création pour la création ne vaut pas mieux au final, donc oui j’ai calqué une partie de mes mécaniques sur Yu-Gi-Oh et Magic the Gathering, c’est évident et j’en suis fier car ce sont deux merveilleux exemples de l’ingéniosité humaine.

 

J’y ai juste ajouté quelques touches maison : la notion de stress avec le dos des cartes, la chance avec l’usage d’un dé, le fait d’être représenté par un cristal et non de se taper dessus directement, et quelques mécaniques bien senties comme la carte « The End » qui permet une prolongation du duel, les cartes « Treasure Chest » qui font office de monnaie d’échange pour des attaques bien senties, ou encore des notions comme l’« Overkill » et le « Crystal Link » qui détermineront votre capacité à affaiblir le cristal adverse, ainsi que les notions de rangs avant et arrière à l’instar des jeux. En dehors de ça, c’est plutôt la grosse marave, haha !

 

 

FFD : Que penses-tu du TCG Final Fantasy ?

 

Joffrey : C’est marrant mais j’y attendais, à celle-là ! Il est vrai que, comme le projet a commencé officiellement en 2004, j’ai vu l’émergence du TCG de Square-Enix en 2011. Pour être honnête, j’ai vu le titre de la news sur un site communautaire, je suis resté scotché à ma chaise. J’ai dû passer par plein d’états différents en un temps record ! C’était très comique quand j’y repense.

 

C’était du genre un jour normal, puis une claque dans la figure à la vue de la news, ensuite j’ai commencé à transpirer, j’ai fébrilement cliqué sur le lien et j’ai lu l’article avec scepticisme, puis j’ai vu les images des cartes et je me suis mis à rire devant mon ordinateur comme un idiot. Certes en 2011, je n’en étais qu’à la toute première version graphique du Crystal Card Game, mais je savais déjà qu’il allait évoluer. Et de plus, pour aussi bancale que fut cette première version, je savais qu’au mois je m’étais cassé le popotin à la créer moi-même.

 

Quand j’ai vu le TCG de Square-Enix j’étais affreusement déçu. Comme je l’ai dit plus haut je suis sensible au fan service mais je suis aussi très critique. Envers moi-même d’abord, mais aussi envers les autres. Ce n’est pas parce que Squaresoft et Square-Enix m’ont apporté d’excellents jeux que j’accueille à bras ouverts ses nouveaux projets, bien au contraire. Je ne suis pas un vieux troglodyte qui s’enferme dans le passé, l’évolution c’est bien. Square a besoin d’évoluer, mais comme quand on écrit une histoire, il faut le faire correctement.

 

Je me permets une parenthèse sur mon aspect critique de la série. Je suis d’une école qui attendait – et attends encore très naïvement – Final Fantasy Versus XIII. Vous voyez l’état d’esprit … je déteste Final Fantasy XV pour n’être qu’un ersatz fadasse de ce qu’il aurait pu être. Je ne crache pas sur ce que le jeu a de bien, mais Square-Enix m’a déçu sur ce coup et c’est comme un coup d’épée, ce genre de blessure reste.

 

Je n’ai jamais été friand de MMORPG. Je n’ai jamais approché Final Fantasy XI mais lui reconnais une imagination et un univers à l’épreuve du temps, et il a tout mon respect pour ça. En revanche je voue une véritable aversion pour sa vulgaire copie Final Fantasy XIV. Je n’y vois pas l’imagination d’un nouvel univers, mais la prise outrancièrement non dissimulée des éléments qui marchent dans les autres jeux, assemblés comme des Lego par un gamin de trois ans. Bancal, et pas fan service à mon sens. Je comprends parfaitement que le jeu fonctionne et qu’il y ait des fans, je leur adresse tout mon respect pour leur courage que je n’ai pas. Mais ce genre de cicatrices fait que je ne place pas ma confiance dans Final Fantasy XVI. J’ai appris la défiance, même si je sais que Square-Enix a de bons éléments pour créer de bons jeux. Mais ces dernières décennies n’ont pas été marquées par la qualité que j’ai connu autrefois et cela me chagrine.

 

Pour en revenir à nos moutons, voilà ce qui s’est passé avec le TCG de Square-Enix. J’ai vu que ce qu’ils avaient créé n’était pas à la hauteur de ce qu’ils pouvaient faire. Du coup je ne me suis pas inquiété et j’ai continué mon projet. D’autant que j’ai vu que le projet n’a atteint l’Europe qu’en 2016 … je n’ai pas l’impression qu’il cartonne. Surtout pour l’avoir vu une paire de fois dans les bacs de soldes …

 

Je trouve que leur design est une honte. Ils sont capables de tellement mieux ! Rien que le design en lui-même ne me donne pas envie. Et pour avoir un temps collectionné les figurines de Final Fantasy, j’ai retrouvé ce même vieux travers de la part de la firme : on tape çà et là sans se soucier de continuité et on ne termine jamais ses séries. C’était pareil avec les figurines de Bandai et ArtFX à l’époque, puis ça a continué avec les Play Arts … c’est pour ça que j’ai arrêté, j’avais besoin d’une continuité pour rester dans le bateau. C’est ce qui m’a poussé à en créer une solide avec mon jeu.

 

Pour moi, le TCG officiel est un échec cuisant. Visuellement il ne casse pas trois pattes à un béhémoth, et ça se sent que l’engouement n’est pas là. Les ventes le sont peut-être mais les chiffres n’ont jamais remporté le cœur des fans. Ils pouvaient faire beaucoup, beaucoup mieux.

 

 

FFD : Quel est l’avancement du projet actuellement ? Penses-tu avoir besoin d’aide (humaine ou financière) pour certains aspects du jeu ?

 

Joffrey : Le Crystal Card-Game est dans sa version ultime. Plus besoin de parler de design, c’est fait. J’en suis à la création pure et dure des cartes – ce qui m’oblige à rejouer à chacun des épisodes, et c’est encore ça le plus long. Il faut comprendre qu’avec une série de cette ampleur, je suis parti pour créer plusieurs centaines de milliers de cartes ! Pour le moment elles avancent bien. J’essaye de regrouper les cartes dans des référencements intelligents afin de satisfaire les futurs joueurs.

 

Mon meilleur ami a été collectionneur de cartes de Yu-Gi-Oh et j’ai appris de ses déboires que les références des cartes sont très importantes. Et tout comme la discontinuité des figurines de Final Fantasy m’a fait lâcher l’affaire à l’époque, le référencement trop complexe de Yu-Gi-Oh l’a fait lâcher également. Et je trouve ça tellement triste ! Si les firmes ne réussissent pas à garder leurs fans, comment faire pour se lancer dans ces univers ? Du coup je fais très attention à ce que le jeu soit compréhensible et facile à suivre pour les joueurs. C’est très important de respecter les fans autant que les futurs joueurs, le fan service n’achète pas tout dans la vie. Je vous avouerais que je serais heureux que les joueurs de mon jeu deviennent aussi critiques que je le suis envers Square-Enix ! Cela prouverait qu’ils ont des attentes envers mon projet, et ce serait un excellent challenge pour moi que de leur montrer que je peux les surmonter.

 

Concernant de l’aide … ma foi j’ai travaillé sur ce projet seul depuis 16 ans déjà. Je ne suis pas certain d’avoir besoin d’aide pour mes cartes ou mon gameplay. En revanche, j’ai beau avoir réussi à accomplir ce que j’ai fait, je ne suis pas omniscient non plus. Il y a maintes connaissances que je n’ai pas et la plus pressante pour mon projet c’est de pouvoir créer un site internet qui lui soit dédié. Je n’ai hélas pas d’informaticien dans mon entourage et j’ai déjà travaillé sur le design nécessaire au site, donc oui j’avoue que j’ai besoin de quelqu’un qui puisse m’aider à le construire. Pourquoi, vous avez ça dans votre manche ? Je suis preneur, haha !

 

En ce moment je réalise les premiers tests physiques des cartes. A côté de cela, j’ai d’ores-et-déjà créé les formats de commercialisation (starter packs, decks de structure et paquets de cartes) qui ne demandent qu’à être imprimés. Il est vrai que ce genre de réalisation coûte de l’argent. Je pourrais le faire plus facilement si je ne mettais pas mon association en avant pour ses expositions. Cela demande des moyens financiers et je prends sur mes deniers personnels car j’aime ce que je fais. Mais du coup ça interfère avec mes possibilités pour le Crystal Card Game. A dire vrai je suis quelqu’un de timide en réalité, je me vois mal réclamer quelque chose mais je dirais que toute aide serait la bienvenue. J’avais considéré mettre le projet sur des plateformes de financement participatif mais ne possédant pas (encore) les droits sur le contenu de Square-Enix, c’est hélas interdit par leurs règlements. Et je veux faire les choses correctement pour ne pas les fâcher avant de leur présenter le projet.

 

Après, si quelqu’un veut supporter le projet et m’aider financièrement, je lui en serais reconnaissant ! Mine de rien ça coûte de l’argent. Pour être transparent avec vous, la réalisation physique est chère. J’ai résolu les problèmes au niveau des dés et ai trouvé un accord particulier avec un très gentil vendeur. Et vu l’ampleur hallucinante du nombre de cartes à imprimer au final, forcément que ça va représenter un coût. Sans parler des playmats, des boîtes des starters packs et autres decks. J’ai en effet créé un compte Paypal pour le projet lorsque j’avais dans l’idée d’un financement participatif, mais il n’a jamais été utilisé. Ce pourrait être un moyen de faire décoller les choses, c’est certain. D’autant que j’avais déjà travaillé sur des cartes uniques au monde qui auraient pu être offertes en remerciement des personnes qui supporteraient financièrement le projet. L’idée n’est pas tombée dans l’oubli.

 

The Crystal Card Game, le TCG d'un fan de FF

 

FFD : Peut-on suivre l’avancement de ton travail quelque part (Facebook, Twitter…) ?

 

Joffrey : Vous êtes le premier site à qui j’en parle, à dire vrai. Je ne me suis jamais senti vraiment prêt pour le rendre public. Ironiquement j’avais souvent dans l’idée qu’on aurait pu plagier mon projet et l’idée m’était difficilement supportable. Mais on n’a rien sans rien et j’ai compris qu’il faudrait bien communiquer un jour ou l’autre. Je suppose que j’attendais sa version définitive avant de me lancer.

 

Comme je l’ai indiqué précédemment, j’aimerais vraiment avoir un site internet pour relater le projet et permettre à Square-Enix d’en avoir une vue d’ensemble et de trancher s’il faut m’applaudir ou me traîner en justice, haha ! Et je n’ai jamais été un grand fan des réseaux sociaux. Je veux dire j’ai une page Facebook pour mon association, mais c’est à peu près tout. Je suis sans doute trop vieux, allez savoir haha !

 

Je vais avoir le privilège d’avoir une page consacrée au Crystal Card Game sur l’excellent site (anglais !!!) de Final Fantasy Fandom qui m’a autorisé à le publier. C’est un véritable honneur pour moi qui fréquente cette base de données depuis des années. Elle m’a considérablement aidé à réaliser mon projet. Lorsque ce sera le cas, je vous en ferai part avec plaisir.

 

Une chaîne Youtube a été ouverte il y a environ 4 ans de cela avec un simple teaser. A l’époque j’avais tenté de jouer sur les deux tableaux entre la création des cartes et la communication, mais ni l’un ni l’autre n’était à son top niveau. Créer des vidéos demande beaucoup de temps, et cela empiétait trop sur mes cartes donc j’ai laissé le compte ouvert mais pour le moment il dort. Il va bientôt se réveiller cependant.

 

Mais en effet, jusque-là j’ai préféré m’occuper de la création plutôt que de la communication. Je pense qu’il est temps de s’ouvrir un peu au monde extérieur, et c’est aussi pour cela que j’ai souhaité venir jusqu’à vous. Qui sait, peut-être que des lectrices ou des lecteurs seraient intéressés par donner un coup de pouce informatique ? Je serai ravi de converser avec eux en tout cas.

 

J’aimerais ajouter pour terminer que je vous remercie de l’amabilité et de la confiance que vous m’avez apportée depuis le début de notre communication. Je suis très fier d’avoir le privilège d’être publié sur FFDream et espère vous rencontrer un jour dans des circonstances sociales un peu plus calmes qu’à l’heure actuelle. Qui sait, lors d’une partie ? D’un tournoi ? A voir !

 

Les liens de Joffrey :

 

Mail : starlight-extinction@live.fr

Page FB de l’association : https://www.facebook.com/assomuseemillenium

Page Youtube du TCG : https://www.youtube.com/channel/UCBgdnwm_s6EJhFq90xCVyeg

Le lien Paypal du projet : ffcrystalcardgame@outlook.fr

 

Merci à Joffrey de nous avoir fait confiance pour parler de ce projet. Si vous aussi vous avez un projet lié à FF que vous souhaiteriez mettre en lumière, n’hésitez pas à nous contacter via les réseaux sociaux ou l’adresse mail suivante : alxz_rex@ffdream.com