Pensée à l’origine comme un spin-off à Final Fantasy, la série des Seiken Densetsu a depuis bien évolué et s’est forgée sa propre identité. Moins connue que la série phare de Square, les Mana ont leurs fans qui sont gâtés pour les 30 ans de la série avec la sortie d’un remaster de Legend of Mana, jusque là inédit en France, intégralement traduit pour l’occasion. Le jeu a-t-il de bons arguments plus de 20 ans après ou bien s’est-il flétri avec le temps ? Sortez vos outils de jardinier, l’arbre Mana a besoin de vous !

 

Mana, Mana, Mana…

 

En 1991 est sorti le jeu Final Fantasy Gaiden : Seiken Densetsu (Mystic Quest chez nous) sur Game Boy. Koichi Ishii, le producteur, désirait créer un jeu dont les combats se feraient de manière plus directe sans transition et sans passer par plusieurs menus. Les ennemis sont donc visibles sur la carte et les affrontements se font en temps réel, classant cette série dans les Action-RPG. Le jeu fut bien accueilli et eu droit à une suite sur Super Nintendo. Seiken Densetsu 2, ou Secret of Mana, reçut de nombreuses éloges de la part de la presse spécialisée et figure très souvent dans les tops des meilleurs jeux de la console. C’est avec cet épisode que la série trouvera vraiment son identité en se détachant complètement de FF et en développant son propre univers. De nombreux autres épisodes sortiront par la suite, y compris en Europe. Seuls deux jeux boudèrent notre territoire : Dawn of Mana et Legend of Mana, qui se rattrape aujourd’hui avec ce remaster sur Switch, PS4 et PC.

 

 

C’est l’histoire d’un homme à tout faire…

 

Après une jolie séquence animée vous devrez choisir le sexe de votre personnage ainsi que son nom. Choix purement esthétique qui n’influencera en rien l’histoire, votre avatar étant mutique. Vous vous retrouvez ensuite devant une carte vide à l’exception de votre maison. Cette désolation est liée à la disparition de l’Arbre Mana qui a été réduit en cendres des siècles plus tôt. Heureusement, l’énergie de l’arbre s’est fragmentée et a trouvé refuge dans diverses reliques. Votre but sera donc de les récupérer pour reconstruire le monde de Fa’Diel comme vous l’entendez (de la même manière que Final Fantasy Tactics Advance) et de ramener l’Arbre Mana. Présenté comme cela le scénario semble promettre une aventure riche en exploration, il n’en sera malheureusement rien. Le jeu est en effet une succession de petites quêtes d’environ 20 minutes rarement liées les unes aux autres. Vous chasserez donc un fantôme, assisterez à une amourette entre deux pingouins ou débarrasserez une route de ses bandits… L’absence de fil conducteur et le fait que le jeu ne vous aide absolument pas sur la suite des événements atténuent la belle promesse initiale et donnent au jeu un aspect décousu. Le jeu s’avère ainsi assez similaire à SaGa Frontier dans son déroulé, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’ils ont le même producteur, Akitoshi Kawazu. On se contente donc d’avancer de zones en zones en parlant à tous les PNJs jusqu’à épuiser leurs lignes de textes sans y prêter attention afin de continuer. Non pas pour découvrir le fin mot de l’histoire mais pour admirer les environnements et savourer la bande son les accompagnant.

 

Les environnements sont sublimes
Les environnements sont sublimes
Vous voyagerez entre chaque zone via un écran de ce type
Vous voyagerez entre chaque zone via un écran de ce type
À vous de placer les villes et donjons comme bon vous semble
À vous de placer les villes et donjons comme bon vous semble

 

Un presque sans-faute artistique

 

Incontestablement l’un des points forts de cette remasterisation, la refonte des environnements est magnifique. Fourmillant de détails et parfois animés, c’est un véritable régal pour les yeux. Dommage que cela se fasse au détriment de la lisibilité, il est parfois difficile de discerner les entrées et sorties des zones. Si le soin apporté aux décors est exemplaire, il est étrange que les personnages et les objets n’aient pas eu droit au même travail. Nous nous retrouvons face à un mélange des plus étranges avec des sprites qui dénotent vraiment avec le reste. On finit par s’y habituer au bout de quelques heures mais ce parti pris reste discutable surtout au vu des magnifiques artworks accompagnant les dialogues.

 

Test : Legend of Mana

 

 

C’est par contre un sans-faute pour les musiques du jeu réorchestrées pour l’occasion (même s’il est possible de choisir les versions originales). Composée par Yoko Shimomura, la bande son est extrêmement plaisante à écouter. Que ce soit les phases d’exploration ou de combat, la compositrice fait toujours mouche. Mention spéciale pour le thème principal qui vous restera en tête pendant des heures (jours).

 

 

Et tu tapes, tapes, tapes jusqu’au bout de l’ennui…

 

Comme nous vous l’indiquions en introduction, Legend of Mana est un A-RPG. Les ennemis sont présents sur la carte – mais impossibles à esquiver – et les affrontements se font en temps réel. Votre personnage dispose de deux jauges, une pour ses PV et une qui se charge au fur et à mesure de vos attaques et vous permet de lancer une technique spéciale une fois remplie. Vous avez accès à 11 types d’armes différents, chacune vous donnant accès à différentes techniques, plusieurs magies et des compétences spéciales comme une parade, un saut ou un dash. Sur le papier cela semble intéressant mais dans les faits, les combats sont plutôt ennuyeux et sans réel enjeu. Dans la plupart des cas, il suffira de matraquer la touche d’attaque pour enchaîner vos adversaires pour les défaire sans difficulté. Et ne comptez pas sur les boss qui se montrent à peine plus résistants. À vrai dire le seul danger viendra de la hitbox de votre personnage qui ratera ses assauts si vous n’êtes pas alignés au pixel près sur votre adversaire. Cela crée même certaines situations frustrantes comme lorsque votre avatar rate son attaque spéciale face un boss prenant la moitié de l’écran parce que vous étiez deux millimètres trop bas… Ajoutez à cela des coéquipiers au comportement erratique – mais contrôlables par un deuxième joueur – et le fait que vaincre un ennemi peut vous rapporter soit de l’XP, soit un butin, soit strictement rien et vous comprendrez pourquoi la possibilité de désactiver les rencontres est présente dans les menus. Menus qui sont d’ailleurs peu ergonomiques et explicites à l’image du reste…

 

Les combats ne sont pas subtils pour un sou
Les combats ne sont pas subtils pour un sou
Les boss offrent un peu plus de challenge
Les boss offrent un peu plus de challenge
Devinette : où est le monstre ?
Devinette : où est le monstre ?

 

Heureusement entre deux affrontements brouillons et une quête consistant à courir après une créature chouineuse pendant 20 minutes, le jeu saura vous divertir (ou pas) avec le mini-jeu Ring Ring Land. Pensé à la base pour la Pocket Station, ce jeu vous permettra d’entraîner vos familiers dans le plus pur style rétro après vous en être occupé dans votre ferme. Sympathique mais dispensable. On préférera la possibilité d’admirer les artworks du jeu ou d’écouter la BO à l’envie via le menu de pause.

 

6/10

Après plus de 20 ans, l'arrivée de Legend of Mana dans une version intégralement traduite en français fera forcément plaisir au fan de la série. Revêtant pour l'occasion ses plus beaux atours, le jeu rate cependant le coche à cause de ses affrontements brouillons et son scénario morcelé sans véritable fil conducteur... À réserver aux fans inconditionnels de la saga qui ne seront pas trop regardants sur l'absence de véritables nouveautés offertes par le remaster.

Dreams

  • Une BO sans fausse note
  • Des décors somptueusement retravaillés...
  • La possibilité de construire son propre monde

Nightmares

  • ... Gâchés par des sprites en 2D mal intégrés
  • Des combats brouillons et ennuyeux
  • Une absence d'enjeu et de scénario