Test : NieR Replicant ver. 1. 22474487139..

Après être passé totalement inaperçu à sa sortie en 2010, NieR a le droit à une deuxième chance – en grande partie grâce au succès inattendu de NieR Automata – avec l’arrivée de NieR Replicant ver. 1 .22474487139.. Derrière ce nom improbable se cache une refonte du premier volet qui apporte son lot de nouveautés. Assez pour (re)plonger dans l’univers très particulier du jeu ? Spoiler : oui !

Frère, père, même combat

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un rapide retour sur les origines du jeu s’impose. Suite à la sortie de Drakengard, Cavia se lance dans la création d’un nouveau jeu avec Yoko Taro à la direction et Saito Yosuke en tant que producteur. Après avoir un temps envisagé de faire un RPG « aussi spectaculaire que Final Fantasy ou Star Ocean », l’équipe décide finalement d’utiliser l’expérience acquise sur les Drakengard et commence à développer un Action-RPG qui s’appellera NieR. Durant le développement deux décisions importantes seront prises. La première est celle de rattacher NieR à Drakengard. Ainsi la fin E de ce dernier ferait le lien avec ce nouveau projet. Cependant cela a été fait de telle sorte qu’un joueur n’ayant pas touché à Drakengard puisse tout de même suivre et apprécier l’aventure. La deuxième décision a été prise lors d’une réunion avec les responsables marketing d’Amérique du Nord et du Royaume-Uni. Ces derniers, ayant été refroidis par les ventes plutôt faibles des Drakengard, trouvent peu crédible le fait que le scénario soit porté par un jeune homme frêle faisant virevolter une énorme épée. Ils veulent un héros mature et réaliste ce qui donnera naissance à celui que les joueurs appelleront « Papa NieR ». Le jeu sortira au Japon sous deux versions : NieR Replicant sur PS3 qui suit les aventures d’un frère voulant sauver sa sœur et NieR Gestalt sur Xbox 360 avec le protagoniste qui est cette fois le père de la fillette. Mis à part ce changement de relation entre le héros et Yonah, les deux jeux sont identiques. Dans le reste du monde, le jeu sortira sous le nom de NIER et sera basé sur la version Gestalt, au grand dam des joueurs français qui faisaient figure d’exception à l’époque en réclamant le frère comme protagoniste.

Au final, le jeu passera totalement inaperçu à cause de graphismes jugés rebutants et d’un scénario beaucoup trop particulier. Si bien qu’une très grande majorité des joueurs n’ont découvert l’existence de cette série qu’avec la sortie de NieR Automata en 2017. Ce dernier remporta un si grand succès que Yoko Taro et ses créations furent remis sur le devant de la scène. C’est ainsi que NIER se voit offrir une deuxième chance aujourd’hui avec NieR Replicant ver. 1. 22474487139..

Prepare to cry

L’aventure de NieR se déroule dans un lointain futur dans lequel la plupart des humains ont succombé à la nécrose runique, une maladie mortelle. Les rares survivants tentent de survivre tant bien que mal dans ce monde dévasté tout en faisant face aux attaques incessantes des Ombres, de terrifiantes créatures n’ayant d’autres but que d’exterminer la race humaine. C’est dans ce contexte que vous prenez le contrôle d’un jeune adolescent qui effectue tout un tas de tâches plus ou moins ingrates pour les habitants de son village en échange d’argent. Sa jeune sœur Yonah étant atteinte de la nécrose runique, il en a besoin pour pouvoir se procurer divers médicaments. Le destin des deux enfants sera bouleversé le jour où le héros fait la rencontre du Grimoire Weiss – magnifiquement doublé par Liam O’Brien en anglais. Weiss, en plus d’être un livre volant et parlant, serait capable d’après la légende de vaincre le Grimoire Noir et le Maître des Ombres, source des créatures et de la maladie rongeant l’humanité. Il s’agira donc de récupérer les Vers scellés – ceux des poésies, pas les bestioles – pour rendre à Weiss toute sa puissance et sauver Yonah.

yonah et son frère dévoué

Kainé a un langage très... fleuri

Sous ses airs de jeux classiques, NieR se démarque par sa palette de personnages tous plus attachants les uns que les autres et les thèmes qu’il aborde avec un ton beaucoup plus mature que les autres jeux du genre, et ce même à notre époque. Ne soyez pas étonnés de lâcher quelques larmes lors de certains passages ou de rire aux éclats face aux interactions entre les héros, notamment les « discussions » entre Weiss et Kainé. Le jeu profite d’une écriture parfaite, ou rien n’est laissé au hasard, et pouvant être interprétée de différentes manières. Cet aspect est d’ailleurs renforcé par la présence de 5 fins différentes qui vous obligeront à revivre certains passages du jeu mais en modifiant certaines scènes ou en rajoutant des dialogues, renforçant ainsi notre compréhension de ce monde tout en nous questionnant au passage sur le nôtre. De la à recommander NieR aux professeurs de philosophie, il n’y a qu’un pas qu’il faudrait peut-être franchir…

Des combats plus grisants que jamais

Vivement critiqué pour sa technique à la ramasse et sa lourdeur, NieR fait ici peau neuve grâce aux développeurs de Toylogic qui ont retravaillé la quasi-totalité du jeu. Le chara-design des personnages a été modifié pour se rapprocher de celui de NieR Automata, renforçant ainsi le lien entre les deux jeux. Les environnements ternes de 2010 font place à des lieux beaucoup plus colorés sans pour autant perdre ce qui les caractérisait. Les plaines entourant le village sont ainsi beaucoup plus verdoyantes et les différentes villes gagnent en charme et en personnalité. Un immense travail a également été fait sur les jeux de lumière ce qui magnifie certains passages comme le Temple oublié ou la ville de Façade qui est probablement l’un des moments les plus marquants du jeu.

Les combats ont aussi bénéficié d’un soin particulier et ont profité du travail effectué sur NieR Automata pour gagner en fluidité et en rapidité. Fini le personnage un peu lourdaud de l’ancienne version, cette fois-ci vous pourrez enchaîner combos, parade et esquive dans un rythme effréné pour ne laisser aucun répit à vos adversaires. À cela s’ajoute la possibilité de faire appel à la magie par l’intermédiaire de Weiss. Mur de protection, pieux sortant du sol ou déchaînement de boules d’énergie, vous aurez le choix pour faire face à des adversaires sans pitié. Certains affrontements – notamment contre les boss totalement épiques – donnent lieu à un véritable déluge d’explosions magiques, ces derniers n’hésitant pas à vous bombarder eux-aussi donnant au jeu des airs de shmup.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul moment ou vous vous retrouverez face à des phases de jeu qui n’ont, à priori, rien à faire là. Plate-forme, survival-horror ou même passage purement textuel en hommage aux livres dont vous êtes le héros, NieR vous surprendra de nombreuses fois et le plus impressionnant c’est que c’est réussi à chaque fois ! Attendez-vous également à tomber sur de très nombreuses références à d’autres licences plus ou moins connues, Yoko Taro ne se refusant rien pour nous (se ?) faire plaisir.

Le jeu jouera avec la caméra tout au long de l'aventure

The Legend of NieR

Les drifts à dos de sangliers sont toujours présents

Il ne manque plus qu'une machine à écrire

Cependant quelques défauts inhérents au jeu original restent présents comme les mini-jeux de pêche ou d’agriculture anecdotiques ou les TRÈS nombreux allers-retours entre les différentes zones qui deviennent vite rébarbatifs, surtout si vous vous consacrez aux quêtes annexes. Ce sentiment sera renforcé par des temps de chargement encore trop présents (du moins sur PS4). Heureusement que les dialogues entre les personnages vous aideront à passer le temps

Le NieRvana auditif

Inutile de le NieR, le jeu n’est pas au niveau techniquement des dernières grosses productions ou de certains remasters récents. Et pourtant NieR est beau. On s’étonne parfois de juste s’arrêter pour contempler un paysage ou observer l’architecture d’un lieu. La direction artistique y est bien sûr pour beaucoup mais ce qui est l’un des plus grand atout du jeu, et contribue grandement à rendre cette aventure si marquante, c’est sa bande-son. Signées Keichi Okabe, les musiques du jeu sont oniriques durant les phases d’exploration et deviennent totalement épiques lors des affrontements. Le musicien utilise beaucoup de chœurs dans ses compositions ce qui leur donne un charme très particulier. Elles vous resteront à coup sûr longtemps en tête même une fois la console éteinte tant elles débordent de sentiments et subliment ce qu’il se passe à l’écran.

Des ajouts à foison

Si nombre d’entre vous n’ont peut-être pas joué à NIER en 2010, certains l’ont fait et peuvent donc se demander si cette refonte est digne d’intérêt. Outre les graphismes améliorés, la bande-son remaniée et le gameplay retravaillé, le jeu propose de nouvelles scènes et dialogues étoffant encore plus les personnages, un nouvel épisode scénaristique se terminant sur l’un des boss les plus impressionnants du jeu – coupé à la base par manque de temps – mais aussi un pack de costumes et d’armes exclusives ou encore la présence du DLC « Les vaisseaux vacants ». Et puis, il y a la nouvelle fin ajoutée qui saura, à l’image des autres, vous bouleverser. Autant de bonnes raisons pour craquer de nouveau et vous laisser happer par cette aventure à nulle autre pareille.