Ça y est. Après 60 heures de jeu, Bravely Default II tire sa révérence sur l’écran. Vous êtes nombreux à avoir décidé de ne pas toucher au jeu à sa sortie. Il est grand temps pour nous de vous dévoiler ce que le jeu à offrir et vous aider dans votre décision d’y jouer ou non.

Un contexte scénaristique déséquilibré

 

Alors que le royaume de Musa était responsable de la protection des cristaux chargés de contenir un certain mal, le lieu fût attaqué par une armée de porteurs d’astérisques. Les cristaux furent volés et disséminés à travers le monde, mettant alors en péril la stabilité de ce dernier. Un beau jour, Seth, marin échoué sur une plage, est sauvé par deux acolytes nommés Adèle et Elvis. C’est alors qu’ils font la connaissance de Gloria, princesse de Musa, en quête des cristaux…

 

Vous l’aurez compris, votre aventure s’articulera autour de la reconquête des cristaux. Dans cette optique, le fond scénaristique du jeu est finement élaboré dans sa première phase, la plupart des antagonistes disposant d’un background suffisamment travaillé pour permettre de mieux comprendre leurs positions dans l’affrontement général (dont les cristaux sont partie intégrante). Paradoxalement, ceux de la deuxième phase de l’histoire manquent de mise en avant et souffrent d’une contextualisation plutôt douteuse. Le rendu est alors un peu bâclé pour la plupart, donnant l’impression d’affronter de simples pantins. On pourra alors remettre en cause l’intérêt scénaristique de cette phase, tant cela n’apporte rien à l’histoire dans son ensemble, et donne plus l’impression d’un effet bourrage. Le jeu dispose toutefois d’une troisième et dernière phase scénaristique finement ficelée, qui pourra en surprendre plus d’un, mais qui est plutôt réussie dans son exécution. Je ne peux malheureusement en dire plus, sous peine de spoilers, mais vous ne devriez pas être déçu.

 

D’un autre côté, nos quatre protagonistes disposent eux d’une qualité d’écriture de très bonne facture de bout en bout. Chacun d’entre eux a son rôle à jouer dans l’histoire et rien n’est laissé au hasard. De plus, chacun dispose d’un doublage de qualité (testé en anglais). Gloria propose par exemple un ton très noble, adapté à sa posture de princesse. Elvis, lui, propose un accent écossais et un ton très décontracté, pour au final donner le personnage haut en couleur qui lui correspond. Cet accent écossais n’est pas unique, puisque vous le retrouverez parmi la plupart des personnages de la patrie d’Elvis. Un détail qui se révèle la bienvenue pour mieux mettre en valeur les populations au sein du jeu.

 

Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur

(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Un joli monde sali par une caméra mal intégrée

 

Le monde de Bravely Default II se révèle être assez simple. Le nombre de villes à visiter n’est pas énorme mais reste tout à fait honorable pour un jeu de sa carrure. Celles-ci sont joliment dépeintes au joueur par leur cachet unique, l’une d’elle rappelant même un certain lieu de Final Fantasy IX. Dans un esprit similaire aux autres opus de la série, vous avancez sur un décor statique, et la caméra s’adapte pour vous proposer différents plans de vue. A ce titre, vous constaterez malheureusement que le jeu ne permet pas d’ajuster la distance de visionnage, et celle par défaut est malheureusement souvent assez lointaine, rendant les personnages assez petits et l’ensemble moins attrayant.

 

Ce constat s’applique également sur la mappemonde du jeu, qui se voit en plus affublé d’un autre mal assez agaçant : malgré un axe de vision ajustable manuellement, la caméra décide souvent de prendre automatiquement de la hauteur dans des endroits imposant certains reliefs et vous gâche tout simplement la vue du terrain durant votre progression. Cela n’empêche pas à la mappemonde de proposer des environnements agréablement bien réalisés selon le lieu où vous vous trouvez (dunes de sable, tempête de neige, brouillard, etc.), et permet à la série de sortir de ce carcan de mappemonde assez plate et peu attractive qui fait défaut aux précédents opus.

 

Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur

(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Un système de combat sans faille

Le jeu reprend le mécanisme Brave / Default déjà exploité dans les précédents opus de la franchise. Pour ceux qui n’ont jamais joué à la série, voici comment le mécanisme s’articule. Vous disposez d’un compteur de Points Brave (PB) durant vos combats qui influe grandement la latitude des actions de vos personnages. En effet, chaque action requiert 1 PB et vous pouvez effectuer entre 1 et 4 actions par tour à l’aide de la commande Brave. Par cette commande, il est tout à fait envisageable de consommer des PB dont vous ne disposez pas initialement. Cependant, votre compteur tombera dans le négatif et c’est là que tout se gâte : votre personnage ne peut tout simplement pas effectuer d’action par la suite tant que le compteur est négatif. Par exemple, si vous disposez de 1 PB et que vous décidez d’effectuer 4 actions ce tour-ci, le compteur de votre personnage tombera alors dans le négatif et il sera alors immobilisé pendant 3 tours, celui-ci regagnant 1 PB par tour. Voyez cela comme une dette à rembourser pour faire simple. A l’inverse, vous pouvez décider de ne pas effectuer d’action durant le tour d’un personnage, à l’aide de la commande Default. Dans ce cas, celui-ci adoptera une posture défensive, ne coûtant aucun PB, et votre compteur PB augmentera de 1. Vous pourrez alors déclencher la commande Brave sans risquer d’être immobilisé les tours suivants. Vous avez fait des économies avant d’agir en quelque sorte.

 

Le jeu intègre également un système de classe, à l’instar de ses prédécesseurs. Tank, Healer, Buffer, Debuffer… il y en a pour tous les goûts. Vous commencerez avec des classes simples au début du jeu mais d’autres seront déblocables au fur et à mesure de votre aventure et vous pourrez alors construire des stratégies plus pertinentes pour votre équipe, notamment l’aide des compétences de classe que vous pouvez débloquer et qui restent disponibles même en changeant de classe. En effet, chaque personnage dispose d’une classe primaire, sur laquelle il pourra évoluer et débloquer de nouvelles compétences, mais également d’une classe secondaire, qui, bien que ne proposant pas d’évolution et donc de nouvelles compétences, permet tout de même de disposer durant les combats de celles auparavant débloquées. A vous donc d’effectuer les combinaisons de classes les plus pertinentes et de tout ravager sur votre passage.

 

Le savant mélange du système Brave / Default et du système de classe permet ainsi d’obtenir un système de combat varié et imposant au joueur de l’expérimenter sous toutes ses coutures pour avancer proprement durant l’aventure.

 

Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur

(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Des boss Brave, Brave, BRAVE, BRAAAAAAAVE !!

Le jeu tire ses lettres de noblesse grâce aux boss du jeu qui offrent un magnifique challenge. Vos actions doivent souvent être réfléchies, les boss ne vous laisseront aucun répit et au moindre laxisme, c’est la sentence qui s’abattra purement et simplement. Au delà de leur puissance relativement élevée, les boss disposent de compétences passives qu’il vous faudra sérieusement prendre en compte durant vos combats car elles vont vous compliquer la tâche et vous obliger à revoir certaines de vos stratégies. Par exemple, certains boss répliqueront automatiquement par une attaque physique si vous leur imposez un malus. Ils pourront également s’octroyer des PB automatiquement selon certaines de vos actions. Et tout ceci n’est qu’un léger aperçu de ce qui vous attend héhé…

 

Clairement, les boss de Bravely Default II représentent un point extrêmement fort du jeu. A défaut d’imposer le même gameplay de combat que dans les précédents opus, il fallait bien que le jeu offre du neuf aux amateurs de la série, et c’est haut la main que le jeu y arrive au travers de ces combats haletants pour la plupart, vous forçant à tirer pleinement parti du système Brave / Default et des compétences offertes par chaque classe. Je repense notamment aux boss de fin qui n’hésiteront pas à vous ronger jusqu’à la moelle…

 

Sachez toutefois que si vous trouvez le jeu trop compliqué, il vous est possible d’ajuster la difficulté dans les paramètres. A titre informatif, le jeu a été testé de bout en bout en difficulté normale, et nous vous conseillons de conserver cette difficulté si vous aimez un minimum le challenge sans tomber dans un ensemble indigeste.

 

Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur

(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Des musiques mêlant douceur et exaltation

 

S’il y a bien quelque chose qui reste en tête en arrêtant la console, ce sont les musiques du jeu. Revo reprend son rôle de compositeur après un premier jet exceptionnel sur Bravely Default premier du nom. Si vous êtes amateur de la série, vous reconnaîtrez facilement le style du compositeur. Pour autant, celui-ci ne s’est pas laissé porter par la facilité et a produit un ensemble musical parfaitement adapté au monde, au scénario, aux personnages de ce nouvel opus, tout en gardant son identité de compositeur.

 

Revo a notamment pris la peine de décliner la musique de la mappemonde sous plusieurs coutures, en fonction de la partie du monde dans laquelle vous vous trouvez. Cela permet d’écouter de nouvelles sonorités sur un même fond et d’obtenir un ensemble harmonieux et rafraîchissant tout au long de votre aventure. A cela s’ajoute les musiques des villes qui fusionnent agréablement aux visuels. Halcyonia, ville de départ, offre par exemple un thème doux et apaisant, comme pour vous bercer au début de l’aventure et vous mettre gentiment en condition. De manière générale, les autres villes offrent des sonorités typiques de la nature environnante et de la culture déployée parmi ses habitants, pour au final produire un ensemble naturel et homogène, sans rupture brutale, en phase avec l’intrigue. Enfin, et c’est là que votre frénésie va se dévoiler, le compositeur s’est complètement lâché sur les musiques de combats de boss en proposant des thèmes électrisants, pleins d’adrénaline, permettant d’épouser de manière parfaite le challenge apporté par les boss.

 

Des thèmes d’une belle puissance émotionnelle

 

A travers son histoire, Bravely Default II aborde bon nombre de thèmes différents : avarice, folie, haine d’autrui, le jeu met en avant une spirale de malheur de par les ambitions insensées de certains, les désirs de revanche, ou même les esprits détruits de l’intérieur pour diverses raisons. Au final, il est mis en avant le fait que les actions inconsidérées des uns peuvent facilement mettre en péril le bonheur des autres, en leur imposant parfois des choix difficiles à faire…

 

Le jeu dispose d’une chanson thème, que vous découvrirez en temps voulu. Portée par la voix mélodieuse de Yuuka Ueno, elle est d’une puissance émotionnelle qu’il m’a été rare de ressentir. Elle aborde d’un lyrisme enchanteur les thèmes du bonheur et du malheur, comment les deux sont au final fortement liés, et comment l’atteinte d’un bonheur dénué de malheur peut être achevée… Je ne peux malheureusement vous en dire plus dans ce test, mais elle m’a particulièrement touché et je vous invite vivement à bien l’écouter si vous comptez jouer au jeu.

 

Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur
Test Bravely Default II : Une ode au bonheur

8/10

Bravely Default II est un jeu assez troublant. Il régale nos pupilles au travers un ensemble enchanteur formé par ses lieux et ses personnages. Il donne envie de se surpasser pour vaincre ses ennemis à travers sa difficulté et ses mécanismes de jeu excellents. A contrario, certaines lacunes scénaristiques laissent parfois un petit goût amer durant la progression et l’empêchent d’atteindre la perfection.

Le jeu se permet toutefois de distiller des références implicites au monde dans lequel nous vivons, notamment au travers des thématiques abordées, pour en dresser un portrait peu élogieux. Ultimement, le jeu n'est pas fataliste et ouvre la voie à une hypothèse salvatrice qu'il vous appartiendra d'atteindre durant votre partie.

Dreams

  • Un monde aux visuels et musiques envoûtants
  • Des boss qui subliment un système de combat rôdé
  • Des personnages attachants, portés par un doublage de qualité
  • Des thèmes forts, notamment portés par une chanson sublime…

Nightmares

  • … mais qui peuvent parfois souffrir d’une mise en scène dégradée
  • Un scénario qui mériterait plus de travail sur certains antagonistes
  • Une caméra mal gérée et qui gâche un peu l’expérience visuelle