Nous sommes heureux de reprendre aujourd’hui le fil de la publication de vos critiques autour de Final Fantasy VII Remake. Après des avis très enjoués, You nous propose aujourd’hui une avis beaucoup plus mesuré, et même parfois critique autour de la partie technique du jeu, et des artifices utilisés pour offrir une durée de vie semblable à celle d’un jeu complet. Nous continuerons ces prochains jours à publier vos critiques, bonnes ou moins bonnes, pour rendre compte de votre état d’esprit. 

FINAL FANTASY VII… Son évocation suffit à poser la pression énorme que doit ressentir Square-Enix pour ce Remake. Après une décennie de rumeurs sur ce projet et 5 ans après son officialisation, nous voilà en avril 2020 : embargo terminé, Internet pollué des centaines de tests, avis, reviews autour de ce Remake. J’en ai lu plus d’une dizaine que ce soit de journalistes JV ou autres…. Point commun des tests, tous semblent séduits par ce Final Fantasy VII 2.0 en relevant certains défauts bien évidemment.

Constat global apparent : un Remake réussi, me voilà réconforté et prêt à jouer ! Bien que ce Remake ne représente au final qu’une infime partie de l’épisode original, je vais m’en contenter en me berçant d’un « mieux vaut cela que rien ». Une façon de se rassurer, sans doute. Mais 35 heures de jeu plus tard, qu’en penser au final ?

Une beauté gâchée

Commençons par la partie visible de l’iceberg, la partie graphique du jeu. À première vue, on pourrait croire qu’il est chose aisée de surclasser un jeu datant de l’ère PS1, mais être capable de retranscrire à la perfection les émotions de chacun des protagonistes en se basant uniquement sur l’original a dû être une tâche difficile à réaliser. Exercice brillamment réussi par l’équipe de Tetsuya Nomura, Cloud devient attachant, complètement fermé au début de l’aventure, son visage, ses expressions et ses relations avec les protagonistes vont changer au fil de l’aventure de façon naturelle. On assiste petit à petit à la naissance de l’équipe forte et soudée qui tentera de sauver la planète. La modélisation des personnages principaux est à ce titre une parfaite réussite, mention spéciale à Don Cornéo et ses animations stupéfiantes. De même que les décors extérieurs et intérieurs grouillent de détails, et de panoramas à couper le souffle notamment Midgar vu de la Tour Shinra.

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Les effets visuels lors des combats sont des feux d’artifice parfaitement calibrés qui ne les rendent pas pour autant illisibles. Difficile d’exécuter cette prouesse sans pousser dans les cordes la PS4 qui maintient le frame-rate (30fps) sans sourciller même face à beaucoup d’ennemis et explosions en tout genre. Afin de maintenir cette stabilité, le jeu opte pour une résolution dynamique mais cela reste le plus souvent imperceptible.

Presque absente dans l’opus original, les mises en scène visuelles, audio et graphiques sont sublimées dans ce remake, dès les premiers notes de «Those Chosen by the Planet, et les apparitions de Sephiroth. Frissons garantis ! À noter que la bande-son est toujours efficace et sublimée par les réarrangements de certains thèmes même si, personnellement, je ne suis pas fan des remix dubstep de certains titres mais les goûts et couleurs, ça ne se discute pas me direz-vous. Dommage que nous n’ayons pas une option nous laissant le choix de profiter des musiques originales.

Mais ce travail se voit gâché par une lenteur de chargement des textures, voire dans certains cas l’absence de chargement des textures, à moins que celles-ci ne soient volontairement proposées qu’en basse qualité. Premier exemple parlant, dès notre arrivée au secteur 7, Tifa accompagne Cloud à son hôtel, et nous voilà face à la porte de sa chambre à la modélisation on peut plus douteuse. Ce problème de textures n’est malheureusement pas ponctuel, et durant toute votre aventure certains décors au second plan paraissent complètement ratés. Ratés comme les personnages (très) secondaires.

Le parfait compromis

Le système de combat est un parfait compromis entre temps-réel et pause stratégique avec une élégance et une cadence parfois infernale et intensive voire très intensive. Ce mode de combat en temps réel vous donne aussi facilement accès aux compétences et sorts en ralentissant le temps pour vous laisser réfléchir à votre prochaine action en utilisant des jauges ATB qui se rechargeant progressivement grâce à vos attaques classiques.

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Vos yeux seront très sollicités durant un combat, qu’il s’agisse de l’aspect purement visuel, des animations ou des effets lumineux spectaculaires mais il faudra aussi être attentif, en plus des ennemis, aux jauges ATB de votre personnage et de vos alliés afin d’en profiter. Gare aussi à vos MP qui fondent très vite. Ce Final Fantasy va siphonner vos éthers, vous êtes prévenus ! Il existe aussi un mode classique qui consiste à laisser le jeu gérer en autonomie les déplacements et esquives, seule l’activation des compétences vous sera demandée.

Chaque combat de boss devient alors un affrontement intense, endurant, éprouvant, peut-être aussi très énervant et frustrant, mais récompensé par un soupir de soulagement, et avouons-le, une certaine fierté. Mais ne vous réjouissez pas trop vite car d’autres boss vous attendent plus loin avec à chaque fois une nouvelle philosophie de combat et c’est à chaque fois au joueur de s’adapter ! Car oui, les boss ne vont pas vous faciliter la tâche et débarquent presque tous avec un arsenal offensif et défensif pour vous vaincre : sacs à PV, dégâts réduits, immunité, barrière, attaque (vraiment) dévastatrice.

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Ne pensez pas qu’il vous suffira de smasher des coups d’épée non-stop pour vaincre un boss, il vous faudra obligatoirement penser une stratégie au préalable et le jeu ne vous aidera pas. À vous d’analyser l’ennemi, comprendre ses attaques et faiblesses. Une fois votre stratégie établie, il est temps de passer à l’action en montant la jauge Choc de l’ennemi, héritage de Final Fantasy XIII, afin de maximiser vos dégâts mais cela vous permettra aussi d’interrompre les attaques dévastatrices du boss. Un faux pas, une fausse note dans votre partition et irrémédiablement une punition vous sanctionnera avec des coéquipiers KO vous laissant seul et démuni face à l’ennemi. Et c’est à ce moment précis qu’on éprouve les limites du système, en commençant par l’IA des alliés.

Ne les considérez pas comme de simples bonus, vous ne sortirez pas vainqueur des combats sans eux sauf que l’IA est en roue libre vous forçant à les contrôler pour choisir les meilleures actions. Vos personnages non contrôlés ne gèrent pas en autonomie vos jauges ATB (sauf avec le cas de la Matéria Auto-Soin), et c’est à vous de décider pour chacun des personnages les actions à mener. Le combat sera en conséquence toujours haché par des super-ralentis élégants, certes, mais avec une caméra qui vrillera de personnage en personnage. Une option disponible dans les réglages permet heureusement de désactiver le mouvement incessant de la caméra. Dommage également qu’on ne puisse pas programmer certaines commandes comme ce fut le cas sur Final Fantasy XII et son système de Gambits.

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Une fois vos alliés KO, et sans jauge ATB pour les ramener au combat et les soigner, vous serez contraint de vous exposer afin de recharger votre jauge ou sinon tourner en rond dans l’arène de combat en attendant son rechargement, ce qui nuit un peu plus au rythme des joutes. Car la défense n’est véritablement pas récompensée, la parade est un peu aléatoire car certaines attaques ne peuvent être parées et aucun indicateur ne vous permet de le savoir. Les esquives, même réalisées à la perfection, ne vous protégeront pas totalement et vous prendrez forcément des dégâts.

Autre point gênant, l’ennemi se focalisera TOUJOURS sur l’allié contrôlé et si vous changez de personnages en cours de combat, l’ennemi en fera de même. Vous serez contraint parfois de jongler non-stop entre les personnages et le saut de caméra qui accompagne ce changement peut vous donner le tournis Un petit mot enfin sur les combats aériens… Abrégeons, c’est un raté total, heureusement ceux-ci sont finalement peu nombreux.

Des artifices ludiques discutables au service de la durée de vie

Lorsque Kitase annonça le caractère épisodique de ce remake, ce fut pour beaucoup la douche froide. Cette première partie se consacre uniquement sur l’arc Midgar, une infime partie du jeu original, c’est à dire environ 6 heures de jeu. Comment faire alors de cette introduction un jeu complet ? Développer en profondeur l’histoire et les personnages ? Proposer de visiter Midgar presque intégralement ? Faire le lien avec les différents spin-off de Final Fantasy VII  Rallonger artificiellement la durée de vie avec quelques artifices ? Proposer pléthore de quêtes secondaires ?

Vous l’aurez compris, de nombreuses interrogations, et malheureusement une déception au final. Midgar n’est pas entièrement disponible, seuls les secteurs de l’épisode original sont à votre disposition avec en prime de longs couloirs vides, une astuce utilisée par les développeurs afin de charger les données sans vous affubler d’écrans de chargement. Les développeurs utilisent d’ailleurs toutes sortes d’astuces pour rallonger artificiellement cette durée de vie sans que le joueur ne s’en aperçoivent. En commençant par les animations si leennnntes d’un Cloud s’asseyant sur un banc, Cloud se faufilant dans des chemins étroits, Cloud activant un mécanisme, Cloud utilisant Soin hors combat…

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Ces animations ne durent certes que quelques instants mais leur répétition représente une partie non négligeable de votre temps de jeu. Le jeu, très linéaire, décide à votre place de vos déplacements et même du rythme de vos déplacement. Très souvent et sans réelle justification, vous serez contraint à une marche lente et c’est insupportable. On a cette impression que tout est fait pour vous ralentir délibérément pour atteindre ces 30 heures de jeu.

Une autre manière de rallonger la durée de vie est d’ajouter toutes sortes de boss, de missions VR ou bien des séquences inutiles comme la traversée du secteur avec Aerith. Voilà que le tunnel se transforme en donjon avec des énormes bras mécaniques à manipuler afin de transporter Aerith pour qu’elle débloque une échelle que Cloud pourra ensuite emprunter. Et bien sûr, il faudra réitérer ces manipulations à plusieurs endroits avec en prime des animations lentes, un excellent moyen de casser le rythme. D’autres arcs narratifs renforcent ce sentiment. 

Les quêtes secondaires sont par ailleurs inacceptables et ne sont qu’un prétexte pour vous amener au combat et n’apporteront rien au niveau de l’histoire. On ne peut plus, en 2020 et surtout après The Witcher 3, proposer aux joueurs des quêtes secondaires qui consistent à chercher des chats, des chocobos ou encore des enfants perdus. Autant vous le dire, aucune quête secondaire n’est mémorable.

Final Fantasy VII Remake : Entre ravissement artistique et artifices ludiques pénibles

Il est vrai que certains personnages vont profiter véritablement de cette durée de vie allongée, comme les membres d’AVALANCHE dont Jessie qui voit son histoire personnelle développée en nous expliquant les raisons de son aversion envers la Shinra. On apprendra aussi qu’AVALANCHE n’est pas uniquement un groupe « éco-terroriste » de 5 personnes mais bien une entité à part entière avec plusieurs factions. Un bon moyen de supprimer cette « incohérence » mais aussi de faire le lien avec  Before Crisis-Final Fantasy VII , un épisode présentant d’autres membres de l’organisation et se déroulant avant les événements de Final Fantasy VII.

Autre point à souligner, un nouveau personnage apparaît et il s’agit d’un SOLDAT, idée intéressante car les SOLDATs sont souvent cités dans Final Fantasy VII original mais ne se résument principalement qu’à Sephiroth et Cloud. Dommage au final que ce nouveau personnage ne soit qu’anecdotique dans ce Remake. Peut-être en apprendra t-on davantage à son sujet et les SOLDATs dans le prochain épisode ?

You