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Nobuo Uematsu, un compositeur de génie

Nobuo Uematsu pourrait être qualifié par certains de Génie né, par d’autres d’enchanteur…
Tant de qualificatifs qui à eux seuls ne sont pas assez forts pour décrire ce monsieur.
Écoutées par hasard ou rencontrées lors d’une simple partie, chacun d’entre nous à au moins une fois effleuré l’une des douces notes du compositeur, s’en relevant bouleversé ou stupéfait tant la mélodie fut alors touchante en tout point.
Cet artiste, qui se montre au jour le jour dans son plus simple appareil, a bouleversé chacun de nos esprits, et pire encore, a donné un charme indéniable à l’une des sagas les plus mémorables de l’histoire du RPG Japonais: Final Fantasy
Un homme simple au premier abord, mais doté d’un talent hors du commun…


Un destin inattendu

Né le 21 Mars 1959 dans la ville de Kouchi, au Japon, Nobuo Uematsu s’intéresse dès l’age de 12 ans à la musique.
Fan incontesté du grand Elton John, il commencera très vite à prendre des cours de piano dans le but de suivre les traces de son idole.
Cependant, durant sa jeunesse, il ne prévoit pas d’avenir professionnel dans le milieu musical et artistique.
S’intéressant plus au domaine sportif, il projette étonnamment de devenir Lutteur professionnel ou Athlète Olympique.
A terme, poussé par son père à devenir Avocat ou Médecin, Nobuo Uematsu décroche finalement un diplôme à l’université de Kanagawa.
Son avenir semblait alors tracé, mais le jeune homme n’en a pas pour autant oublié sa passion, qui depuis des années le dévore. Ainsi, du haut de ses 22 ans, il forme son premier groupe musical, avec quelques de ses amis tout aussi passionnés. C’est d’ailleurs sans surprises que Nobuo Uematsu se retrouve à la place du Synthétiseur (instrument très en vogue à l’époque, puis-qu’étant capable de reproduire une multitude de sons), un rôle qui le met alors clairement en valeur de part sa longue expérience du piano.
Mais progressivement, l’artiste réalise que sa place n’est pas là-bas, préférant composer des mélodies plutôt que jouer d’un instrument en communauté.
Par conséquent, il quitte alors le groupe pour pouvoir davantage se pencher sur la création et la composition individuelle de musiques.
Poussé désormais par un véritable amour pour la création sonore, Nobuo Uematsu enverra alors quelques maquettes de ces différentes créations musicales à de nombreuses agences publicitaires. C’est ainsi qu’il fut embauché par la Radio Commerciale Japonaise, afin de composer diverses mélodies ayant pour buts d’accompagner musicalement quelques spots publicitaires.

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On est alors encore assez loin de l’avenir qui l’a rendu si célèbre aujourd’hui, mais les événements vont s’accélérer et proliférer, lui dévoilant ainsi le passage vers sa vraie voie, compositeur de musiques de jeux vidéos…

Ses premiers pas
Et c’est alors qu’en 1985 que Nobuo Uematsu se fait subitement contacter par un de ses amis travaillant dans le milieu du jeu vidéo. A la clé: Une proposition pour le moins alléchante, celle qui va changer sa vie.
En effet, le chef d’une petite boite de développement alors peu connue dénommée Square, recherche un compositeur ayant un certain talent pour crée la musique de ses jeux.
Le chef de cette boite n’est nul autre que Hironobu Sakaguchi, le futur Père de la série Mythique Final Fantasy.
Sans l’ombre d’un doute, Nobuo Uematsu accepte avec plaisir la proposition de son ami et se rend au plus vite à l’entretien d’embauche.
Hironobu sakaguchi est alors instantanément convaincu du potentiel du bonhomme, l’artiste passe par conséquent l’entretien avec brio.
Extrêmement enthousiasmé par son nouveau travail, il composera en 1986 ses premières créations sur un jeu vidéo, le soft concerné étant alors Cruise Chaser Blassty, un jeu de rôle mettant en scène des mechas, paru sur NEC PC-8801, NEC PC-9801 et Sharp X1.
Malheureusement, il aura à peine le temps de terminer ses compositions sur d’autres jeux NES avant que la terrible nouvelle ne tombe: L’entreprise est alors atteinte de terribles problèmes financiers, remettant par conséquent totalement en cause l’avenir du studio ainsi que l’avenir de l’artiste.
Hironobu Sakaguchi tente alors le tout pour le tout, et ce avant qu’il ne soit livré aux épées de Damocles airant sur sa tête.
Un ultime projet, Un Ultime Jeu, une Ultime Chance: Final Fantasy.

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La création qui sauvera la firme…mais aussi l’artiste

Si l’entreprise est au plus mal, l’ultime décision d’Hironobu Sakaguchi ne restera pas vaine, elle va au contraire pousser Nobuo Uematsu ainsi que toute l’équipe de Square à une renommée mondiale, aussi incroyable cela soit-il…

L’Ultime Chance
La firme est alors au bord de la faillite, et c’est dans un ultime souffle d’espoir qu’est lancé le développement de Final Fantasy, un jeu de rôle destiné à la NES (Nintendo Entertainment System), première console de salon 8 Bits de Nintendo.
Nobuo Uematsu va par conséquent tout naturellement s’occuper des musiques du jeu, bien loin de s’attendre à l’effet que va procurer le jeu lors de son apparition. Il effectuera des compositions épiques à l’image de la future création du studio, bien que la puce sonore de la NES ne permette pas un résultat satisfaisant et ne transmette pas la réelle émotion que le compositeur voulait partager.
Finalement, le verdict tombe… Alors que tous les développeurs considéraient ce jeu comme un vulgaire adieu, Final Fantasy se vend à plus de 1 200 000 exemplaires au Japon, et pas moins de 2 000 000 d’exemplaires dans le monde.
Un succès inespéré et qui arrive à point nommé, permettant alors à la firme de renaitre de ses cendres.
C’est ainsi que Nobuo Uematsu, mais également Hironobu Sakaguchi et Yoshitaka Amano se verront attribués une renommée mondiale et méritée.

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La Firme renait de ses cendres, poussant au passage Nobuo Uematsu et ses compères au rang de concepteurs de renom

Square retrouve alors une position confortable, permettant par conséquent au compositeur d’effectuer des créations à succès.
Des succès qui vont d’ailleurs s’enchainer…

Une position stable et une notoriété bien méritée
Redevable d’un succès qui à pour le moins sauvé sa carrière, Nobuo Uematsu restera de longues années fidèle à Square Soft.
Il composera ainsi l’intégralité des bandes-son des Final Fantasy du premier au neuvième épisode, une bande-son qui diverge selon l’ambiance de chacun des opus, marquant ainsi la capacité de l’artiste à adapter chacune des mélodies à son contexte.
Entre temps, Nobuo Uematsu permettra à la firme de s’accaparer l’une des personnes qui deviendra l’un des plus grands compositeur de Jeu vidéo de tous les temps.
C’est ainsi qu’en 1992, il présente Yasunori Mitsuda à la boite, un très jeune homme à l’apparence lambda mais qui recèle en réalité un potentiel hors du commun. Le succès de ce compositeur prendra réellement forme quelques années plus tard comme par exemple en 1995 avec Chrono Trigger sur Super NES (Nobuo Uematsu composera d’ailleurs quelques thèmes pour ce jeu) ou encore en 1998 avec le culte Xenogears et sa bande-son Mythique sur Playstation.
Fier de sa trouvaille, Nobuo Uematsu prendra plaisir à composer en 1996 la bande-son de Front Mission: Gun Hazard aux cotés de Yasunori Mitsuda, mais aussi de Masashi Hamauzu et Junya Nakano, tous deux des compositeurs fraichement arrivés chez Square Soft.

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Yasunori Mitsuda, un compositeur hors pair, qui doit une fière chandelle à Nobuo Uematsu

Bien que sa situation soit parfaite, Nobuo Uematsu va peu à peu se détacher de Square Soft, pour ainsi fonder sa propre boite de production musicale et s’occuper un peu plus de lui…tout en continuant à participer à certains projets


Nos chemins divergent…ou pas

Progressivement, Nobuo Uematsu va prendre de la distance avec Square Soft et les différents projets de la firme.
Ce changement se fait ressentir pour la première fois en 2001, lors de la composition de la bande-son de Final Fantasy X sur Playstation 2. Depuis le premier opus sur NES, il était le seul et unique compositeur de chacun des épisodes, mais voilà que viennent se rajouter Masashi Hamauzu et Junya Nakano (ayant collaboré avec lui sur Front Mission: Gun Hazard en 1996) à la composition du dixième opus.
Bien que les thèmes du dixième opus soient de loin respectables, les possibilités du compositeur furent réduite par la mise en place de ce trio.
Idem ainsi pour Final Fantasy XI, toutefois le duo accompagnant Nobuo Uematsu se compose ici de Naoshi Mizuta et Kumi Tanioka.
Le creux se fait alors encore plus profond, à l’instar de Final Fantasy X où la composition des thèmes était également répartie entre les compositeurs, Nobuo Uematsu ne composera quant à lui que très peu de thèmes pour ce onzième opus laissant ainsi plus de marge à Naoshi Mizuta et Kumi Tanioka.
En 2004, la décision est prise, Nobuo Uematsu, ainsi que d’autres créateurs originels de la saga Final Fantasy (dont Hironobu Sakaguchi) ,quitte Square Enix (Square Soft étant devenu Square Enix suite à une fusion indispensable pour la survie de la firme avec le concurrent japonais Enix) et crée sa propre société de production musicale: Smile Please, qui lui permet de travailler désormais à son propre compte.
Il rejoindra également en tant que collaborateur, la même année, la nouvelle société de créations de jeux vidéos d’Hironobu Sakaguchi: Mistwalker.
Une société pour laquelle l’artiste composera la totalité des bandes-son de jeux crées, dont les fameux Blue Dragon et Lost Odyssey, parus sur Xbox 360.

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Nobuo Uematsu et Hironobu Sakaguchi, une amitié de longue date…

Cependant, le compositeur désire conserver des relations concrètes avec Square Enix, puisqu’il continue de composer pour la firme.
En effet, il compose d’une part en 2005 la bande-son du film d’animation en images de synthèses Final Fantasy VII: Advent Children, une bande-son qui reflète d’ailleurs complètement le succès commercial du film.
D’autre part, il s’occupera de l’intégralité de la bande son de Final Fantasy XIV Online, sur Playstation 3 et PC.
Mais Nobuo Uematsu n’en oublie pas moins son indépendance, par conséquent, il compose à la surprise générale en 2007 certains thèmes de Super Smash Bros: Brawl sur Nintendo Wii. Cette initiative inattendue dénonce ainsi l’envie de renouveau du compositeur, qui se tourne vers des terres jusqu’alors inexplorées, mais qui réussit tout de même diablement ses créations.

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Smile Please, la société créée par Nobuo Uematsu.

Style et œuvres personnelles
La musique de Nobuo Uematsu se distingue par un son particulier, un son unique que seules ses mains ont la possibilité de créer.
Son style de musique peut être cependant très polyvalent en fonction de l’œuvre qu’il doit illustrer, mais en ce qui concerne la série des Final fantasy, Nobuo Uematsu opte en général pour un style Néo-Classique, qui peut bien entendu s’accompagner de guitares et d’instruments de percussions. Le panel est ainsi très large en fonction du contexte dans lequel doit interagir la musique. Une thème de combat sera plutôt axé Rock progressif tandis qu’une phase triste sera plus en adéquation avec un thème symphonique.
Cependant, Nobuo Uematsu est ouvert à beaucoup d’autres styles qui peuvent aller de la musique Folk joyeuse jusqu’au Metal un peu plus torturé.
Absente chez beaucoup de compositeurs, l’une des principales qualités de Nobuo Uematsu est d’avoir la capacité à composer une mélodie simpliste, mais extrêmement marquante. Un des exemples les plus concrets est le « Prélude » de Final Fantasy.
Une mélodie qui, pour l’anecdote, fut composée en vitesse par Nobuo Uematsu, Hironobu Sakaguchi ayant absolument besoin d’une musique d’intro pour son jeu. il a alors composé la mélodie en quelques minutes, et là voilà désormais culte aujourd’hui.
D’autre part, une des œuvres personnelles les plus marquantes du compositeur réside surement dans la création de son groupe de Metal progressif: The Black Mages. Ce groupe, composé de Nobuo Uematsu, Kenichiro Fukui, Tsuyoshi Sekito, Keiji Kawamori, Arata Hanyuda et Michio Okamiya effectue principalement des réarrangements des différents thèmes de la série des Final Fantasy, bien que de nombreuses créations personnelles soient tout de même présentes. L’occasion de découvrir les thèmes marquants de la saga sous une mouture beaucoup plus agressive et dynamique.
Entre autres, Nobuo Uematsu effectuera également une grande quantité de tournées de concerts, bien que la plupart ne dépassèrent pas les frontières du Japon. Les créations du compositeur sont alors jouées en Live par un orchestre symphonique, une nouvelle approche à vivre intensément si l’occasion se présente encore une fois.

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Le groupe « The Black Mages » au grand complet

En conclusion, Nobuo Uematsu est finalement une personne lambda, qui vit des hauts et des bas et qui se débat pour pouvoir apercevoir la lumière…
Cependant, sa capacité à créer de telles œuvres et à communiquer de telles émotions simplement par la diffusion d’un son fait de lui quelqu’un d’extraordinaire et d’extrêmement respectable.
Véritable pilier de la Saga Final Fantasy, il a su donner à la série une ambiance qui lui est propre, une ambiance intraduisible dans un autre contexte, en trois mots: Une Ambiance Unique.
Profitez donc et savourez chacune des notes créées par ses mains de maitre, ses mélodies resteront à jamais gravées dans nos mémoires…